C’était un peu le running gag de l’E3 2018, avec l’annonce de non pas un, ni deux, mais trois jeux vidéo de samouraï : Sekiro lors de la conférence Xbox, et Ghosts of Tsushima et Nioh 2 lors de celle de Sony. Sorti en 2019, le premier a prouvé que le samouraï était compatible avec l’esprit « Soulsborne », du nom des productions du studio japonais FromSoftware, Dark Souls et Bloodborne, connues pour
leur difficulté élevée au rang d’art. Ghosts of Tsushima est prévu pour juin 2020 et devrait assurer la transition – les premières images sont à couper le souffle – entre les générations de consoles. Quant à Nioh 2, disponible depuis vendredi sur PS4, il s’agit, comme son titre l’indique, d’une suite, car ses créateurs s’y connaissent en la matière, ils s’appellent même la Team Ninja (
Ninja !!).

« Il n’y a plus de samouraïs dans les rues, mais leur esprit est là »

Les Japonais sont derrière la licence Dead Or Alive mais aussi et surtout le reboot de Ninja Gaiden en 2004, qui a popularisé la figure du ninja, aux côtés d’un Shinobi ou d’un Onimusha, avec une dizaine d’itérations, jusqu’à épuisement. « Lorsque nous avons commencé à réfléchir à l’après Ninja Gaiden, raconte Yosuke Hayashi, boss de Team Ninja et producteur de Nioh 2, nous nous sommes dirigés vers ce que nous savons faire de mieux en tant que développeurs japonais : des ninjas, des samouraïs, des combats ! Nous apprenons tours l’Histoire du Japon à l’école, et nous, Japonais, restons fans de cette culture et ce folklore en grandissant. Il n’y a peut-être plus de samouraïs qui se baladent avec des sabres dans les rues, mais nous sentons toujours leur esprit, un esprit que nous avons voulu partager avec le reste du monde. »

Faire mieux que le premier jeu

Il aura tout de même fallu plus de dix ans, un vrai development hell, pour que le premier Nioh voie le jour en 2017, et se découvre alors une concurrence. « Nous avons découvert après coup que d’autres studios bossaient aussi sur des jeux de samouraï, commente Yosuke Hayashi. C’était drôle, inattendu, et si nous avons gardé un oeil sur eux, s’ils nous ont influencés d’une certaine manière, l’idée avec Nioh 2 était de s’en différencier, d’avoir sa propre identité. »

Pourtant, l’une des références revendiquées pour Nioh est nul autre que Dark Souls, des auteurs de Sekiro. « C’est une évidence, et le deuxième ne fait pas exception, confie le patron de Team Ninja. Mais il s’agissait avant tout de corriger nos erreurs, d’écouter les retours des joueurs, et de faire mieux, car le premier jeu aurait pu être meilleur. C’est pourquoi nous avons enchaîné les deux jeux, pour se rapprocher de ce que nous avions vraiment en tête, et de ce que voulaient les gens d’un tel jeu, d’une telle expérience. »

La baston, une affaire très sérieuse

La franchise se débarrasse ainsi du héros du premier Nioh, William Adams considéré comme le premier samouraï occidental, pour offrir au joueur la possibilité de créer et personnaliser son propre personnage et samouraï, à même de parcourir un Japon féodal peuplé de personnages en tous genres et autant de raisons de se battre. Et dans Nioh, la baston est prise très au sérieux, avec des armes, de l’esquive, de l’endurance, de la stratégie, et toujours les trois postures, la marque de fabrique de la franchise.

« Nous avons voulu que les combats soient intenses, que la question de tuer ou être tué tienne en une seconde, une décision, explique Yosuke Hayashi. Il était important pour nous de retranscrire cette réalité, cette tension, du combat de sabres. » A laquelle la Team Ninja a ajouté une nouveauté, les Yokai, ces esprits et démons issus du folklore japonais, qui apportent encore plus de dynamisme et de spectaculaire. Mais il ne faut pas s’y tromper, le maître mot de Nioh 2 reste l’exigence. Mieux avoir du temps pour espérer maîtriser le riche gameplay et finir une aventure de plusieurs dizaines d’heures.
Qui a dit ça tombe bien ?

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