À l’approche d’un déconfinement partiel le 11 mai prochain, les commandes et les tutos de masques de protection explosent. Si leur efficacité reste encore floue, certains gestes d’hygiène doivent être bien respectés lors de son contact pour limiter les dégâts.

Le bal masqué c’est pour bientôt. Comme l’a confirmé le Premier ministre Édouard Philippe le 29 avril, lors de la présentation du plan de déconfinement progressif, dès le 11 mai le port du masque sera obligatoire pour les usagers des transports en commun, les enseignants et les professionnels de la petite enfance, ainsi que les élèves à partir du collège. Les entreprises pourront l’imposer à leurs employés. Et plusieurs maires recommandent vivement de le porter dès à présent dans la rue lors de toute sortie.

Deux types de masques alternatifs en tissu, testés en laboratoire et respectant les normes de l ’Association française de normalisation (Afnor), seront distribués par l’État à partir du 4 mai. L’un filtrant 90 % des particules de 3 micromètres pour les professionnels en contact avec le public et l’autre destiné au grand public, pour faire barrage à 70 % de ces mêmes particules. Les pharmacies et les bureaux de tabac pourront vendre également ces modèles certifiés. Tout comme les grandes surfaces, qui s’approvisionnent aussi en masques à usage unique, jusqu’à alors réservés aux soignants et malades. En attendant, certains se contentent de modèles en tissu faits-maison, dont l’efficacité fait débat dans la communauté scientifique.

Pour autant, tous participent, chacun à leur manière, en parallèle des gestes barrières, «à limiter la diffusion dans l’environnement des particules respiratoires et gouttelettes de salive potentiellement contaminées par du virus SARS-CoV-2, responsable de l’épidémie COVID-19», rappelle Pierre Parneix, médecin hygiéniste au CHU de Bordeaux. Mais en pratique, lorsqu’on le porte, comment fait-on si a envie de se gratter le nez, de boire ou de le retirer ? Le professionnel nous indique le guide de bon usage.

En vidéo, Dr Mascret répond : que valent les masques faits maison?

Se laver les mains avant manipulation

Le lavage des mains, plusieurs fois par jour et pendant au moins vingt secondes, est un des principaux gestes barrières pour éviter toute transmission du virus. Cette règle s’applique également lors de la manipulation du masque. «Afin de diminuer le risque de contamination, on se nettoie les mains avant de le positionner, avant de le retirer et ensuite une fois enlevé», recommande Pierre Parneix.

Saisir son masque par les attaches

Même si les mains sont lavées, le masque doit être pris avec des pincettes. Attention à bien identifier au préalable la face interne et externe, parfois difficiles à reconnaître sur un masque en tissu. Ensuite, on le saisit par les attaches ou les élastiques puis on le place au-dessus du nez en couvrant bien la bouche et en l’étirant bien sous le menton. «De cette manière, il va mieux adhérer à la forme du visage et ainsi éviter les fuites de particules», souligne le médecin hygiéniste. Ajustez-le correctement au visage, derrière la tête ou les oreilles et… n’y touchez plus. Pour le retirer définitivement, on saisit à nouveau les attaches, en évitant surtout de toucher la face externe du masque.

Oublier les gants

Après le masque, les gants complètent l’attirail de votre tenue de sortie pour faire les courses. Mais sont-ils vraiment nécessaires ? Non, tranche Pierre Parneix. «Ils accumulent tous les micro-organismes externes et accentuent le risque de transmission si vous vous touchez le visage ou effleurez d’autres surfaces avec», assure le médecin hygiéniste. «Les gants donnent un faux sentiment de sécurité, peut-on lire sur le site du ministère des Solidarités et de la Santé. Les études montrent que les porteurs de gants se touchent bien plus souvent le visage, et risquent de plus se contaminer.»

Éviter de le retirer partiellement

Si vous avez une sensation d’inconfort avec le masque, il est possible que vous ayez envie de le descendre un bref instant, sous le nez ou au niveau du cou, avant de le remettre à nouveau. Mauvaise idée selon le médecin hygiéniste Pierre Parneix. «Les muqueuses nasales et buccales sont des vecteurs de transmission du virus et donc ne doivent pas être exposées, même si ce geste ne dure qu’un court instant, explique le professionnel de santé. De plus, si nous avons touché entre-temps des surfaces, nos mains peuvent être contaminées et ainsi transmettre le virus au moment où l’on va repositionner le masque.»

