Il y a 20 ans, Steffi Graf et Andre Agassi affichaient leur amour au grand jour… Avec Rétro Match, suivez l’actualité à travers les archives de Paris Match.
« Il était marié à Brooke Shields. Elle vivait avec un coureur automobile allemand. Coup de théâtre : depuis son triomphe à Flushing Meadow, il ne la quitte plus. » Septembre 1999. Andre Agassi vient de remporter l’US Open et d’ajouter un cinquième tournoi du Grand Chelem à son palmarès. En prime, le Kid de Vegas s’arroge la tête du classement mondial. Pourtant, son plus grand bonheur n’est peut-être pas là, sur le court, mais dans les tribunes. Dans les yeux amoureux d’une amie de longue date, sa nouvelle compagne, Steffi Graff.
Ces deux-là se croisaient depuis des années, de Wimbledon à Melbourne. En juin, ils ont chacun remporté Roland Garros. Steffi en a profité pour mettre un point final à sa carrière. Place, à présent, au double mixte. Au long d’un automne romantique, le couple va enfin apparaître en public, bras dessus, bras dessous, amoureux. Match écrit alors : « Lui, l’Américain extraverti, elle, l’Allemande réservée offraient trop de différences pour ne pas tomber, un jour, dans les bras l’un de l’autre. »
Steffi Graf et Andre Agassi se sont mariés en 2001. Le couple a eu deux enfants, un garçon en 2001, Jaden Gil, et une fille en 2003, Jaz Elle. La petite famille vit, de nos jours, à Las Vegas.
Voici le récit des débuts de l’idylle entre Steffi Graf et Andre Agassi, publié dans Paris Match en 1999…
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Steffi Graf – Agassi, double mixte amoureux
par Alain Spira
A eux d’eux, ils assureraient la recette de n’importe quel tournoi international. Chaque service, chaque revers, chaque coup droit asséné par leur raquette devient de l’or. Lui, l’Américain extraverti, elle, l’Allemande réservée offraient trop de différences pour ne pas tomber, un jour, dans les bras l’un de l’autre. Ce qui, jusqu’à ces derniers jours, n’était qu’une rumeur alimentée par de furtifs – mais tendres – indices est devenu une certitude. D’ailleurs, pour bien confirmer que leur histoire est sérieuse, ils se montrent désormais en public, l’un contre l’autre. Le tennis, plus la passion amoureuse, Steffi Graf et André Agassi ne pouvaient rêver d’ancrage plus solide. Aucun doute, ces deux-là se comprennent et savent s’encourager. Leurs dernières victoires sont là pour le prouver. Qu’on se le dise : André Agassi et Steffi Graf sont dopés… à l’amour !
Fouettée par un bras déjà vaincu, la balle échoue dans le filet et choit sur le court. Après 8 heures et 23 minutes de jeu, Todd Martin s’incline devant un André Agassi hors d’atteinte. Nous sommes le dimanche 12 septembre 1999, journée historique pour l’Américain qui, en remportant les Internationaux des Etats-Unis à Flushing Meadow, ajoute un cinquième tournoi du Grand Chelem à son palmarès. Dans la foulée, le champion vient de reprendre la tête du classement mondial, rétrogradant Pete Sampras à la troisième place. Et voilà qu’Agassi, que tout le monde croyait sur le déclin, se retrouve au sommet de l’Olympe des tennismen. Comme s’il venait de s’échapper d’un accélérateur de particules, l’as des aces rebondit aux quatre coins du court. Incroyable électron libre, il mitraille la foule d’une rafale de baisers. Les yeux enfiévrés par la victoire, le vainqueur de l’U.s. Open se frappe la poitrine. Dans le ciel new-yorkais, en cette radieuse fin d’après-midi, le soleil lui-même décide de se coucher à ses pieds en un flamboyant bouquet final.
Dans les tribunes, une spectatrice, subjuguée, applaudit de toute son âme. Steffi Graf, l’impératrice, la championne aux 22 titres du Grand Chelem, celle qui, 377 semaines d’affilée, est restée la numéro 1 mondiale, n’a d’yeux que pour ce nouveau dieu du tennis, tout vibrant encore du combat qu’il vient de livrer. L’enthousiasme de la championne allemande dépasse largement celui qu’exprime d’ordinaire une «collègue ». Il semble bien qu’Agassi le tombeur ait frappé au coeur la jolie joueuse, qui n’a pas hésité à lui renvoyer la balle…
Après avoir essuyé tant de revers, il était temps que ces deux-là forment un «double mixte » idéal. André s’est fait sortir du court conjugal par sa femme, Brooke Shields, excédée de sa jalousie «maladive ». Sans s’accorder un tie-break supplémentaire, ils ont divorcé en avril dernier. Quant à Steffi, elle a sorti de sa route sentimentale le pilote automobile Michael Bartels. « Nous avons été amis pendant sept ans, a-t-elle confié à l’hebdomadaire « Die Zeit », et nous avons vécu beaucoup de choses ensemble. Mais maintenant nous nous sommes séparés et chacun va devoir trouver sa propre voie.» Apparemment, la jeune femme n’a pas mis longtemps à trouver la sienne.
