Témoignage : Alessandra et Vittoria di Girolamo, deux sœurs italiennes étudiant, respectivement, à Rome et à Naples, nous racontent leur quotidien de « millennial » et leurs sentiments dans un pays en quarantaine.

Inquiétude, peur, rejet de l’information, nombre de sentiments peuvent traverser les esprits de chacun(e) face au coronavirus, dit le Covid-19. Et ce n’est pas Alessandra et Vittoria, 21 ans et 18 ans, qui diront le contraire. Ces deux sœurs italiennes vivent, depuis le 9 mars dernier, confinées chez elles. Il faut dire que l’Italie est le pays européen le plus touché par le virus. La France, est quant à elle, rentrée en stade 3 de l’épidémie. Un basculement qui nous rapproche de plus en plus de nos voisins latins.

Mais quel est le quotidien de ces italiennes, en pleine force de l’âge, obligées de se barricader dans leurs appartements ?
Réponse.

Au tout début du coronavirus, étiez-vous inquiètes ?

Alessandra : Au début, je ne savais pas à quel point ça allait être sérieux. Je pensais que ça serait résolu en peu de temps et que le virus serait contrôlé et confiné en Chine.

Vittoria : Lors de la propagation du virus en Lombardie, j’étais très occupée avec mes études. Bien sûr, j’en avais entendu parler, surtout avec les réseaux sociaux, mais je ne me suis pas trop inquiétée, jusqu’à ce que cela arrive à Naples.

À quel moment, vous vous êtes dit que c’était grave ?

Alessandra : Quand j’ai vu à la télévision des habitants chinois s’évanouir dans la rue.

Vittoria : J’étudie dans une polyclinique, j’avais donc entendu qu’ils allaient bientôt arrêter les cours pour empêcher les professeurs et les étudiants d’entrer en contact avec les patients qui avaient le virus, même si ce n’était pas encore officiel, j’ai alors compris que la situation était grave.

Quel est votre quotidien en quarantaine ?

Alessandra : Je suis pratiquement en pyjama ou en survêtement toute la journée. Mon quotidien se résume en : je mange, j’étudie grâce aux cours en vidéoconférence avec mon université et je fais des FaceTime avec mes amis et ma famille… En résumé, je passe beaucoup de temps sur mon ordinateur. Ma seule grande inquiétude concerne, bien sûr, les examens, dont on ne sait pas encore comment on va les passer. Je dois obtenir mon diplôme cette année, raison de plus, pour espérer que tout se passera bien le plus vite possible.

Vittoria : Je passe mes journées à étudier, à regarder des films, des séries et à lire, surtout le soir. Ne pouvant plus aller à la gym, je m’efforce de m’entraîner à la maison, quand j’ai le temps. Il n’est plus possible de sortir de la maison.

À ce sujet, pouvez-vous sortir, un peu ?

Alessandra : On peut mais dans quatre cas de figure : exigences professionnelles, situations de besoin, raisons de santé et pour retourner à notre domicile. Si nous sortons, nous devons avoir notre formulaire d’auto-certification. Depuis que le décret a été publié, je ne suis sortie que pour aller au supermarché.

Vittoria : Bien sûr, on peut sortir en cas de besoin, comme aller au supermarché ou à la pharmacie. En outre, il est nécessaire de fournir une déclaration d’auto-certification, si les forces de l’ordre nous contrôlent dans la rue. Les seules fois ou je suis sortie, c’était pour sortir les poubelles.

En Italie, quelle est l’atmosphère ?

Alessandra : L’atmosphère n’est pas la meilleure. Il y a ceux qui restent positifs, qui tentent de s’amuser et de passer les journées aussi normalement que possible. Les rues sont pratiquement vides, presque tout est fermé, les gens ont peur et à juste titre. En ce moment il est important d’avoir un grand sens civique.

Vittoria : La peur est encore grande, mais il y a aussi de l’espoir. L’état de quarantaine est prévu jusqu’en avril, mais il se prolongera s’il y a de nouvelles contaminations. Chez les jeunes, le sentiment de protéger son prochain est plus fort que tout.

Pensez-vous que les mesures prisent par l’Italie sont compréhensibles ?

Alessandra : Absolument. Personnellement j’aurais activé les mesures de confinement plus tôt, mais l’Italie a réagi rapidement, notamment du point de vue sanitaire en isolant très vite les personnes infectées. La situation est évidemment difficile mais le gouvernement prend toutes les mesures nécessaires pour y faire face.

Vittoria : Les mesures misent en place par l’État italien sont adaptées à la situation actuelle. En Chine, la réduction des contacts humains a joué un rôle essentiel dans la baisse des contagions. C’est fondamental pour moi le soutien que l’on doit aux médecins et aux infirmièr(e)s qui courageusement combattent le virus. Ces derniers jours, le travail effectué dans le milieu de la santé a justement été loué. Je suis attentive à suivre tous les conseils et les règles qui ont été dictées par les experts, afin de protéger non seulement moi-même, mais surtout les plus vulnérables.

Que diriez-vous aux Français, qui sont confinés chez eux ?

Alessandra : Je leur dirai de tenir bon, comme nous sommes en train de faire. Restez à la maison autant que possible, trouvez des moyens de tuer le temps, heureusement, nous avons la technologie qui peut nous aider à nous distraire et à passer du temps avec nos proches même s’ils ne sont pas physiquement avec nous. Même si c’est un sacrifice de ne pas pouvoir sortir, pensez que c’est pour le bien de tous. Plus nous nous efforcerons tous de contenir le virus, plus vite nous sortirons de cette horrible situation. En ce moment, tous les pays devraient faire preuve d’une grande humanité et de solidarité : nous sommes tous dans le même bateau, ce n’est pas une course à qui aura le moins de personnes infectées, le moins de morts… C’est une sorte de test de résistance dans lequel nous sommes tous alliés.

Vittoria : Il est essentiel de ne pas paniquer et de ne pas piller les supermarchés ou les pharmacies, sans aucune raison. Il faut acheter seulement ce qui est réellement nécessaire. Ce faisant, nous évitons de mettre en difficulté autrui.

En une phrase, pouvez-vous résumer ce qui se passe dans votre vie.

Alessandra : C’est une situation difficile, mais d’un côté, la vie est difficile, c’est juste une autre épreuve que nous devons surmonter, et, on va la surmonter.

Vittoria : Je suis sûre que si tout le monde fait tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher le Coronavirus de se répandre, alors nous serons en mesure de le vaincre.

Coronavirus : la quarantaine en Italie vue par deux étudiantes

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