Alors que l’événement tente de se réformer avec plusieurs changements cette année, les critiques n’ont pas manqué concernant les Victoires de la musique 2020, dont la cérémonie se déroule vendredi soir.
Manque de diversité chez les artistes, ou encore coup porté à certains genres musicaux : la 35e édition des Victoires de la musique, qui se déroule vendredi 14 février, s’accompagne une fois encore de quelques fausses notes. Cette année est pourtant celle d’une petite révolution pour la cérémonie des Victoires de la musique. Les organisateurs semblent avoir entendu les critiques des dernières années et ont engagé des bouleversements.
Un nombre de catégories ramassé
D’abord, le nombre de catégories a été réduit à huit seulement au lieu de treize l’an passé. Désormais, les étiquettes par genre musical (rock, rap, électro, world etc), sources de polémiques, ont été écartées au profit des seules catégories reines: Artiste masculin, Artiste féminine, Album de l’année, Album révélation, Chanson originale, etc.
L’idée était d’avoir une meilleure « lisibilité« , résume Romain Vivien, président des Victoires de la musique. « Nous voulions éviter de catégoriser les artistes, et puis le public ne s’y retrouvait pas forcément. C’était aussi une demande d’artistes, qui nous disaient: on veut concourir avec tout le monde« , poursuit le patron de l’évènement.
Autre nouveauté : tous les artistes nommés, et non pas uniquement les lauréats, interprèteront cette année un titre live et en direct durant la cérémonie, ce que réclamaient de nombreux artistes.
Dans le rap et le rock, on déplore la réduction des catégories
Mais le vent des critiques se lève, d’abord au sujet des catégories ôtées. « Ça participe d’une invisibilisation systématique du rap, qui vend pourtant le plus aujourd’hui« , estime Eloïse Bouton, journaliste et fondatrice de Madame Rap, média dédié aux femmes dans le hip-hop. « Même si on va nous répondre que c’est pour l’inclure dans la musique populaire. Mais il y a peu de rappeurs et peu de femmes, qui apparaissaient avant dans les musiques urbaines – même si je n’aime pas ce terme – avec le r’n’b« .
Dans le rock on désapprouve également. « C’est un coup de couteau donné au rock, c’est comme dire on n’a plus le temps de prendre des risques, car le rock, ça prend du temps« , déplore auprès Julien Hohl, directeur du label Deaf Rock et manager du groupe Last Train. « C’est comme dire on travaille sur l’instantanéité, plus sur des carrières« .
« C’est dommage, c’est un monde qui se referme au lieu de s’ouvrir, c’est un peu désolant« , regrette aussi Martin Meissonnier, DJ, producteur historique des musiques du monde. « L’ouverture c’était le moyen d’être moins franco-français. C’est extraordinaire, car en ce moment les charts américains et anglais s’ouvrent sur des musiques venues de partout ».
Le manque de diversité aussi pointé du doigt
« Quand on regarde la liste des nominés, on cherche en vain une diversité de couleurs« , a encore vitupéré Manu Dibango dans Le Monde. Même colère froide chez Jacob Desvarieux, membre fondateur du groupe Kassav’. « Quelqu’un a décidé que c’était peut-être un peu trop coloré et qu’il fallait revenir à quelque chose de plus blanc« , enrage-t-il dans une vidéo de la 1re, réseau ultra-marin du groupe France Télévisions.
« Il manque un peu de diversité à l’issue du 2e tour de vote, il y en avait davantage après le 1er« , reconnait le patron des Victoires Romain Vivien. « Ça pose des questions: est-ce lié aux catégories enlevées ou aux gens qui votent ?« , s’interroge-t-il, avant de conclure: « Ce manque de diversité, il va falloir y travailler« .
A noter, que cette année le troisième tour de vote est ouvert au grand public, invité à se prononcer sur internet jusqu’au vendredi 14 février pour la chanson originale, le concert et la création audiovisuelle de l’année.
La cérémonie est à suivre en direct de la Seine musicale sur France 2 vendredi soir à partir de 21h05.
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