• Dans le fauteuil de « TLMVPSP » depuis novembre, Sandrine s’est inclinée lors de sa 143e participation.
  • Elle est désormais la quatrième plus grande championne de l’histoire du jeu.

Elle était confortablement installée dans le fauteuil depuis le 3 novembre dernier et rythmait le déjeuner de nombreux foyers. Sandrine, quatrième plus grande championne de Tout le monde veut prendre sa place sur
France 2, s’est inclinée ce samedi lors de sa 143e participation. C’est un questionnaire sur le ballon rond qui aura eu raison de cette prof de français.

Confinée chez elle comme tous les Français, la candidate a fait le point par téléphone avec 20 Minutes, sur ce parcours exceptionnel traversé par une
grève historique à Noël, et une guerre sanitaire inédite contre le
coronavirus.

Comment allez-vous Sandrine ?

Comme tout le monde, on tourne en rond dans l’appartement, on essaye de garder les enfants dans un état à peu près normal ! (rires) C’est compliqué.

Vous faites l’école pour vos enfants ?

Oui, je suis les instructions qui sont transmises par le maître et la maîtresse.

Vous vous êtes inclinée ce samedi lors de votre 143e participation, on ne vous cache pas notre déception…

Il ne faut pas ! C’est déjà bien ! Et puis il y avait des gens prêts à exploser tellement ils en avaient marre de voir ma tête !

Vraiment ?

Si les réseaux sociaux sont un indicateur, visiblement certains n’en peuvent plus et sont au bout du rouleau ! Je crois que des gens trouvent ça lassant.

Et vous, vous êtes-vous lassée du jeu ?

Je ne sais pas si je me suis lassée, mais c’est vrai que c’est une impression douce-amère. D’un côté il faut encaisser la défaite et ce n’est pas très agréable à digérer. Mais d’un autre côté il y a quand même un relâchement et une pression en moins, par rapport au fait de devoir garder le fauteuil, assumer le rôle de champion et être en représentation… Le fait de ne plus être à cette place, je souffle.

Aviez-vous imaginé arriver à ce stade ?

Tellement pas ! Quand j’ai dépassé les cinquantes émissions, je n’y croyais pas ! Plus ça avance et mieux vaut ne pas trop y réfléchir, car sinon on finit par se mettre la pression soi-même en regardant des statistiques, en comparant avec les précédents champions… Mais c’est aussi beaucoup de chance. Par exemple, cette semaine, lors d’un thème sur le Panama, je n’avais aucune idée de la réponse à la question « dans quel sport le Panaméen Irving Saladino, est-il le seul médaillé olympique de son pays » ? J’ai répondu complètement au pif « le saut en longueur », et c’était ça ! C’est à ce genre de moments qu’on se rend compte le plus de la charge que c’est d’être dans le fauteuil et de faire des matchs tous les jours contre des personnes différentes, sur des thèmes différents…

Parfois on pouvait s’interroger sur vos choix de thèmes un peu risqués…

C’est un choix sur quatre ! Et après, il y a une partie de stratégie du point de vue de types de questions qui tombent sur certains types de questionnaires. J’évitais souvent les questionnaires sur une personne individuelle, un acteur ou un auteur par exemple. Parce que, même si on le connaît bien, il n’y a pas forcément que des questions liées à son œuvre.

Et il y a des thèmes que vous redoutiez plus que d’autres ?

Cette dernière finale a montré à toute la France que je suis nulle en foot ! (rires) Il n’y a rien à faire et c’est une grosse erreur de choix de thème.

Les révisions prenaient beaucoup de votre temps ces derniers mois ?

Oui, à tel point que c’était devenu une blague à la maison, mes enfants n’en pouvaient plus. J’avais trois feuilles de tableur avec des questions, des données, des statistiques… Cinquante onglets Wikipédia ouverts… C’était un job à plein temps !

Mais comment peut-on faire des statistiques sur « TLMVPSP » ?

Il y a quinze ans d’émissions, des archives disponibles… Des fans qui tiennent des comptes d’une précision redoutable sur les moyennes des champions, les probabilités selon la composition de la compète… Il y a des données à exploiter !

