Une gloire fulgurante. Et puis, la mort, l’oubli, l’abandon. Dans une longue enquête, M, le magazine du Monde revient sur la tragique disparition de la bimbo Lolo Ferrari et son lieu de sépulture qui provoque des silences gênés, à Grasse, dans le sud de la France. Edifiant…

Une légende évanouie, comme un ballon crevé. Il y a 20 ans, Eve Vallois, alias Lolo Ferrari, bimbo au bonnet 130 F, starlette exhibée comme une créature de foire, succombait à une surdose médicamenteuse. Comme Marilyn Monroe, un de ses modèles avec Brigitte Bardot. A cette occasion, le très sérieux M, le magazine du Monde lui consacre un long portrait. Dernier « hommage », alors que cette fille de bonne famille « qui avait tant recherché la célébrité repose, anonyme, au cimetière de Roumiguières », à Grasse.

L’hebdomadaire raconte d’abord sa difficulté à se faire confirmer son inhumation dans la ville, où elle avait échoué avec son mari et « agent artistique », Eric Vigne, 10 ans avant sa mort. Face au journaliste du Monde, le service cimetières de la municipalité évacue : « Excusez-moi, mais Lolo Ferrari, tout le monde s’en fout aujourd’hui, non ? ». Avant de se ressaisir et de préciser : « La volonté de la famille est de ne pas communiquer. » Dernier conseil : « Si vous pouviez éviter d’écrire dans votre article qu’elle est enterrée ici, pour l’image de la ville… ». Dans l’un des neuf cimetières de la commune, un agent n’est pas plus loquace, arguant qu’il vaut mieux éviter « les visites de nécrophiles ou de fétichistes ».

Ni nom ni date sur la dalle de la bimbo, tout juste quelques fleurs artificielles poussiéreuses

Après confirmation que la bimbo défigurée par « une vingtaine d’opérations chirurgicales » a bien été inhumée au cimetière de Roumiguières, ce triste constat : « une case perdue au milieu de dizaines d’enfeus, ces tombeaux hors sol, typiques du sud de la France », « la dalle de Lolo Ferrari ne comporte ni nom ni date », « de fausses orchidées et des roses en plastique ont été posées il y a bien longtemps, à en juger par la poussière qui les recouvre ».

Cet autre détail, qui a son importance : ses « deux implants mammaires de 3 kg chacun (…) ne reposent pas dans son cercueil ». Précision en amenant une autre : Lolo Ferrari n’a pas été incinérée, malgré son souhait. Ou du moins ce qui fut présenté comme une de ses dernières volontés par son mari, rappelle le journaliste du Monde. Après avoir promptement demandé sa crémation au procureur de Grasse, Eric Vigne, pourtant procédurier, n’est plus pressé : « Je vais probablement le faire un jour. Mais ce n’est pas urgent. Maintenant son corps est largement abîmé. Donc ça ne sert pas à grand-chose de le faire. » Il n’en dira pas plus à son interlocuteur, au téléphone : « Vous avez le coronavirus à vous occuper. Alors occupez-vous du corona ! »

Une crémation suspendue par la justice

De fait, « si Lolo Ferrari n’a pas été incinérée, c’est que la justice s’est d’abord longtemps opposée à la crémation de l’ancienne starlette. Sept ans d’investigations pour essayer de comprendre comment elle était morte, en vain », rappelle le supplément du Monde. Suicide, meurtre? Eric Vigne « a longtemps fait figure de principal suspect », mais il a été « blanchi par un non-lieu général, en 2007 », précise l’hebdomadaire.

Ex-chauffeur de taxi, gérant d’hôtel et vendeur de voitures, Eric Vigne eut l’idée de s’improviser manager de Lolo, après leur mariage en 1988 et leur installation à Grasse, dans une villa de « 900 000 francs » payée par les parents d’Eve. Elle devint vite « sa seule source de revenus ». Délires de célébrité, tournées lucratives dans les discothèques et décadence. De cette époque, il ne reste plus rien. Sinon la villa du couple, « maison décrépite aux volets écaillés » à l’intérieur de laquelle règnent « un désordre et une saleté indescriptibles », tandis que dans le jardin, « les mauvaises herbes et le lierre s’attaquent aux grillages ».

Un veuf incarcéré, puis dédommagé, qui réclame le droit à l’oubli

Eric Vigne affirme en être encore le propriétaire. « Je n’ai pas envie de remuer des choses qui me font très mal », dit-il pour justifier qu’il ne s’en soit pas encore débarrassée. De sortie avec « son amant, un policier monégasque », le soir de sa mort, Lolo aurait pourtant respecté ce couvre-feu indiqué sur un post-it : « Si pas rentrée avant 8 heures, divorce. » Eric Vigne a toujours affirmé qu’il lui avait donné ses habituels médicaments – « un mélange d’antidépresseurs, d’antipsychotiques et d’anxiolytiques », précise Le Monde – pour l’aider à dormir.

Yvette Vallois, la mère de Lolo, a témoigné devant la justice : « Lorsque ma fille a épousé Eric Vigne, elle est tombée dans une véritable secte. » Des lettres de détresse corroborent ses dires. A la maison d’arrêt de Grasse, par où l’accusé transitera, un psychologue n’hésitera pas à parler de son discours « inauthentique et contradictoire », de son « manque d’empathie ». Au curieux, le veuf, dédommagé de 30 820 euros – quand il en demandait 230 000 – par la justice, oppose désormais : « Écoutez, allez voir Lolo quand vous serez décédé comme elle. Puis vous irez lui parler, d’accord ? Vous lui demanderez des détails. Et vous verrez que tout ce qui a été dit était faux. » Pour le reste, « on en parle plus. »

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