James Righton ou l’art de la réinvention: l’ex-clavier des sautillants Klaxons se lance en solo avec une élégante pop cousue main, renouant le fil des créateurs David Bowie ou Bryan Ferry dans les années 1970.

C’est dans son costume blanc, sa nouvelle signature visuelle, que l’Anglais présentera pour la première fois sur scène, samedi à la Gaîté Lyrique à Paris, au festival des Inrocks, « The performer », album à paraître le 20 mars (Deewee/Pias).

Sa tenue immaculée « donne du pouvoir, celui de se transformer sur scène, comme le faisaient mes artistes préférés, David Bowie ou Bryan Ferry avec Roxy Music, qui ne se produisaient pas en jeans et t-shirts », détaille-t-il pour l’AFP.     

« Nous avons plusieurs versions de nous mêmes, celle sur Instagram, celle projetée dans le monde, comme moi sur scène. Je suis différent à la maison, avec mes deux filles, en cuisine ou à un match de foot de Tottenham. C’est intéressant ce contraste de personnages qui luttent en moi », poursuit le mari de l’actrice Keira Knightley (« Pirates des Caraïbes »). 

Quand on lui demande son top 5 des « performers », outre Ferry et Bowie, il cite Elvis Presley mais aussi les acteurs Steve Martin et Peter Sellers. Une époque de référence? « J’aime esthétiquement les années 1970, insiste-t-il. Le nouvel Hollywood, les livres, les vêtements, l’écriture des chansons, c’est une incroyable période. Si j’avais une chance de revenir dans le passé, je choisirais cette période ».

– « Bien dans ma peau » –

« Son parti pris des années 1970 pouvait paraître suspect, mais j’ai été agréablement surprise à l’écoute, c’est assez nouveau paradoxalement », commente pour l’AFP Carole Boinet, rédactrice en chef adjointe des Inrocks. « J’ai une certaine nostalgie des Klaxons, mais depuis il n’a cessé de m’intriguer, il est toujours dans la recherche », poursuit la coprogrammatrice du festival. 

A 36 ans, l’homme ne se cache plus. « Je suis confiant, bien dans ma peau, ça m’a pris du temps, analyse-t-il. Les Klaxons, c’était mon groupe depuis l’école, mais je n’écrivais pas les paroles. Avec Shock Machine (qui fut son 2e groupe) j’ai commencé à écrire, et maintenant c’est plus naturel ».

« Ça valait le coup d’attendre, il assume un héritage assez intimidant de la pop anglaise, Bowie, Ferry, oui, et j’ajoute Elton John, dissèque pour l’AFP Olivier Nuc, journaliste musique au Figaro. Ça pourrait être d’une prétention folle, mais il est à la hauteur, avec cette pop arrangée, mélodique ».

James Righton décrit un album « très personnel » – « Edie » s’adresse à une de ses filles – mais aussi « politique ». « See the monster » (« Voir le monstre ») fait écho à la « montée du populisme, dégoûtante, qui a accompagné le Brexit au Royaume Uni. »

– « Mes pères belges » –

« Heavy heart » (« Coeur lourd ») se lamente d’une frange de l’Angleterre « homophobe, extrêmement à droite, raciste ». « Je suis en colère, je suis déconnecté de l’île où j’ai grandi, jamais je ne me suis senti aussi étranger dans mon propre pays. Avant, cette île était comme un abri pour les gens créatifs, les gens hors-normes… » 

Parmi les îlots de réconfort où il trouve refuge – outre sa famille et ses amis britanniques – il y a le studio belge Deewee, à Gand, des frères Dewaele, David et Stephen, plus connus sous leurs noms de scène Soulwax ou 2 Many Dj’s.

« Je les connais depuis que j’ai 16 ans, j’avais été les voir comme fan à Glasgow en coulisses, puis je les ai rencontrés à nouveau avec Klaxons, ils ont fait un remix d’un de nos titres, +Gravity’s Rainbow+, raconte-t-il. Ensuite j’ai suivi des cours d’œnologie avec eux, c’était supposé durer deux semaines, ça a pris une année (rires). Là, pour l’album, ce sont mes patrons de label. Ce sont mes pères belges, ça pourrait être pire (rires) ».

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