Comment envisagent-ils la masculinité ? La virilité a-t-elle un sens pour eux ? Quel regard portent-ils sur « Metoo » ? Entre introspection et remise en question, cinq personnalités s’interrogent sur leur identité en 2020. Troisième de cette série : l’acteur et réalisateur Nicolas Bedos.
Madame Figaro s’est tournée vers les hommes pour interroger leur définition du masculin. Qu’est-ce qu’un homme en 2020 ? Quelle est leur définition de la virilité ? MeToo les a-t-il changé ? Qu’aimeraient-ils transmettre à leurs fils ? Cinq personnalités ont joué le jeu de l’introspection. L’acteur Nicolas Bedos, le réalisateur du film OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire, en salles le 3 février 2021, confie : «Je n’ai jamais ressenti le besoin de nourrir ma virilité». À partir du 23 avril à la Comédie-Française, à Paris, dans Le côté de Guermantes, mis en scène par Christophe Honoré, Laurent Lafitte affirme : «Je ne réféchis jamais en termes d’homme ou de femme». Vincent Lacoste de son côté, à l’affiche du film Mes jours de gloire, d’Antoine de Bary, s’interroge : «Je pense qu’il peut y avoir une nouvelle forme de virilité, plus noble, comme accepter la personne qu’on est sans essayer d’en faire trop». Prochainement dans Lisa Redler, de Nicole Garcia, l’acteur Benoît Magimel explique : «Être un homme c’est avoir un sens moral». Enfin, le chanteur Benjamin Biolay, dont le nouvel album, Grand Prix, sortira le 5 juin, défend l’importance de l’éducation des jeunes générations : «Il faut transmettre ces valeurs fondamentales d’égalité à tous, sinon ça n’a aucun intérêt».
Le coeur des hommes
«Non. Il rappelle à tous que l’homme doit se sentir égal à la femme. Des débats importants comme l’égalité salariale se sont ouverts et cela a dû éduquer des goujats. Pardonnez-moi l’expression, mais je n’ai pas l’impression qu’on m’ait coupé les couilles. Je ne vois pas en quoi on est moins masculin lorsqu’on accepte que les femmes se mobilisent pour être à la place qui leur revient légitimement.»
«Ces notions sont volatiles. Si certains rapprochent la virilité de l’affirmation de soi alors assumer sa féminité est une forme de virilité. Et si l’on associe la virilité à la puissance et à l’autorité, un transsexuel devient terriblement viril parce qu’il faut une force incroyable pour endosser ce parcours-là.»
«Le récit de mes erreurs et de mes faiblesses, de mes doutes, en essayant de le préserver de cette paranoïa ambiante, la question étant de se réformer intimement sans pour autant se pétrifier les uns les autres. Aimons-nous ! Je pense que les hommes et les femmes ne sont fondamentalement pas différents.»
«Le dictionnaire la définit comme « la vigueur de ses attributs », or c’est amusant de voir qu’un mot féminin désigne le masculin. Mais, pour moi, la virilité n’a pas de sens, je ne sais pas ce que ça traduit aujourd’hui. C’est comme dire que ma part de féminité est ma sensibilité. On ne devrait plus faire ces associations-là.»
C’est quoi, un homme, en 2020 ?
«J’ose espérer qu’il continuera à coexister plusieurs types d’hommes dans les années à venir ! Les nécessaires prises de conscience consécutives à la libération de la parole des femmes nous engagent à gommer les comportements oppressifs, sans pour autant donner naissance à une sorte de prototype masculin : on prendrait le risque de franchement s’ennuyer !»
Votre définition de la virilité ?
«Personnellement, je n’ai jamais ressenti le besoin de nourrir ou de revendiquer ma virilité. J’ai été élevé par une mère et des sœurs pour qui les signes extérieurs de virilité étaient loin d’être des atouts de séduction ! Au contraire, nous avons toujours suspecté ces hommes-là d’être en conflit avec leur propre part de féminité.»
#Metoo a-t-il changé l’homme que vous êtes ?
«Mon examen de conscience a démarré quelques années plus tôt, dans mon couple, grâce à des discussions bienveillantes, tendres. Mes tendances à la domination, mes réflexes un peu castrateurs, ne sont absolument pas compatible avec mon goût pour les femmes de caractère, les femmes brillantes.»
Si vous aviez un fils, qu’aimeriez-vous lui transmettre ?
«Le récit de mes erreurs et de mes faiblesses, de mes doutes, en essayant de le préserver de cette paranoïa ambiante, la question étant de se réformer intimement sans pour autant se pétrifier les uns les autres. Aimons-nous ! Je pense que les hommes et les femmes ne sont fondamentalement pas différents.»
Pour retrouver l’épisode précédent » Benjamin Biolay : « Je déplore que « viril » soit un adjectif essentiellement masculin »
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