Pleins feux et déluge rock. Dès le début du spectacle, sur scène, des dizaines de projecteurs éblouissent le spectateur. Ou plutôt la spectatrice. Car le public est très majoritairement féminin, ce soir-là, à Paris, dans le cadre du festival Paroles citoyennes à Bobino. L’ambiance est électrique. Et ce n’est pas un hasard. La veille, Virginie Despentes a publié dans Libération une tribune où elle dit sa colère de voir le réalisateur Roman Polanski primé aux César. Sa prose fait mouche. Le texte est partagé des milliers de fois sur les réseaux sociaux. Alors, quand l’auteure de Vernon Subutex entre sur scène, elle est accueillie comme une rock star : applaudissements et sifflets d’admiration.
Despentes, charisme de rock star
Virginie Despentes ne se laisse pas distraire. Dans Viril, qui compile une dizaine de textes féministes sur fond de musique rock, la romancière surprend par son interprétation pleine de sang-froid. Voix grave, amplifiée par un micro, Virginie Despentes soupèse chaque mot de l’activiste LGBT Itziar Ziga : « Je suis née en guerre contre l’ordre patriarcal qui menaçait ma vie et celle de toutes les femmes qui m’entouraient : je ne pouvais être que féministe« . Un bon résumé de ce spectacle long de 1h20, porté par la musique live du groupe lyonnais Zëro.
Si elle attire tous les regards et la majorité des applaudissements ce soir-là à Paris, Virginie Despentes n’est pas seule sur scène. Il y a aussi Béatrice Dalle, dont la présence sulfureuse électrise la salle à chaque apparition. Quant à Casey, rappeuse radicale, elle frappe fort en reprenant les mots de Paul B. Preciado, La Balle, un texte dans lequel l’homosexualité est comparée à « un sniper solitaire » qui touche tout le monde, « fils de bobo ou de catholiques intégristes ».
Du port du voile aux droits LGBT
Le metteur en scène David Bobée n’hésite pas à brasser des sujets polémiques : port du voile, racisme, parité et droits LGBT. Viril fonce droit sur les récifs mais ne sombre jamais. Même quand Casey et Virginie Despentes scandent un extrait de Scum Manifesto, un texte ultra violent des années 1960 dans lequel Valerie Solanas, une artiste restée célèbre pour avoir tiré sur Andy Warhol, propose une solution outrancière : « supprimer le sexe masculin ».
Si Viril percute de plein fouet l’actualité, et propose après #MeeToo et l’affaire Roman Polanski une remise en question des formes de domination masculine, il le fait avec une énergie combative et communicative.
Le spectacle sera visible le 4 mars au POC d’Alfortville (Val-de-Marne), le 27 mars à Saint-Denis de la Réunion et du 12 au 16 mai au CDN de Normandie-Rouen.
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