Parmi les personnes hospitalisées après avoir contracté le Covid-19, il semblerait que les fumeurs soient peu nombreux. La piste d’un possible rôle protecteur de la cigarette, et plus spécifiquement de la nicotine, est donc étudiée. Mais est-elle réellement sérieuse ?
C’est une supposition qui laisse très perplexe, et pourtant, la question est sérieusement étudiée par plusieurs scientifiques.
Des études publiées en Chine en février dernier dans les revues The New England of Medicine et The Lancet (Respiratory Medicine) démontrent en tout cas que la part de fumeurs parmi les personnes contaminées par le coronavirus est assez faible.
Une étude transversale publiée le 21 avril dernier et menée en France sur près de 500 personnes atteintes du Covid-19 révèle également que 5% des patients étudiés étaient fumeurs alors que le taux de fumeurs quotidiens en France est de 25,4%.
Des chiffres encourageants, certes, mais à considérer avec la plus grande prudence. Pour rappel, le nombre de décès imputables au tabac en France serait de 73 000 par an, selon une récente estimation réalisée par Santé Publique France.
La piste de la nicotine étudiée
Toutefois, nombreux sont les scientifiques à vouloir approfondir leurs recherches autour de ce sujet. Ainsi, des chercheurs du CNRS, de l’Inserm, de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris, de Sorbonne université, du Collège de France et de l’Institut Pasteur explorent actuellement la piste de la nicotine. Selon eux, « le récepteur nicotinique de l’acétylcholine (nAChR) joue un rôle clé dans la physiopathologie de l’infection Covid-19 ». Plus simplement, la nicotine pourrait avoir un effet protecteur en empêchant le virus de se fixer sur ce même fameux récepteur, empêchant ainsi un développement de la maladie et une apparition des symptômes.
Afin de confirmer ou non cette hypothèse, l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière à Paris compte donc tester l’administration de patchs nicotiniques au cours de trois essais cliniques. Ces derniers seront délivrés à titre préventif à des soignants, en thérapeutique à des patients hospitalisés en médecine et à des patients graves placés en réanimation.
La vente des produits de sevrage encadrée
En début de semaine, le ministre la Santé, Olivier Véran, a tout de même tenu à mettre les Français en garde vis-à-vis de ces découvertes, rappelant que « le tabac tue ». Les études sont en cours et pour l’heure, rien ne prouve formellement que la cigarette, ou plus spécifiquement la nicotine, aient un quelconque effet protecteur contre le Covid-19.
Pour ceux qui auraient donc dans l’idée de se procurer des patchs nicotiniques, sachez q’un arrêté publié au Journal Officiel ce vendredi encadre dès aujourd’hui leur commercialisation. Le but étant « d’une part, de prévenir les risques sanitaires liés à une consommation excessive ou un mésusage liés à la médiatisation d’une éventuelle action protectrice de la nicotine contre le covid-19 et, d’autre part, de garantir l’approvisionnement continu et adapté des personnes nécessitant un accompagnement médicamenteux dans le cadre d’un sevrage tabagique, » précise le texte.
Jusqu’au 11 mai, date du déconfinement, la délivrance de spécialités contenant de la nicotine et utilisées dans le traitement de la dépendance tabagique est « limitée au nombre de boîtes nécessaire pour un traitement d’une durée de 1 mois » dans les pharmacies. La vente sur Internet est quant à elle suspendue.
Des mesures nécessaires pour éviter une ruée sur ces produits, notamment de la part de non-fumeurs. « Ceux qui ne fument pas ne doivent absolument pas en utiliser, car il existe beaucoup d’effets secondaires : vomissements, malaises, et addictions », alertait ainsi le Directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, mardi dernier.
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