Révélée à travers des films et séries à succès comme Cloclo, Radiostars et Les Revenants, Ana Girardot s’est ensuite attaquée à des œuvres plus sombres, à l’image de La prochaine fois je viserai le cœur de Cédric Anger et Un Homme Idéal de Yann Gozlan. Cédric Klapisch l’a choisie pour incarner une viticultrice dans Ce qui nous liepuis une trentenaire esseulée dans Deux Moi, sorti en 2019. Comédienne de talent, Ana Girardot est attendue cette année dans une série sur Canal +, Moins qu’hier (plus que demain), adaptée de la BD de Fabcaro, trois films au cinéma et elle s’apprête à réaliser son premier court-métrage, Venise n’existe pas. Autant de projets différents, pour une actrice en mouvement.
Madame Figaro. – Madame Figaro s’est intéressée aux nouveaux féministes dans le cinéma. Quels réalisateurs et rôles vous attirent aujourd’hui ?
Ana Girardot. – Je crois que j’ai envie de tendre à des personnages plus libres, qui sont vraiment dans l’action. J’ai interprété beaucoup de jeunes femmes qui étaient dans l’observation, plutôt passives et très sensibles en même temps. Des personnages que j’aimais beaucoup mais qui, au fur et à mesure des années, étaient de plus en plus écartés de qui j’étais dans ma vraie vie.
Quand on a envie de ramener une nouvelle énergie, il faut prendre un virage un peu à gauche pour montrer qu’on peut aussi interpréter d’autres choses, et la comédie est quelque chose que j’ai découvert récemment et qui a vraiment été une révélation pour moi. En fait, quand j’ai commencé le métier et que je l’ai annoncé à mon père, je lui ai dit : « Papa, je veux être clown ». Et il était ravi. Il m’a dit « Mais c’est génial, mais bien sûr, évidemment ! Ça fait sens. Vas-y ma fille. » Puis je suis revenue le voir le même jour en lui disant « Mais il y a aussi les histoires d’amour, les drames… » et il était désespéré parce qu’il a compris que je voulais être actrice et que ça, ce n’était pas possible dans sa tête. Depuis que je suis petite, c’est vraiment faire l’imbécile qui m’amuse et me plaît. Ce sont des comédies qui ont nourri mon paysage de première spectatrice, c’est clairement quelque chose que j’aime faire. Et je sais qu’en France, on a des réalisateurs qui sont très doués là-dedans. Je pense que je vais beaucoup m’amuser à faire ça.
En vidéo, « Deux Moi », la bande-annonce :
Un de nos précédents numéros dévoilait en images la nouvelle promotion des Révélations des Césars. Quel lien entretenez-vous avec les acteurs de votre génération ? Etes-vous solidaires ?
Oui. Je peux le confirmer, je le sens, je le vois, on se le dit. Pierre Niney parlait de bienveillance aux César, et je le suis complètement là-dedans. J’ai tourné récemment avec treize comédiennes de ma génération : treize sur un plateau, on peut se dire que ça peut très mal tourner. C’est quand même treize égos d’actrices et ça peut très mal finir. Mais on s’est extrêmement bien entendues, respectées, aimées, conseillées… On était aussi surprises que rassurées de se dire finalement, c’est un métier qui n’est pas aussi solitaire que ça. Je pense que le cinéma, c’est un métier collectif. Quand on est acteur, on a tendance à faire nos partitions un peu de notre côté. Alors que ça peut être comme au théâtre, on peut tous travailler ensemble.
Meghan Markle a fait trembler Buckingham Palace avec le Megxit. Et vous, quand avez-vous tout envoyé valser dans votre vie ?
Je suis partie très jeune vivre à l’étranger. Juste après mon bac à New York . Je pense que quelque part, mes parents avaient comme fantasme que leur fille fasse de grandes études, mais moi non.
C’était la première fois quej’étais vraiment très sûre de moi, que leur avis comptait mais pas tant que ça, finalement, parce que j’étais très décidée à faire ce que j’avais en tête. J’avais un plan de A à Z : comment aller à New York, prendre des cours de théâtre, essayer de gagner ma vie, revenir, rencontrer un agent, passer mon premier casting et jouer dans un film. Quand je suis revenue, j’ai rencontré mon agent Grégory Weill, et je lui ai dit: « Tu es la dernière case de ma longue liste. Dessus, j’ai tout fait, donc il faut que tu me prennes. Parce que sinon, rien n’a de sens. » J’avais une sorte de détermination qui, aujourd’hui, me manque parfois, parce que je n’avais pas peur de l’impact, ni de quoi que ce soit. C’est quelque chose qu’on a très jeune, qu’on perd un peu après parce qu’on devient plus soucieux, on fait attention. Donc vers 18 ans, j’ai envoyé tout valser comme Meghan. Mais je sais pas si j’aurais osé face à la Reine.
Un de nos dossier psycho s’attachait à savoir si les nouveaux pères étaient devenus trop mère ? Votre père, Hippolyte Girardot, est-il un papa-poule ?
Oh oui ! Il est quand même père de quatre enfants, ça veut dire quatre fois le Bac, quatre fois des problèmes, quatre fois l’adolescence. Je pense qu’il s’est éclaté avec chacun de ses enfants de manière très différente. Mais il adore quand même organiser un déjeuner le dimanche pour nous avoir avec lui, et l’on vient parce que c’est toujours un super moment. Il est très intéressé par ses enfants, il nous trouve intelligents, et c’est important, je trouve, d’avoir un regard comme ça de la part de ses parents.
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