A Flushing Meadow, l’idylle avec son alter ego masculin n’était encore qu’une rumeur. Un dîner en tête à tête dans un restaurant de Manhattan et des baisers volés l’ont confirmée. Lassés de se cacher, de lifter leur amour, André et Steffi ont décidé d’officialiser leur liaison. Samedi dernier, à Las Vegas (la patrie d’Agassi), c’est en couple qu’ils ont assisté au « Fight of the Millenium », le combat de boxe qui opposait Oscar De La Hoya à Felix Trinidad. Jack Nicholson au bras de sa nouvelle petite amie, Lara Flynn Boyle, et Michael Douglas en compagnie de l’actrice britannique Catherine Zeta-Jones leur donnaient l’exemple. Chacun a pu se rendre compte de la chaleur des sentiments d’André quand il a couvert de son blouson de cuir les épaules de sa compagne que la fraîcheur faisait frémir. Mais ce frisson n’était-il pas celui que provoque le vent de la liberté ?
Steffi se sentait «comme un oiseau qui ne sait pas voler ». Avec Agassi, elle a déniché un nid douillet…
Depuis l’âge de 4 ans, la joueuse allemande n’a pratiquement jamais lâché sa raquette. A 13 ans – elle est née le 14 juin 1969 à Brühl dans le Bade-Wurtemberg – Stefanie Maria, dite Steffi, devient professionnelle. Cinq ans plus tard, en 1987, elle triomphe sur le court central de Roland-Garros où elle décroche son premier tournoi du Grand Chelem. En tout, elle en récoltera 22, deux seulement de moins que la recordwoman absolue, l’Australienne Margaret Court-Smith. Au total, la championne aura remporté 107 tournois. Autant dire que son métier ne lui a guère laissé le temps de vivre sa vie de femme.
« Aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai le sentiment de n’avoir fait que jouer au tennis », remarque-t-elle avec amertume. « J’ai toujours dit, poursuit-elle, que lorsque ma carrière sera terminée je prendrai enfin le temps de m’occuper de moi et de faire tout ce que je n’ai pas eu le temps de faire. Plus tard, j’aimerais bien avoir des enfants… » Cette déclaration n’a rien d’un voeu pieux. Malgré son éclatante victoire aux Internationaux de France à Roland-Garros en juin dernier et sa place de finaliste à Wimbledon, Graf a choisi un vendredi 13, en août dernier, pour annoncer, la gorge serrée et les yeux embués, qu’elle avait décidé de prendre sa retraite. Une décision mûrement réfléchie. « Je n’ai plus rien à prouver. Je ne prends plus de plaisir sur un court de tennis et la compétition est devenue bien trop exigeante pour moi.»
Exigeante, mais payante, puisque Steffi quitte le circuit professionnel après avoir empoché plus de 21 millions de dollars. Mais aussi une quantité impressionnante de blessures, tant au corps qu’à l’âme. Elle a dû passer presque autant de temps dans les blocs opératoires qu’un étudiant en médecine durant ses études. Opérée du pied droit (deux fois), du gauche, de la main droite du genou gauche (en 1998), des sinus, sans parler des innombrables fractures aux pouces et aux orteils qui ponctuent la vie douloureuse d’une sportive de haut niveau. Alors que les observateurs pensaient qu’elle ne retrouverait jamais son niveau optimal, elle s’en est sortie, comme elle a su se tirer des démêlés juridiques de son père, Peter Graf, accusé d’avoir détourné du fisc 60 millions de francs. L’incarcération de Peter Graf – il a fait quinze mois de prison entre 1996 et 1997 – a bien failli la pousser à l’abandon prématuré des balles et raquettes. Soupçonnée, mais jamais accusée faute de preuves, Steffi ne s’est jamais remise de cette épreuve.
En décembre, elle entamera une tournée d’adieu. Elle rêve d’un match de tennis «sur le pont d’un porte-avions, d’un autre au pied de la Grande Muraille de Chine ou dans un amphithéâtre romain », Libérée de ses obligations professionnelles, l’affranchie de la raquette se sent aujourd’hui « comme un oiseau qui ne sait pas voler et qui se retrouve expulsé du nid par sa mère. A cette différence, précise-t-elle, que je me suis aperçue que c’est moi qui avais une folle envie de tomber»! Avec André Agassi, on peut souhaiter qu’elle ait enfin déniché un nid douillet. Et qui sait si, un jour, on n’y entendra pas pépier de mignons poussins. Vous savez, ces adorables créatures qui ressemblent tellement à des balles de tennis…
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