Des chercheurs de l’université de Harvard ont réalisé une étude en partant du principe que le Covid-19 serait saisonnier, comme d’autres coronavirus. Pour l’endiguer sans traitement ni vaccin, alterner des périodes de confinement et de retour à la normale serait nécessaire dans les années à venir.
Pour les chercheurs de l’université de Harvard, le combat contre le SARS-CoV-2 ne fait que commencer. Dans une étude publiée dans la revue Science le 14 avril, certains d’entre eux ont modélisé sa possible résurgence dans les années à venir, en partant du principe que ce nouveau coronavirus serait saisonnier, comme d’autres virus de la même famille, tel le rhume.
Basées sur des données sourcées aux États-Unis, leurs projections se limitent aux régions tempérées, qui représentent 60% de la population mondiale.
Sans vaccin, des pandémies saisonnières
Leurs conclusions sont sans appel. S’il s’avérait saisonnier, et en l’absence d’un traitement et d’un vaccin, le SARS-CoV-2 réapparaît « probablement de manière régulière », notamment en hiver. Ces recrudescences pourraient être différentes d’un pays à l’autre en fonction des mesures de confinement, de distanciation sociale, et de la capacité d’accueil de leurs services de réanimation.
Sans traitement ni vaccin, dont le développement peut prendre jusqu’à un an, éviter une seconde vague de SARS-CoV-2 aussi importante que celle que nous connaissons actuellement nécessiterait d’alterner des périodes de distanciation sociale « prolongées ou intermittentes ».
En l’absence de traitements, des périodes intermittentes de distanciation sociale seront sans doute nécessaires.
« Une mesure ponctuelle de distanciation sociale sera probablement insuffisante pour que l’incidence de SARS-CoV-2 reste dans les limites de la capacité des services de réanimation aux États-Unis », a affirmé Stephen Kissler, l’un des auteurs de cette étude, lors d’une conférence de presse téléphonique, notamment citée par LCI. « En l’absence de traitements, des périodes intermittentes de distanciation sociale seront sans doute nécessaires. »
Permettre une plus grande contamination pour atteindre l’immunité collective
Pour autant, ces chercheurs avertissent que trop de confinement serait contre-productif. En effet, ils défendent la mise en place de périodes de confinement moins strictes, afin de permettre une contamination plus élevée, dans le but de parvenir progressivement à l’immunité collective de la population.
L’idée étant que le virus contaminerait alors principalement les populations les moins à risque d’en mourir, après avoir, dans cette première vague, contaminé principalement celles qui étaient à risque.
L’immunité collective désigne le stade où le virus a contaminé suffisamment de personnes pour qu’il cesse de circuler. Mais dans le cadre de ce nouveau coronavirus, il est encore trop tôt pour savoir exactement dans quelle mesure cette immunité collective est possible. Elle est pour l’instant estimée à une contamination à hauteur de 60% de la population, avait expliqué l’infectiologue Anne-Claude Crémieux à Marie Claire.
L’enjeu crucial de l’immunité des personnes guéries
Par ailleurs, on ne sait pas encore dans quelle mesure une personne guérie du nouveau coronavirus peut y être immunisée, ni pour combien de temps. En l’absence d’un vaccin, cette donnée est pourtant cruciale pour anticiper les futurs possibles épisodes de contagion.
« Au total, la fréquence du SARS-CoV-2 jusqu’en 2025 dépendra d’une manière cruciale de la durée de cette immunité, et à moindre degré, du niveau d’immunité collective existant entre le HCoVs OC43/HKU1 [deux autres coronavirus, ndr] et le SARS-CoV-2 », détaille ainsi le rapport, ajoutant que le type de mesures sanitaires prises ont aussi un impact considérable.
Les chercheurs ont donc imaginé plusieurs scénarios. Dans le cadre d’une immunité individuelle permanente, où il serait donc impossible de tomber une seconde fois malade du Covid-19, le SARS-CoV-2 pourrait disparaître pendant cinq ans, voire plus, après « une épidémie majeure ».
À l’inverse, une immunité de courte durée – de quelques semaines à un an – provoquerait des épidémies annuelles de SARS-CoV-2, notamment en périodes hivernales, comme c’est le cas avec d’autres coronavirus. Dans ce cas, « des mesures de distanciation sociale pourraient devoir être étendues », préconise l’étude. A contrario, si les personnes asymptomatiques, majoritaires, se révèlent immunisées, il faudrait moins de distanciation sociale.
Tandis qu’une immunité plus longue – de deux ans – favoriserait des pics de contagion tous les deux ans.
Dans tous les cas, ces chercheurs de l’université de Harvard l’affirment : il est peu probable que l’immunité au SARS-CoV-2, dix fois plus mortel que la grippe H1N1, soit assez forte et durable pour qu’il ne resurgisse pas dans les années à venir, si aucun vaccin n’est trouvé.
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