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En mars 2017, quatre lectrices de Femme Actuelle rencontraient, à son QG parisien, Emmanuel Macron. Alors candidat, il leur avait présenté plusieurs mesures qu’il promettait de mettre en œuvre une fois élu. Verdict.
Trois ans après l’élection d’Emmanuel Macron, nous avons voulu savoir si les mesures exposées à nos quatre lectrices* étaient – ou non – devenues réalité. Education, santé, économie, société…, le candidat désormais Président de la république a-t-il tenu ses engagements ? Ce bilan – reprenant textuellement chaqu’une de ses promesses – s’accompagne aussi de celui que dressent nos quatre lectrices sur l’action du chef de l’Etat, à mi-mandat.
(*) Femme Actuelle, n°1696 du 27 mars 2017
PARENTALITÉ
“Je porterai le congé paternité de 11 jours actuellement à 20 jours. Valorisé, il incitera davantage d’hommes à le prendre.”
PAS TENUE. Trois ans plus tard, la mesure est toujours au point mort. Un comble pour le pays qui a créé ce droit dès 2002 – largement repris et surtout rallongé un peu partout en Europe -. En France, seuls 7 pères sur 10 prennent ce congé. Las,105 grandes entreprises françaises ont montré l’exemple en février dernier, s’engageant à rémunérer à 100% un congé d’un mois minimum, pour permettre à leurs salariés de pouponner, seconder leur conjointe… et surtout de contribuer à la réduction des inégalités entre hommes et femmes. Car c’est bien là le sujet. Les divers rapports sur la question sont unanimes : allonger ce congé, c’est répartir les tâches au sein du couple, favoriser l’engagement paternel auprès de l’enfant. 61% des Français réclament son allongement*. Un enjeu de société qui n’est visiblement pas prioritaire au sein de l’exécutif. Trop cher ? En 2018, le coût de l’allongement à quatre semaines** se serait élevé à 594€ millions d’euros…
(*) Sondage Yougov HuffPost, février 2018 ; (**) Rapport de l’Igas, Inspection générale Affaires Sociales, Evaluation du congé de paternité
HANDICAP
“Chaque enfant atteint de handicap sera accompagné à la rentrée 2017. J’en prends l’engagement.”
PAS TENUE. Le compte n’y est pas. La promesse de mettre à disposition de chaque élève en situation de handicap un accompagnant (AESH) n’a été tenue ni en 2017, ni en 2018, ou encore en 2019. Certes, les chiffres diminuent d’une année sur l’autre – 15.000 enfants étaient encore sans solution en 2018 et 8.000 en 2019 -. “Le 8.000 doit passer à zéro” affirmait le chef de l’Etat en février dernier, lors de la conférence nationale sur le handicap. 11.500 embauches supplémentaires d’AESH sont prévues d’ici 2022. Mais qu’en est-il de leur statut, de leur formation ? Qui s’occupe des enfants durant la cantine, les temps de repos, la récréation? Comme le résume notre lectrice Claire, mère de Titouan, qui souffre d’épilepsie et de troubles autistiques, « L’école inclusive n’est qu’une formule, un mot vide de sens. Nos enfants sont en souffrance. Les moyens sont insuffisants et inadaptés. Heureusement que l’on s’entraide entre familles ».
ENSEIGNEMENT
“Je propose que les enseignants en REP+ aient droit à une prime de 3.000 euros nets”.
EN COURS. La mesure qui concerne 41.000 enseignants de quartiers défavorisés et près de 5.000 personnels d’encadrement et administratifs a bien été mise en œuvre, mais de manière “progressive”. En septembre 2018, les fonctionnaires ont perçu 1.000 euros, et autant en 2019. En 2020, la dernière tranche de 1.000 euros sera bien versée, nous a confirmé le ministère de l’Education nationale – sans toutefois indiquer de date – mais « les modalités de versement ne sont encore déterminées à ce stade ». Une réserve qui inquiète les syndicats enseignants. Ils craignent qu’il ne ne soit fonction des évaluations et résultats des équipes (progrès des élèves et accomplissement de projets d’école ou d’établissement).
SECURITÉ
« Je veux déployer une police de sécurité quotidienne aux abords des écoles ».
EN COURS. La police de sécurité du quotidien, ainsi rebaptisée, a été lancée dès le début du mandat. Objectif, renouer le lien avec la population sur tout le territoire, en mettant l’accent sur les zones plus sensibles, « les quartiers de reconquête républicaine » (60 d’ici 2022). Des effectifs supplémentaires y ont été déployés pour lutter contre la délinquance, les violences, les trafics, notamment aux abords des établissements scolaires.
PETITE ENFANCE
“Je veux augmenter le nombre de crèches et de places, en rendant les affectations transparentes. Une plateforme numérique indiquera le nombre de places disponibles”.
