Lors de sa seconde conférence de presse cet dimanche 19 avril, le Premier ministre Edouard Philippe a énoncé les principes et conditions que le gouvernement juge nécessaire afin de déconfiner le pays dans les meilleurs conditions.

Sa dernière conférence de presse remontait au samedi 28 mars. Ce dimanche 19 avril, le premier Ministre Edouard Philippe s’est à nouveau présenté aux côtés du ministre de la Santé Olivier Véran et du directeur général de la Santé Jérôme Salomon.  La Professeure Florence Ader, infectiologue à l’hôpital de la Croix-Rousse à Lyon et coordinatrice de l’essai Discovery s’était également joint à eux afin de faire un premier bilan de la recherche sur le Covid-19. « J’ai décidé de revenir devant vous aujourd’hui pour poursuivre cet exercice de clarté, de transparence, d’explication, sur ce que nous vivons » entame Edouard Philippe, avant de revenir sur cette « crise sans précédent » qui ébranle le pays : « il faut parfois redire les évidences. Cette crise sanitaire n’est pas terminée. Bien sûr, nous marquons des points contre l’épidémie, bien sûr et heureusement la situation s’améliore progressivement, lentement mais sûrement. Mais nous ne sommes pas sortis de la crise sanitaire»

Mais alors que de nombreuses questions sur les modalités du déconfinement taraudent l’esprit des Français, le Premier ministre a indiqué que toutes les réponses seraient données d’ici une quinzaine de jours. Cette conférence de presse devait avant tout indiquer les principes et conditions retenues pas le gouvernement afin d’envisager un possible plan de déconfinement : « Ce que je veux présenter aujourd’hui, ce sont les principes que nous avons retenus pour élaborer ce plan, les les grandes règles qui vont devoir s’appliquer. En ayant toujours à l’idée, que notre vie à partir du 11 mai ne sera pas exactement la vie d’avant le confinement. Pas tout de suite, et probablement pas avant longtemps. »

Apprendre à vivre avec le virus

Avant toute chose, il précise que « le déconfinement ce n’est pas le retour à une vie totalement normale ». C’est ce qu’il appelle « un mécanisme progressif », orchestré selon deux principes. Le premier principe « est de préserver la santé des français ». Le second principe est « d’assurer la continuité de la vie de la nation », c’est-à-dire « garantir que nous allons pouvoir continuer à produire, pour nous nourrir, avoir accès à l’énergie, nous transporter, que nous allons pouvoir continuer à préparer les générations futures aux responsabilités qui seront les leurs, que nous allons pouvoir faire continuer l’école, la solidarité, l’investissement. Tous ces éléments qui sont constitutifs de la vie de la nation et que nous ne pouvons pas geler indéfiniment, sous peine de voir la nation s’effondrer. » Ces deux principes seront soumis à deux conditions « essentielles » : le rétablissement de la capacité d’accueil des hôpitaux, afin que ceux-ci ne soient pas débordés, ainsi que la maîtrise de la circulation du virus.

Il s’appuie alors sur le concept de « R0 », le taux de reproduction de base d’une maladie permettant de déterminer sa capacité à se propager au sein d’une population, « le nombre de personnes qu’un malade infecte ». Ce taux serait actuellement élevé, autour de 3 ou 4 : « Pour réduire l’épidémie, il faut donc que ce chiffre soit égal à 1 ou inférieur à 1. C’est comme ça que nous sommes capables de réduire la circulation du virus. Grâce au confinement, les épidémiologistes considèrent que nous avons réussi à faire passer le R0 à une valeur de 0,6, ce qui signifie que 10 malades n’infectent que 6 nouvelles personnes. Et c’est évidemment un élément qui nous permet de dire que l’épidémie ralentie (…) Notre objectif est de faire en sorte qu’à partir du 11 mai, le nombre de malades soit limité et que la circulation du virus soit également limitée, que le R0 reste égal ou inférieur à 1. »

Il va donc falloir « apprendre à vivre avec le virus » car la population n’est pas encore immunisée. En l’absence de vaccin avant 2021 et de de traitement efficace ou connu, le premier Ministre mise donc tout sur la prévention. Il développe ainsi trois éléments qui aideront à circonscrire l’épidémie. Le premier d’entre-eux est bien évidemment les gestes barrières. Ainsi, le port du masque sera certainement rendu obligatoire dans les transports en commun et le télétravail sera encouragé à être maintenu dans les entreprises. Ensuite, des tests seront pratiqués massivement afin de dépister « tous ceux qui sont susceptibles de porter le virus, ceux qui présentent des symptômes ou ont été en contacts avérés avec un malade. » Enfin, les porteurs du virus devront être isolés afin d’éviter la formation de nouveaux foyers d’infection. « C’est sur ces trois éléments que nous allons organiser le plan de déconfinement que je présenterai d’ici deux semaines. »

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