En remportant les Oscars du meilleur film, du meilleur réalisateur, du meilleur film international et du meilleur scénario, dimanche 9 février, Parasite de Bong Joon-ho est le premier film sud-coréen a être récompensé à Hollywood avec, de plus, autant de statuettes. Etonnant, alors que le film est une production 100% coréenne et que les Oscars privilégient le cinéma américain. Si d’autres films étrangers ont été déjà été oscarisés (très majoritairement britanniques depuis 1929), Parasite est le premier film qui ne soit pas en langue anglaise à recevoir la statuette. Et si le français The Artist de Michel Hazanivicius avait remporté la mise en 2013, il le doit beaucoup au fait d’être muet.

Autre surprise, décevante celle-là : l’absence de film hexagonaux au palmarès, alors que quatre étaient en compétition, dans quatre catégories différentes : une première. Ainsi Les Misérables de Ladj Ly (Meilleur film international), J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin (Meilleur film d’animation), Mémorable de Bruno Collet (Meilleur court métrage d’animation) et Nefta football Club de Yves Piat (Meilleur court métrage en prises de vue réelles) sont repartis bredouilles.

« Parasite » contamine les 92e Oscars

Si Parasite partait favori dans la catégorie Meilleur film international aux Oscars 2020, on ne l’attendait pas récompensé des deux trophées les plus prestigieux, ceux du Meilleur film et du Meilleur réalisateur. Ces derniers étaient pronostiqués en faveur de 1917 de Sam Mendes. Le film remporte de plus l’Oscar du Meilleur film international, catégorie dans laquelle Les Misérables du Français Ladj Ly avait de réelles chances.

Les Bookmakers / The Jokers

Déjà détenteur de la Palme d’or 2019 à Cannes, du prix du meilleur film en langue étrangère aux Golden Globes, et du Meilleur ensemble acteurs (qui récompense tous les acteurs d’un film) aux Screen Actors Guild Awards, Parasite s’impose comme le film de l’année 2019. Seul les Bafta (les Oscars britanniques) lui échappent, lui préférant 1917 de Sam Mendes, avec sept récompenses. Ce dernier partait d’ailleurs favori comme production anglo-américaine à Hollywood. Mendes pouvait également prétendre à l’Oscar du Meilleur réalisateur. Bong Joon-ho l’emporte encore, raflant au passage celui du Meilleur scénario dont il est l’auteur (avec Jin Won Han).

Universal Pictures International France

La comédie noire du Sud-coréen a dû séduire les membres de l’académie des Oscars pour la modernité de son propos social, l’originalité de son scénario et de son ton, comparés à la reconstitution historique du front britannique pendant la première guerre mondiale, plus attendue, même si elle est magistrale. On peut toutefois discuter l’Oscar du Meilleur réalisateur revenu à Bong Joon-ho, qui, s’il le mérité, n’atteint pas la maestria de Mendes dans son plan séquence de près de deux heures, même s’il est en partie artificiel (résultant de raccords gommés au montage).

Déceptions françaises

Et ce n’est pas fini. En plus du Meilleur film, Parasite remporte l’Oscar du Meilleur film international. Même s’il ne partait pas favori, Les Misérables de Ladj Ly pouvait prétendre à la statuette pour son sujet social (comme Parasite) et la qualité de sa mise en scène de thriller nerveux, respectueux des critères américians.

Réalisation : Ladj Ly

Il est moins surprenant que le film d’animation J’ai perdu mon corps soit passé derrière Toy Story 4. Le caractère adulte du scénario (donc moins familial et consensuel) et son animation (volontairement) moins fluide que celle du film Disney/Pixar, ne correspondent guère aux critères hollywoodiens. Plus discutable reste l’Oscar du Meilleur court métrage d’animation décerné à Hair Love des Américains Karen et Rupert Toliver, face au superbe Mémorable du Français Bruno Collet et Jean-François Le Corre, dont l’animation en stop motion (animation en volume) est de toute beauté, comparée à un dessin animé plus classique.

The Walt Disney Company France

Quant à la quatrième catégorie, Meilleur court métrage de fiction, où un film français était sélectionné, l’académie a préféré The Neighbors’ Window de l’Américain Marshall Curry à Netta Football Club des Français Yves Pait et Damien Mergherbi, qui a reçu plus de 70 récompenses à travers le monde. Ceci compense cela…

Maigre compensation pour la France, l’Oscar technique du meilleur superviseur des effets visuels revenu à Guillaume Rocheron, pour sa contribution à 1917.

Les autres Oscars dominés par les Etats-Unis

Les catégories reines de ces 92e Oscars ont été largement dominées par les Américains, hormis celle du Meilleur film et du Meilleur réalisateur revenu à Parasite et Bong Joon-ho.

Rennée Zellwegger était attendue pour l’Oscar de la meilleure actrice dans le biopic de Judy Garland, Judy qui sortira en France le 26 février. Sa prestation lui a déjà valu le prix de la Meilleure actrice pour le rôle, au Bafta et aux Golden Globes. Pas de surprise non-plus pour l’Oscar du meilleur acteur décerné à Joaquin Phoenix qui avait reçu la même distinction pour Joker, également aux Bafta et Golden Globes.

Warner Bros

Brad Pitt était aussi incontournable pour son trophée récompensant le Meilleur acteur dans un second rôle pour Once Upon a Time.. in Hollywood. C’est le premier remis à l’acteur. Dans la même catégorie, mais pour les actrices, c’est Laura Dern qui a été récompensé pour Mariage Story. A souligner qu’il s’agit d’un film Netflix, qui remporte ici sa seule récompense, alors que la plateforme de streaming figurait dans 24 catégories.

Source: Lire L’Article Complet