Depuis l’attribution du César de la meilleur réalisation à Roman Polanski, de nombreuses victimes de violences sexuelles ont témoigné sur le hashtag #JeSuisVictime. Dont l’actrice Nadège Beausson-Diagne, dont le récit est bouleversant.
La cérémonie des César n’aura jamais autant fait polémique. Le choix des membres de l’Académie de sacrer Roman Polanski pour son travail de réalisateur a suscité la colère et l’écoeurement. En réaction, des victimes de violences sexuelles ont décidé de s’exprimer en utilisant le hashtag #JeSuisVictime. L’actrice Nadège Beausson-Diagne, engagée contre le racisme et le sexisme, a une fois de plus contribué à la prise de conscience en racontant son histoire tragique. La première fois qu’elle a été violée, elle n’était qu’une enfant de 9 ans. « Le fiancé d’une amie de ma mère m’a violée régulièrement en me disant que c’était notre secret, de ne surtout pas le dire à ma mère, a-t-elle témoigné sur Twitter. J’ai cru que j’allais mourir, je me rappelle de cette douleur. Je n’ai rien dit. » Lorsqu’elle avait 30 ans, elle a de nouveau vécu l’horreur : « Le réalisateur-producteur d’un film en Centrafrique, après des jours de harcèlement, m’a violée. »
Après des années de silence, Nadège Beausson-Diagne s’exprime
Le long parcours de Nadège Beausson-Diagne vers la résilience a été douloureux. « Je me suis auto-détruite pendant des années. J’ai fait des tentatives de suicide, j’ai maltraité ce corps que je haïssais à cause des viols », a-t-elle confié. L’actrice a depuis « retrouvé la sommeil grâce au travail psychanalytique » et avance pas à pas : « J’ai encore des moments où j’ai l’impression de mourir, d’étouffer. Surtout la nuit, mais de moins en moins. Il est possible de se sortir de l’horreur des viols. » Désormais prête à s’exprimer, elle souhaite être « la voix de celles qui ne peuvent pas encore parler » : « Je ne me tairai plus jamais », a-t-elle promis. Elle avait déjà commencé à le démontrer en 2019, lorsqu’elle avait dénoncé les violences sexuelles qu’elle a subies sur des tournages en Afrique : « L’an dernier, j’ai enfin parlé et récupéré ce que l’on m’avait volé de ma vie. J’ai apaisé la petite fille de 9 ans en moi qui pense que c’est sa faute. »
Malheureusement pour Nadège Beausson-Diagne, « les faits sont prescrits et la loi n’est pas rétroactive ». C’est pourquoi elle milite aujourd’hui pour la fin de la prescription, afin de pouvoir porter plainte contre ses agresseurs. L’ancienne chroniqueuse de Touche pas à mon poste a également prévenu qu’elle n’avait pas encore tout dit. « Je suis à l’initiative du #metoo dans le cinéma africain. […] Pourtant, je n’ai pas encore raconté les intimidations, harcèlement sexuel et pire à la télévision française », a-t-elle déclaré sur Twitter. L’actrice a ainsi révélé qu’elle avait « été régulièrement harcelée sexuellement à la télévision par des animateurs ». Des souvenirs difficiles qu’elle racontera, peut-être, un jour.
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