Placée en garde à vue avec son compagnon Piotr Pavlenski, puis présentée à un juge d’instruction, ce mardi 18 février, la destinataire des messages intimes de Benjamin Griveaux assure ne pas avoir participé à leur mise en ligne. Son père et sa mère s’expriment en ce sens également dans Le Parisien.
Leur fille était encore en garde à vue lorsqu’ils se sont exprimés. Leur fille, c’est Alexandra de Taddeo, compagne de Piotr Pavlenski et la destinataire des vidéos et messages à caractère sexuel envoyés par Benjamin Griveaux. Elle «est loin d’être une anarchiste», assure son père le lundi 17 février à Franceinfo. Accompagné de son épouse, il affirme : «Piotr Pavlenski n’est pas son petit ami officiel, c’est une connaissance qui a émergé récemment dans sa vie».
Pour le couple originaire de Metz, Alexandra a tout simplement été influencée. «Soit elle est inconsciente, soit elle s’est fait manipuler», confient les parents de la jeune femme. Et d’insister : «Ce garçon n’est pas notre tasse de thé». Quelques minutes avant sa garde à vue, samedi 15 février, Alexandra de Taddeo a pu leur téléphoner. «Elle n’était pas bien», se souviennent-ils, avant d’affirmer que, quoi qu’il advienne, ils sont prêts à la soutenir. Depuis, la jeune femme et l’artiste ont été déferés au parquet, puis présentés à un juge d’instruction dans la matinée de ce mardi 18 février.
Un parcours exemplaire
Alexandra de Taddeo serait une étudiante sérieuse de 29 ans qui «vit depuis dix ans à Paris», selon ses parents. Sans histoires et inconnue du grand public, la jeune femme a un solide parcours universitaire. Selon ce qu’elle a renseigné sur son compte LinkedIn (désormais inaccessible), elle aurait multiplié les formations diplômantes en dix ans : deux masters 2 à Paris II-Assas et à Sciences Po Toulouse. L’un en «droit international public», l’autre en «gouvernance et action internationales». D’après Le Parisien, l’étudiante serait aussi passée par la prestigieuse université d’Oxford au Royaume-Uni et auparavant par l’Efap (École des nouveaux métiers de la communication). Yves Surel, son professeur en Sciences politiques à Paris-II, confirme ce parcours de bonne élève : «Je ne savais rien de la vie privée et des possibles engagements politiques de cette étudiante dont j’ai effectivement dirigé le mémoire en 2018. Le mémoire était de qualité et Alexandra de Taddeo, une étudiante intelligente.»
La jeune femme indique avoir été stagiaire à l’Unesco, à Paris, jusqu’à récemment. Quelques mois plus tôt, de février à juin 2019, elle stipule avoir effectué un stage à l’Alliance des avocats pour les droits de l’homme (AADH). Pour l’heure, aucune de ces structures n’a répondu aux sollicitations du Figaro. Intéressée par la politique, elle était par ailleurs membre du Conseil parisien de la jeunesse, «une instance de démocratie participative qui permet aux jeunes Parisiens d’être associés à la définition et à la mise en œuvre des politiques municipales». Toutefois elle n’y aurait jamais été vue, affirment plusieurs témoins au Parisien.
Une rencontre sur les réseaux sociaux
Ces derniers jours, le nom d’Alexandra de Taddeo a circulé sur les réseaux sociaux et dans les médias. Car elle aurait été identifiée comme étant la destinataire des messages et vidéos intimes de Benjamin Griveaux qui ont fuité auprès du grand public et entraîné le retrait de sa candidature à la Mairie de Paris. L’ex-candidat LREM de 42 ans l’aurait rencontrée via les réseaux sociaux. Comme le rapporte Le Parisien, c’est Alexandra de Taddeo qui serait entrée en contact, via Facebook et Instagram, avec l’ancien secrétaire d’État au printemps 2018. Leurs échanges sur la politique se seraient ensuite vite transformés en correspondance intime. Correspondance qui aurait cessé après un rendez-vous physique, toujours selon le journal.
Alexandra de Taddeo connaissait-elle déjà à l’époque Piotr Pavlenski ? Le mystère reste entier. Mais il semble que leur couple ne se serait formé qu’en janvier 2019. Soit quelques mois après la prise de contact avec l’ancien porte-parole du gouvernement. L’équipe de Benjamin Griveaux affirme toutefois que celui-ci avait remarqué des photographies de l’activiste anti-Poutine sur le compte Instagram de l’étudiante, sans savoir si les deux se connaissaient déjà en 2018. Au sein de la majorité, certains voient dans cette affaire un coup de la Russie. D’autant que Benjamin Griveaux est en procédure judiciaire avec des organes russes comme Russia Today.
À ce jour, aucun élément ne confirme cette thèse. Toujours est-il qu’Alexandra de Taddeo ne cachait pas son intérêt pour le pays de son compagnon. En 2017, dans des émissions qu’elle animait sur la radio Fréquence protestante, elle avait notamment invité un diplomate et une galeriste russes. La polygotte a, par ailleurs, écrit un mémoire intitulé La Politique étrangère de la Fédération de Russie à l’égard de l’Arctique : coopération internationale et intérêts nationaux en synergie.
« Une forme de vengeance »
Placée en garde à vue ce samedi 15 février pour «atteinte à l’intimité de la vie privée» et «diffusion sans l’accord de la personne d’images à caractère sexuel», Alexandra de Taddeo serait «tétanisée» et «dépassée par l’ampleur des faits», selon les informations du Parisien. Après avoir confirmé être l’interlocutrice de Benjamin Griveaux dans ces échanges compromettants, la jeune femme «a expliqué qu’elle n’était pas vraiment sur un acte politique comme son compagnon, mais plutôt sur une ligne personnelle», écrit le quotidien qui évoque «une forme de vengeance». Néanmoins, d’après LCI, elle réfuterait la participation à la mise en ligne des vidéos et messages intimes. Ce mardi, à l’issue de 48 heures de garde à vue, Alexandra de Taddeo a été présentée à un juge d’instruction.
*Cet article initialement publié le 17 février 2020 a fait l’objet d’une mise à jour.
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