EN COURS. A son accession à la présidence en 2017, on comptait 436.000 places en crèche. Sur un total de 2,3 millions d’enfants de moins de 3 ans, seulement 18% d’entre eux étaient donc pris en charge. Pour le Haut Conseil à la Famille, il faudrait créer 230.000 solutions d’accueil collectif et individuel supplémentaires (crèches, emploi à domicile, assistante maternelle…). En septembre 2018, le chef de l’Etat a annoncé la création de 33.000 places en crèche, d’ici la fin de son mandat. Quant au processus d’attribution des places qui dépend des communes, un rapport demandé par le ministère de la Santé et le secrétariat d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes en 2018, a permis de mettre au point un vade-mecum. Ce référentiel, à disposition des municipalités volontaires, a pour objectif de devenir un outil national, utilisé par toutes les communes. Quant à la plateforme, le site d’informations de la CAF mentionne bien, en temps réel, le nombre de places disponibles.
USAGE DE DROGUES
“Je propose d’instaurer des amendes immédiates pour l’usage de stupéfiants”.
EN COURS. Depuis une loi votée fin 2018, l’amende forfaitaire sanctionnant l’usage de stupéfiants s’élève à 200 euros. Mais son application n’est pas encore effective. Une expérimentation devait débuter ce mois-ci, mais elle a été repoussée à juin prochain. Quant à sa généralisation, le ministère de l’Intérieur a précisé qu’elle n’interviendrait pas avant la fin de l’année.
FONCTION PUBLIQUE
“Je vais rétablir un jour de carence dans la fonction publique”.
TENUE. Depuis 2018, cette journée de carence pour arrêt maladie est à nouveau effective afin, comme l’expliquait le chef de l’Etat, de “rétablir l’équité entre le public et le privé”. Depuis le rétablissement du jour de carence, les arrêts maladie de courte durée ont chuté de 19%*. En revanche, le nombre d’arrêts de plus de 15 jours est en hausse de 28%.
(*) Sofaxis, nov. 2019.
SANTE PUBLIQUE
« Nous mettrons en place la vente de médicaments à l’unité »
EN COURS. En moyenne, un Français jette 1,5 kg de médicaments par an*, soit environ un médicament sur deux rangé au fond de l’armoire à pharmacie. La vente à l’unité semble donc la meilleure réponse pour lutter contre le gaspillage. Un argument qui ne convainc pas les industriels et nombre de pharmaciens. Opposés à la mesure, ils dénoncent sa mise en place, jugée complexe (conditionnement, traçabilité, sécurité, observance…) et contraire à la réglementation européenne sur le marquage obligatoire des boîtes. Via un amendement au projet de loi anti-gaspillage, le texte a finalement été adopté le mois dernier, pour une mise en application au plus tard le 1er janvier 2022. Chaque mot y est pesé. Ainsi, la délivrance « peut » se faire à l’unité, et porte sur « certains médicaments, dans un premier temps, limités à quelques antibiotiques ». Quant au pharmacien, « il lui revient de faire le choix du mode de délivrance ». On est bien loin d’une généralisation !
(*) Institut national de recherche anti-contrefaçon de médicaments (IRCAM).
CE QU’ELLES EN PENSENT AUJOURD’HUI
« Je continue à lui faire confiance » : Michèle, retraitée de l’enseignement, 72 ans
Il est jeune, il va de l’avant, sans doute trop vite aussi, d’où les blocages et l’incompréhension. Globalement, je continue à lui faire confiance même si je n’approuve pas toute sa politique. Je suis très partagée sur la réforme du bac notamment. Je tiens à dire également que j’ai été profondément choquée par les violences policières durant les manifestations des Gilets jaunes.
« Je suis plutôt déçue » : Magalita, responsable RH, 44 ans
On n’est plus dans l’opération séduction. Nous avons rencontré une personne pleine d’énergie, allant vers l’autre. Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’il est déconnecté de la réalité, de ce que vivent les gens. Sa réponse « Je traverse la rue et je vous trouve du travail » montre ce décalage complet avec la population, ce qui est étonnant pour une personne jeune. Je suis plutôt déçue.
« Il dispose d’une vraie stature » : Claire, cadre de la fonction publique territoriale, 44 ans
C’est un président différent de ses prédécesseurs dans sa façon d’agir, par l’énergie qu’il dégage, cette volonté affirmée de changements. Mais cette forme de précipitation dans l’action peut être mal perçue. Je pense qu’il n’a pas pris la mesure de la difficulté à faire bouger les choses dans l’opinion. Pour autant, je trouve qu’il dispose d’une vraie stature, surtout à l’étranger, et donne une image dynamique de la France.
« Il faut respecter sa fonction » : Véronique, enseignante, 51 ans
On lui reproche de foncer, mais il a le mérite de faire bouger les choses ou du moins d’essayer. Plusieurs des réformes engagées interpellent les citoyens, inquiets pour leur avenir. Chacun peut s’exprimer et dire qu’il n’est pas d’accord, mais j’estime qu’il faut respecter sa fonction. Toutefois, je trouve qu’il manque de pédagogie, de clarté. Cette forme de distance le dessert.
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