Acteur, réalisateur, cascadeur, membre des panthéons du western et de la cascade hollywoodienne, Robert Conrad s’était taillé un costume pour la postérité dès les années 1960 avec son rôle culte dans la série Les Mystères de l’Ouest. Une légende s’est éteinte.

Quelques heures seulement après la mort brutale, fauché en pleine rue à 91 ans, d’Orson Bean, figure phare du petit écran américain à travers le temps et jusque dans Desperate Housewives, un autre acteur américain marquant de l’univers de la télévision s’est éteint : Robert Conrad, largement connu pour son rôle de James T. West dans Les Mystères de l’Ouest (The Wild Wild West) dans la deuxième moitié des années 1960, est décédé à l’âge de 84 ans, victime d’une crise cardiaque survenue à son domicile de Malibu en Californie samedi 8 février 2020.

« Il a vécu une vie merveilleusement longue et, bien que sa famille soit attristée par sa disparition, il continuera à vivre dans le coeur de ses proches« , a communiqué un porte-parole de son entourage, qui compte huit enfants (cinq de son premier mariage, qui dura vingt-cinq ans, avec Joan Kenlay, et trois avec sa seconde épouse, LaVelda Fann, rencontrée lors d’un concours de beauté qu’il présentait et qu’elle remporta) et dix-huit petits-enfants.

Un hommage funéraire doit avoir lieu dans la plus stricte intimité le 1er mars prochain, date à laquelle l’acteur aurait fêté son 85e anniversaire, et la famille à demander à ce que, au lieu de fleurs, ceux qui le souhaitent effectuent des dons à des bonnes oeuvres militaires, le Wounded Warrior Project la Marine Corps Scholarship Foundation. De son vivant, il était bénévole et soutenait de nombreuses associations, notamment en faveur des vétérans de guerre ou des personnes atteintes de sclérose en plaques.

A l’ombre d’un géant

Né à Chicago de parents alors encore très jeunes (son père avait 16 ans, sa mère 15), Robert Conrad s’était émancipé à 15 ans, vivant de petits boulots – chargement de camions, livraison de lait… Quelques années plus tard, et après avoir étudié le théâtre à la Northwestern University, il se lançait dans une carrière d’acteur. Son premier coup d’éclat ? Utiliser sa ressemblance avec James Dean pour attirer le public dans un cinéma de Chicago où était projeté le film Géant (1956) ! James Dean, comme une bonne étoile : l’année suivante, c’est sur la tombe de l’étoile fulgurante d’Hollywood à Fairmount dans l’Indiana que Conrad fait une rencontre déterminante, celle de l’acteur Nick Adams, lequel lui conseille d’aller tenter sa chance à Hollywood et lui obtient en 1958 un rôle (dans Juvenile Jungle).

Dans la foulée, Robert Conrad est signé comme acteur par la Warner Bros., compagnie qui lui permet aussi de faire fructifier son talent pour le chant, qu’il a travaillé avec Dick Marx (père du chanteur Richard Marx, lequel fera en 1991 jouer Conrad dans le clip de sa chanson Hazard) : il sort ainsi plusieurs disques entre la fin des années 1950 et le début des années 1960 (y compris deux albums au Mexique contenant quelques chansons en espagnol). Après être apparu dans plusieurs séries (Maverick et autres fictions en vogue à l’époque), l’acteur en devenir se fait remarquer dans la série policière 77 Sunset Strip puis dans Hawaiian Eye, spin-off qui fait la part belle à son personnage, le détective Tom Lopaka.

His name is West, James West

Mais c’est en 1965 que Robert Conrad entre dans le costume de son personnage le plus marquant : il devient l’agent du gouvernement James T. West pour la série à succès Les Mystères de l’Ouest, « James Bond façon western » qui mettra en scène jusqu’en 1969 ses aventures avec son acolyte Artemus Gordon, joué par Ross Martin (disparu en 1981). Pour les besoins du show, Conrad réalise lui-même ses cascades et scènes de bagarre – il sera d’ailleurs intronisé dans les années 2000 au Hall of Fame des cascadeurs. En parallèle, il monte une société de production à son nom, sous l’égide de laquelle il écrit, réalise et joue en 1967 le western The Bandits. Après l’arrêt des Mystères de l’Ouest, il continue d’apparaître sporadiquement au petit écran (Mannix, Mission: Impossible, Columbo) et renoue avec le succès dix ans plus tard (de 1976 à 1978) avec son personnage de Pappy Boyington, héros de la Seconde Guerre mondiale, dans Baa Baa Black Sheep (Les Têtes brûlées), qui lui vaudra une nomination au Golden Globe du meilleur acteur. Il poursuit son parcours en télévision, aussi bien comme acteur que comme réalisateur, retrouve Ross Martin en 1979 et 1980 à l’occasion de téléfilms tirés de la série qui a fait d’eux des stars.

L’année 2000 lui offrira son ultime apparition dans le monde des séries télé, en l’occurrence dans un épisode de Nash Bridges (avec Don Johnson dans le rôle titre), et 2002 son dernier rôle au cinéma (Dead Above Ground), après de précédentes performances au grand écran en John Dillinger dans The Lady in Red (1979), dans Samurai Cowboy (1993) ou encore face à Arnold Schwarzenegger dans la comédie de Noël La course au jouet (1996). Mais Conrad restera actif encore de longues années, notamment avec un programme radio vespéral hebdomadaire. Son dernier passage sur les ondes a eu lieu en juillet 2019.

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