Vous étiez-vous tout de même fixé un objectif minimum à atteindre ?

Le cap des cent victoires était important. Un jour en rigolant, j’ai dit à ma plus jeune sœur que si j’arrivais à la centième et que je gagnais la voiture, elle serait pour elle ! Plus ça s’est rapproché, plus je me sentais obligée de gagner cette voiture pour pouvoir lui offrir. Mais sinon au jour le jour, ce sont des plus petits objectifs que l’on se donne, comme arriver à la fin de cette journée de tournage, puis de la semaine… Ou encore atteindre le record de tel ou tel ancien champion… Je suis contente de n’avoir perdu qu’aujourd’hui, parce que jeudi c’était les 90 ans de ma grand-mère, j’ai pu lui faire un petit message dans l’émission, et Nagui lui a souhaitée bon anniversaire.

Comment se sont passés vos derniers jours de tournage, avez-vous dû respecter certaines mesures de précaution avec la montée des craintes envers le coronavirus ?

Mon dernier tournage c’était le 6 mars, le gouvernement commençait à donner des consignes. Mais la production a aussi pris des initiatives de son propre chef. A partir des tournages du 4 mars, on avait les pompiers à la fois au niveau de l’entrée des candidats, du personnel et du public, et ils prenaient la température frontale de tout le monde. Les employés et les intermittents techniciens devaient signer une attestation pour confirmer qu’ils n’avaient pas visité de régions qui étaient des foyers à l’époque, ou côtoyer des personnes venant de ces régions. Et à partir du deuxième ou troisième jour de tournage de cette semaine-là, il y avait du gel hydroalcoolique pour les candidats. La semaine suivante je ne sais pas puisque je n’étais plus là.

Vous êtes championne depuis le 3 novembre dernier, vous avez traversé la grande grève, puis le confinement. Deux périodes où beaucoup de gens sont restés chez eux et ont pu vous regarder quotidiennement. Avez-vous conscience de faire partie du quotidien des Français ?

Il y a toute sorte de réactions, que je ne sais pas si c’est un facteur de durée ou l’effet du confinement, mais quand je sors dans mon quartier pour aller à la pharmacie ou faire des courses de première nécessité, il y a davantage de gens qu’avant qui me reconnaissent. Ceux qui me parlent sont contents de me reconnaître. Il y a un effet de sympathie, d’humanité, qui fait très plaisir à voir.

Vous en parliez précédemment, mais arriviez-vous à faire abstraction des critiques ?

Au début ce qui m’a le plus touché, c’est que les commentaires étaient très misogynes, sur mon apparence physique, mes cheveux, mes vêtements… J’ai contacté très tôt Marie-Christine [la plus grande gagnante de l’émission avec 213 victoires], car je voulais lui parler du fait que je ramais avec les commentaires… C’est la référence en tant que championne mais aussi en tant que femme. A l’époque, elle était la seule à avoir tenu le plus longtemps. Elle a eu l’extrême gentillesse de me conseiller, de me dire que tout le monde était passé par là, que la misogynie était juste un symptôme, que même les champions homme en avaient pris pour leur grade… Tout le monde m’a conseillé de ne pas aller sur les réseaux mais ce n’est pas évident, surtout quand on parle de vous. Je sais que ce n’est pas un reflet réaliste de ce que les gens peuvent penser, c’est surtout un petit groupe des mêmes personnes qui viennent se plaindre chaque jour. En tant qu’enseignante, je ne suis pas du tout étrangère aux critiques, j’ai l’habitude. Les élèves ne m’aiment pas tous, ils ne sont pas tous contents de ce que je fais dans ma classe, de mes méthodes, tout comme certains parents. Mais ce qui était différent dans cette expérience, c’était de ne pas avoir le droit de réponse, de ne pas avoir de canal par lequel communiquer, car répondre sur les réseaux sociaux, c’est peine perdue… Ils sont retranchés dans leurs opinions et on ne leur fera pas changer d’avis. C’est un dialogue de sourds.

Que peut-on vous souhaiter désormais ?

Souhaiter à tout le monde que le confinement soit le plus réussi et le plus rapide possible, pour qu’on puisse tous profiter peut-être pas du printemps, mais ou moins de l’été !

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