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Nos traitements et le contenu de nos assiettes ne font pas toujours bon ménage. Voici ce qu’il faut connaître sur les interactions possibles qui peuvent se jouer entre eux.
Les Français sont des gros consommateurs de médicaments. Mais s’ils sont prompts à recourir aux pilules, gélules et autres comprimés, ils ignorent souvent que ce qu’ils mangent et boivent est susceptible d’avoir une influence sur l’effet de ces derniers. Certains aliments freinent la métabolisation des molécules, minorent leur action ou plus rarement la décuplent, augmentant par ce biais les manifestations iatrogènes, l’apparition de nouveaux symptômes, différents de ceux que le médicament est censé soigner ! Dans cette relation pas toujours harmonieuse, certains traitements peuvent aussi aiguiser (excessivement) l’appétit ou modifier les sensations gustatives. Focus sur ces mariages à fuir.
Avec eux, l’efficacité des traitements déguste !
Peu caloriques et sains, les choux-fleurs, brocolis et autres choux kale ou de Bruxelles se font une place de choix dans nos menus, tout particulièrement en automne et en hiver. Mais il existe des circonstances dans lesquelles il convient de les fréquenter avec précaution. C’est le cas lorsque l’on prend des anticoagulants antivitamine K. « Si on amène à l’excès dans l’alimentation des mets qui sont riches en vitamine K, cela neutralise l’effet du médicament. Attention, cela ne veut pas dire qu’ils sont, dans cette situation, complètement interdits. Il faut simplement être raisonnable sur les quantités. Dans le cadre d’un régime équilibré et varié, il n’y a pas de risque », précise Yohan Audurier, pharmacien. Pour la même raison, pas de « cure » d’épinards, d’asperges ou d’avocats.
Quant au pamplemousse, on le déconseille dans le cas de la prise de médicaments contre l’hypercholestérolémie tels que la simvastatine ou l’atorvastatine car cela empêche notre enzyme CYP3A4 de dégrader ce médicament. Cet agrume est également peu compatible avec des immunosuppresseurs comme la ciclosporine ou le tacrolimus, l’ivabradine, employée contre l’arythmie cardiaque, le docétaxel, un anticancéreux, ou la sertraline, un antidépresseur. Gare aussi au millepertuis, en supplémentation ou en tisane. S’il participe entre autres à vaincre la dépression légère, il peut amoindrir la portée de la ciclosporine (médicament antirejet post-greffe), de la théophylline, souvent prescrite aux asthmatiques, des antirétroviraux, des anticoagulants antivitamine K et de la digoxine, faite pour réguler le rythme du cœur. « C’est un peu la bête noire des interactions médicamenteuses en phytothérapie », résume notre expert.
Même si c’est un délice que vous appréciez, tenez-vous également à l’écart de la réglisse si vous suivez un traitement hypotenseur, car elle élève la pression artérielle. Le lait et les produits laitiers ne sont pas de mise quand on prend des antibiotiques comme les tétracyclines et les fluoroquinolones car ils les rendent moins « opérationnels ». « Leurs molécules se lient entre elles, formant des complexes qui ne sont pas absorbables par l’organisme », explique Yohan Audurier. Enfin, même si le sujet est relativement controversé au sein de la communauté scientifique, on préconise de ne pas manger de poissons tels que le hareng et le maquereau le jour de sa séance de chimiothérapie car l’un de leurs acides gras pourrait créer une forme de chimiorésistance.
Des effets secondaires… dopés !
A contrario, d’autres « invités » présents à notre table augmentent quant à eux l’effet des médicaments et peuvent les rendre dangereux. Boire de l’alcool est ainsi absolument inenvisageable lorsque l’on est sous antidépresseurs ou sous neuroleptiques car combinées, ces substances induisent des modifications du comportement, notamment des baisses de vigilance qui peuvent être dramatiques lorsque l’on conduit ou que l’on bricole. Et on se limitera à un verre maximum lorsque l’on prend des anticoagulants antivitamine K car l’alcool renforce leur pouvoir fluidifiant. « Dans le cas d’une intoxication aiguë, l’ivresse expose à des problèmes de saignement », précise Yohan Audurier.
Parce que leur association favorise les poussées hypertensives et les céphalées, des fromages comme le cheddar, le gruyère, l’emmental, le gruyère ou le bleu et le vin rouge ne doivent pas être pris si l’on est sous isoniazide, un antituberculeux. Amatrices de robusta ou d’arabica bien serrés, la vigilance est de mise si vous êtes sous ciprofloxacine puisque cet antibiotique luttant contre les infections respiratoires ou urinaires retient la caféine dans l’organisme et provoque une augmentation du rythme cardiaque, une excitation, une hypervigilance, voire des pertes de conscience en présence de fortes doses. Deux tasses par jour maximum sont donc préconisées.
Pilules grossissantes
Les aliments peuvent nuire aux médicaments mais les médicaments peuvent de la même manière retentir sur nos attitudes et ressentis alimentaires. S’ils nous aident à vivre mieux en combattant nos troubles de l’humeur, certains antidépresseurs, à l’instar de l’imipramine et de la mirtazapine, des neuroleptiques comme l’olanzapine et des traitements des troubles bipolaires type lithium ou valproate font souvent pencher l’aiguille de la balance du mauvais côté, à la fois parce qu’ils influent sur le centre nerveux de l’appétit dans le cerveau mais aussi parce qu’ils sont sédatifs et incitent à la sédentarité. « C’est particulièrement vrai en ce qui concerne l’olanzapine. On constate très fréquemment des prises de poids allant de cinq à dix kilos », commente Yohan Audurier. Entraînant la rétention d’eau, les corticoïdes ont souvent le même impact lorsqu’ils sont pris au long cours. « Afin de contrebalancer ce phénomène, il faut essayer de jouer sur un régime pauvre en sel », explique le spécialiste.
L’insuline qui est le lot quotidien de ceux qui souffrent de diabète sévère, les sulfamides hypoglycémiants, solution thérapeutique pour les diabètes moins avancés et certains bêtabloquants (aténolol et métoprolol) ont tendance à faire grossir car ils accroissent le stockage des graisses. Les somnifères et les antihistaminiques de première génération abaissent le métabolisme de base du corps, qui dépense alors moins de calories. Ils font donc également forcir. Enfin, si l’on est en surcharge pondérale, les antimigraineux tels que les antisérotonines, la flunarizine et le valproate de sodium ne sont pas indiqués car ils sont orexigènes, c’est-à-dire qu’ils accentuent la sensation de faim ainsi que les envies de grignotage.
Enfin, par divers mécanismes, notamment la déficience en zinc qu’ils provoquent (oligo-élément qui joue un rôle essentiel dans le maintien du goût), certains antiarythmiques cardiaques, les hypoglycémiants, les bêtabloquants, les antifongiques oraux, les antiviraux, les psychotropes, les antispasmodiques et certains antibiotiques, parmi lesquels les pénicillines et les tétracyclines, altèrent la perception que nous avons de la saveur de nos aliments.
Merci à notre expert, Yohan Audurier, pharmacien et auteur de Les anticoagulants 100 questions/réponses, Questions de patients et réponses de spécialistes » (éd. Ellipses).
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