Ces dernières semaines, plusieurs nouveaux-nés ont été prénommés en référence au coronavirus, qui a déjà provoqué la mort de plus de 200.000 personnes. Un choix singulier qui n’est pas sans conséquences.
Au départ, il y a eu Corona Kumar, puis Covid Marie. C’est certain, le coronavirus laissera des traces. En Asie, au fil des jours, de plus en plus de parents ont donné à leur nouveau-né un prénom en référence au Covid-19, qui a provoqué une crise sanitaire dans le monde entier. Et visiblement, ils n’ont que faire des conséquences à long terme de leur choix.
D’où vient l’appellation «Covid-19» ?
Covid-19 correspond à Coronavirus disease (maladie) 2019, année de son apparition à Wuhan en Chine. Il s’agit de l’appelation choisie par l’Organisation mondiale de la santé. Le nom temporaire était «2019-nCov disease». En revanche, il convient de rappeler qu’il est question du nom de la maladie provoquée par le virus. Ce dernier se nomme le SRAS-CoV-2.
Le 13 avril, Colline Tabesa a notamment donné naissance une petite fille à Bacolod, aux Philippines. En accord avec le père, John Tupas, elle a décidé d’exprimer toute sa gratitude après cet accouchement sans problème. «Ce Covid-19 a causé des souffrances considérables à travers la planète», souligne John Tupas, 23 ans, auprès de l’AFP. En souvenir de cette période inédite, lui et sa compagne ont souhaité que leur fille porte «un prénom qui nous rappelle que le Covid nous a épargnés» : Covid Marie.
Quelques semaines plus tôt, deux mamans du sud-est de l’Inde ont eu la même idée. Elle leur aurait été soufflée par un médecin de l’hôpital où leurs bébés ont vu le jour. L’une s’appelle désormais Corona Kumar et l’autre Corona Kumari. «Je leur ai dit que cela aiderait à sensibiliser (les gens) à la maladie et à faire disparaître les préjugés qui l’entourent», se souvient le médecin. «À ma grande surprise, elles ont accepté», enchaîne-t-il.
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Un choix controversé
Une idée similaire a germé dans la tête d’un couple de travailleurs migrants du nord-est de l’Inde qui s’est retrouvé bloqué à des milliers de kilomètres de leur domicile, dans l’État du Rajasthan. Eux ont choisi de prénommer leur fils «Lockdown», soit «confinement» en anglais. «Nous l’avons appelé « Lockdown » en nous souvenant de tous les problèmes auxquels nous avons fait face durant cette période difficile», a raconté le père de famille à des médias.
Néanmoins, ce choix de prénom singulier n’est pas du goût de tout le monde. John Tupas, papa de Covid Marie, dit avoir fait l’objet de critiques et de railleries sur les réseaux sociaux. «Elle pourrait être victime d’intimidations, mais je vais juste apprendre à ma fille à être une bonne personne», a-t-il assuré.
Le veto de la justice
Plutôt que de se référer au calendrier ou même à leur série préférée, de nombreux parents n’hésitent aujourd’hui pas à inventer celui de leur enfant. Comme le rapporte L’ADN, en France, la proportion de prénoms dits «rares» – ceux donnés six fois ou moins dans l’année – est passée de 2% en 1975 à 10% aujourd’hui. Reste que porter le nom d’un virus qui a fait plus de 200.000 victimes dans le monde ne risque pas d’être facile tous les jours.
En France, il est peu probable de croiser de petites Corona et de petits Covid. En effet, depuis 1993, les Français sont libres de faire enregistrer le prénom qu’ils souhaitent pour leur nouveau-né. Mais les officiers d’état civils peuvent intervenir en saisissant le procureur de la République s’il est de nature à nuire à l’intérêt de l’enfant. La Justice pourrait donc mettre son veto aux prénoms relatifs à la pandémie, comme elle l’a déjà fait pour Jihad, Titeuf ou encore Grizmann Mbappé.
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