Un collectif de plus de 3.500 écrivains et écrivaines, dessinatrices, scénaristes, traducteurs ou photographes, parmi lesquels Joann Sfar, Pierre Lemaitre, Marc Levy ou encore Alice Zeniter, a appelé jeudi l’État à donner aux auteurs et autrices « des conditions plus justes et dignes ».
Leur tribune publiée sur le site du Monde intervient alors que le ministre de la Culture, Franck Riester doit présenter mardi ses propositions concernant
le rapport Racine. Ce rapport, réalisé par l’ancien président de la Bibliothèque nationale de France (BnF) Bruno Racine et remis au gouvernement fin janvier, formule 23 recommandations visant à améliorer la situation économique et sociale des artistes-auteurs : écrivains et écrivaines, photographes, compositeurs et compositrices, scénaristes, peintres, dessinateurs et dessinatrices, plasticiens et plasticiennes, sculpteurs et sculptrices, vidéastes…
« Nous en appelons à l’intervention de l’État »
« Si les mesures préconisées (par le rapport Racine) sont appliquées, les artistes-auteurs cesseront enfin d’être l’éternelle variable d’ajustement des industries créatives. Les créateurs et créatrices retrouveront leur juste place », affirment les signataires de la tribune. « Nous en appelons à l’intervention de l’État, pour donner aux créateurs et créatrices de ce pays des conditions plus justes et dignes », insistent-ils.
Les éditeurs sont plus circonspects quant aux conclusions à donner au rapport Racine. Le Syndicat national de l’édition (SNE) qui rassemble plus de 700 éditeurs a réclamé une étude d’impact avant toute décision.
Le SNE s’oppose notamment fermement à la demande des auteurs et autrices de percevoir systématiquement au moins 10 % du prix d’un livre. « C’est impossible », a tranché son président Vincent Montagne, en faisant valoir que la situation économique des éditeurs est également fragile.
Dans un entretien publié récemment par Les Echos, Vincent Montagne expliquait que l’État et notamment le ministère des Affaires sociales « a une grande part de responsabilité dans la colère qui s’exprime chez les auteurs ». Le président du SNE ciblait la hausse de la CSG ou encore « l’incapacité » de l’État à régler certains problèmes comme celui de l’Agessa, l’organisme chargé du recouvrement des cotisations sociales des auteurs.
Privés de pension
Le rapport Racine a constaté que l’Agessa n’avait pas prélevé durant 40 ans les cotisations retraite de 190.000 de ses assujettis les privant ainsi de droits à la retraite.
Le gouvernement a mis fin au problème en 2018, avec un décret qui charge (depuis le 1er janvier 2019) l’Urssaf Limousin du prélèvement de toutes les cotisations. Mais nombre d’auteurs et autrices se découvrent aujourd’hui privés de pension à cause des dysfonctionnements du pilotage de l’Agessa et, selon les auteurs, « de l’inaction de l’État durant des décennies ».
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