Il y a 40 ans disparaissait Bon Scott, le chanteur d’AC/DC. En 2015, Bernie Bonvoisin, le chanteur de Trust s’était confié dans notre magazine sur la perte de son ami. Avec Rétro Match, suivez l’actualité à travers les archives de Paris Match.

Bernie Bonvoisin : « Le jour où mon ami Bon Scott est mort »

Propos recueillis par Sophie de Villenoisy

On s’est rencontrés un an plus tôt dans les studios Pathé de Boulogne par l’intermédiaire d’un ami de Keith Richards. Un coup de foudre amical et musical : il me propose de faire la première partie d’AC/DC dans une série de concerts mémorables en France. Ensuite on se retrouve à Londres avec d’autres projets. Mais tout bascule en une nuit.

Le 19 février 1980, je suis à Londres pour l’enregistrement de « Répression », mon deuxième album. Bon Scott, le chanteur d’AC/DC, qui se remet enfin de sa séparation d’avec l’amour de sa vie, Silver Smith, une rousse magnifque, vient d’emménager à Londres avec sa nouvelle copine, une très jolie Japonaise. Après six ans de galère, AC/DC est en pleine explosion avec l’album « Highway to Hell ». Bon est heureux. Il débarque dans l’après-midi au studio tout excité avec son super pote Mick Cocks, le guitariste du groupe australien Rose Tattoo. Ils sont partis comme des gosses, sans payer, du resto et du taxi qui les a déposés ! J’ai une bouteille de whisky que Bon descend tranquillement pendant qu’on « jame » avec les instruments.

Dans le premier rade de notre virée nocturne, on tombe sur Pete Townshend des Who

On se met à jouer une de ses chansons, « Ride On ». Bon se joint à nous et chante. C’est magique. La chanson se termine sur ces paroles terribles : « I ain’t too old to die. »Mais je ne sais pas encore qu’il va mourir dans la nuit. Puis Mick et Bon partent, on doit se retrouver plus tard ; nous restons en studio pour travailler sur l’album. Mais le soir débarque au studio une délégation de CBS avec Pierre Lescure et Alain Levy. Venus en jet privé et limousines pour une visite surprise et nous remettre notre premier disque d’or ! Notre album « Trust » s’est vendu à plus de 100 000 exemplaires alors qu’il ne passe même pas en radio ! On est super heureux, c’est la fête !

Dans le premier rade de notre virée nocturne, on tombe sur Pete Townshend des Who. Ensemble on avale une enfilade de shots de vodka. Quand je me réveille le lendemain matin, une flle de CBS vient m’annoncer la mort de Bon Scott survenue dans la nuit. Ivre mort, il a perdu conscience et s’est étouffé dans son vomi. Je suis abasourdi. A l’hôtel, le concierge me remet un mot qu’il avait déposé la veille au soir me demandant de le rejoindre à une adresse. Sans cette délégation surprise, j’aurais vu son message plus tôt et je l’aurais bien sûr rejoint. Je suis anéanti. Après un break de quinze jours, nous reprenons l’enregistrement, la mort dans l’âme.

« Par bonheur, l’ingénieur du son a immortalisé ce moment de grâce, quand Bon chantait “Ride On” en studio avec moi. Je garde précieusement cet enregistrement. »

« Son manager de l’époque, Peter Mensch, un sale type, n’a jamais voulu me remettre les huit chansons que Bon Scott avait traduites en anglais pour moi. Je n’ai même pas pu les lire. »


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