Il y a eu demande en bonne et due forme, joie, émotion, annonce aux proches, de longs mois de préparation… Et soudain, le coronavirus. L’épidémie est venue rebattre les cartes des mariages printaniers. Témoignages des naufragés des noces entre fatalisme, espoir et inquiétudes.
La fête n’a pas eu lieu. Eléonore, maman de la future mariée, y a pourtant cru jusqu’au bout. Mais le confinement total décrété le lundi 16 mars a eu raison de ses espoirs, amputés à mesure que la date du mariage, fixée au 28 mars, approchait. «Nous avions les tentes, le traiteur, l’église, le fleuriste, les jaquettes. Une semaine avant que le confinement soit déclaré, nous commencions à comprendre que nous serions 100 au lieu des 250 personnes initialement prévues. On a refait la liste, rappelé les prestataires, réorganisé le mariage. Le jour de l’annonce de l’assignation à résidence, on comprend d’abord que ça ne sera plus que 20 personnes, puis 10, puis rien du tout. C’était la déroute, la débâcle, la débandade.» Eléonore, sa fille et son beau-fils ont dû se résoudre à reporter l’événement qui a nécessité plus d’un an de préparation. Un scénario qui touche des milliers de couples à l’heure où la saison des mariages est traditionnellement lancée, et qui les plonge dans l’incertitude.
Pour lutter contre l’épidémie du covid-19, le gouvernement a progressivement interdit les rassemblements – de 1000 personnes, puis de 100 personnes – avant d’opter pour le confinement général. Les déplacements pour «motif familial impérieux» sont tolérés, mais les mariages n’en font pas partie. Les lieux de culte et les mairies ont suspendu toutes les cérémonies prévues jusqu’au 15 avril 2020, à quelques exceptions près (une union «in extremis» a été célébrée à Besançon le 26 mars, le marié est atteint d’une maladie grave). «Si confinement il y a, mariage il n’y a pas», préfère résumer Jennifer Delahaye-Peyre, co-fondatrice de Ma Vie de Bohème. «On a tous été pris de court par cette décision. L’impact est conséquent, on ne sait pas si les rassemblements vont de nouveau être autorisés une fois le confinement levé.» La wedding planneuse mise sur des déclarations gouvernementales plus détaillées durant la première quinzaine d’avril pour être fixée sur le sort des mariages à venir.
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L’optimisme, à toute épreuve
En attendant les mesures formelles, la destinée des futurs mariés se joue au mental. «Nous sommes à cinq mois et demi du mariage, nous n’avons pas d’inquiétude», explique Benoît dont les noces sont prévues le 12 septembre en Normandie. «D’ailleurs, on est en train de faire imprimer les faire-part», explique le trentenaire qui s’est rabattu sur le web pour trouver un imprimeur. Adelise, la trentaine, a vu son mariage civil prévu le 21 mars reporté à la dernière minute. «C’est peut-être un peu naïf, mais j’avais acheté une robe, persuadée que ça allait passer», explique la jeune femme. Elle a encaissé la première annulation et garde espoir pour la cérémonie religieuse prévue le 20 juin, sans trop réfléchir au plan B. «Si je pense au report, ça va me déprimer. Je préfère me dire que c’est encore possible.»
La question financière
Pour d’autres, l’optimisme est plus relatif, notamment chez les couples où la question du report de l’union divise. «Pour le moment, on maintient, mais je pense que ce serait bien de décaler à septembre», explique Kee Yoon dont la cérémonie est prévue le 27 juin à Venise. «Mon fiancé veut carrément déplacer d’un an, il redoute l’effet psychologique sur nos invités. C’est comme si on les conviait faire la fête dans le berceau du virus en Europe… Face à l’ampleur de l’épidémie, le report de mon mariage n’est pas ma préoccupation première, mais je me sens quand même responsable vis-à-vis de mes invités. En octobre, j’avais bien insisté pour que tout le monde prenne son billet d’avion.»
À l’incertitude du maintient des mariages, s’ajoute évidemment la question financière. Car si il y a annulation de fête, il y a sujet du remboursement des arrhes. «On peut perdre de l’argent, tout dépend des termes du contrat et de ce que l’on définit comme cas de force majeur. Mais les prestataires ont tout intérêt à être dans l’empathie, ils sont les premiers impactés par ce chamboulement», explique Jennifer Delahaye-Peyre.
Reporter ou annuler
La solution de repli la plus envisagée est celle du report du mariage. Les professionnels du secteur recommandent d’appeler en premier les lieux de réception pour leur demander leur condition de report et leurs prochaines dates de disponibilité. Reste qu’il faut s’attendre à quelques déceptions. «Généralement, ils n’en ont pas», déplore Jennifer Delahaye-Peyre qui conseille de choisir un jour en semaine ou de reporter son mariage en automne ou en hiver, des saisons plus creuses qui offrent donc plus de disponibilités.
Mais certains n’ont plus la tête à la fête. «J’ai subis une perte de salaire avec le confinement, j’ai préféré annuler», nous confie Vincent, chef sommelier, dont le mariage était prévu le 13 juin. «La reprise va être une période compliquée. Il y aura eu beaucoup de morts, des proches auront été impactés… Après ce que l’on aura vécu, on n’aura pas forcément envie de s’amuser.»
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