Respirer doucement si on porte des lunettes

Le masque peut dans certains cas déranger les porteurs de lunettes de vue et faire apparaître de la buée sur ces dernières. Un phénomène qui s’explique selon Pierre Parneix «par une expiration trop forte du nez». «Le masque va tenter de bloquer cet air et cela va s’évacuer sur les lunettes, observe le professionnel de santé. C’est la preuve que la protection est efficace.» Pour remédier à ce désagrément, le médecin hygiéniste conseille de respirer doucement. Sans oublier au préalable «de bien aplatir la barrette rigide du masque pour qu’elle épouse bien le nez et se glisse sous le bas des lunettes», ajoute le médecin et journaliste Damien Mascret dans une vidéo live publiée sur le Figaro.

Comment utiliser un masque de protection ? Réponse dans cette vidéo réalisée par le CHU de Nantes

Changer de masque plusieurs fois par jour

Selon les recommandations de l’Afnor, un masque en tissu doit être changé au minimum toutes les quatre heures et dès qu’il devient humide. Tout comme le masque chirurgical en papier qui reste à usage unique. Si la personne travaille hors du domicile, l’organisme préconise d’en prévoir trois par jour, soit un pour le matin, un pour l’après-midi et un dernier de secours. Mais comment faire si on ne peut pas attendre la pause-déjeuner pour manger un morceau, fumer une cigarette ou boire un verre d’eau ? Dans un vidéo pédagogique, publiée le 17 avril, des soignants du Centre hospitalier universitaire de Nantes expliquent comment retirer temporairement son masque en veillant à ne toucher qu’un seul élastique et à laisser pendre délicatement le masque sur le côté. «Si on respecte les précautions de manipulation, il n’est pas dérangeant de le remettre plusieurs fois par jour si on ne l’utilise pas toute la journée», complète le médecin hygiéniste Pierre Parneix.

Dans le cas où vous devez passer un coup de fil, nul besoin de retirer votre masque. «Même si ce dernier touche le téléphone, du moment que vous ne retirez pas le masque et que vous prenez des précautions pour désinfecter l’appareil ensuite en rentrant chez vous, je ne vois pas d’inconvénient à cet usage», admet Pierre Parneix.

S’abstenir de l’échanger avec un proche

Si vous n’avez pas encore pu vous procurer un masque, il peut être tentant d’emprunter celui de votre partenaire ou votre colocataire. Après tout, vous partagez déjà vos microbes. Justement, «vous lui empruntez d’autant plus les bactéries provenant de sa bouche et de cette façon, vous vous exposez davantage à un risque de contamination», nuance Pierre Parneix. Pour rappel, un masque doit être exclusivement à usage individuel.

Un lavage après chaque utilisation

Si le masque chirurgical en papier doit être jeté à la poubelle après chaque utilisation, la version en tissu doit être passée à la machine à laver après chaque utilisation. D’après les règles édictées de l’Afnor, cette dernière doit être nettoyée à 60 degrés avec une lessive classique pendant au moins 30 minutes. Bannissez les produits chimiques pour le désinfecter. «Ils altèrent l’efficacité du masque et représente un risque de provoquer des émanations toxiques», rapporte Pierre Parneix. Il est possible de le mélanger avec le reste du panier à linge mais certains vêtements comme ceux avec des boutons risquent d’endommager le masque, avertit le médecin hygiéniste. Pour le sécher, on peut recourir au sèche-linge ou le laisser à l’air libre, pendant deux heures maximum selon l’Afnor, avant de le repasser à la vapeur à faible température pour ne pas abîmer le tissu. «Il faut procéder au séchage dans les deux heures qui suivent le lavage, au risque sinon de favoriser la survie du virus», précise le médecin hygiéniste. Une fois propre, le professionnel de santé conseille de le conserver dans un contenant fermé, type boîte en plastique ou sac de congélation.

En vidéo, les conseils du Dr Mascret pour bien nettoyer son masque de protection

S’il est bien conçu et utilisé, le masque est censé résister au minimum à cinq lavages et séchages. Et si vous n’arrivez plus à respirer correctement dans ce dernier, c’est qu’il est temps de le jeter. En parallèle de ce nettoyage, Pierre Parneix préconise «de lancer régulièrement des cycles d’auto-nettoyage à vide de la machine à une température de 90 degrés, avec un peu d’eau de javel.» Le but ? Éliminer les bactéries de la tournée précédente.

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