La bonne question.- En regardant votre podomètre le soir en rentrant à la maison, vous vous réjouissez de voir que vous frôlez les 10.000 pas par jour. Mais faut-il vraiment atteindre ce nombre pour bénéficier des bienfaits santé de la marche ? Réponse avec un médecin du sport et un cardiologue nutritionniste.
Au pas, au trot, au galop. Recommandée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la marche fait partie des activités physiques les plus simples à pratiquer pour être en forme et optimiser sa santé. Les plus consciencieuses d’entre nous la mesurent à l’aide d’une application ou d’un podomètre. Objectif : viser à tout prix les 10.000 pas par jour. Pas plus, pas moins. Mais d’où vient cette mesure au juste ? A-t-elle été approuvée scientifiquement ?
En vidéo, douze bonnes habitudes pour rester en forme toute l’année
Un mythe inventé au Japon
On ne fera pas durer le suspense plus longtemps. Aucune étude scientifique n’a validé à ce jour ces propos, selon le docteur Martine Duclos, médecin du sport et présidente du comité scientifique de l’Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité (Onaps). En réalité, ce chiffre est né à l’occasion des premiers Jeux olympiques de Tokyo en 1964, lorsque l’entreprise Yamasa Corporation a lancé un podomètre appelé «Manpo-kei». Le slogan choisi par l’entreprise ? «Mesurons nos 10.000 pas».
Une donnée confirmée ensuite par les travaux d’un chercheur de l’Université de santé et de bien-être de Kyushu (Japon), Yoshiro Hatano, mais dont le sujet d’étude portait sur la population japonaise. «Les mensurations d’un homme japonais moyen sont plus petites que celles d’un Occidental», observe la présidente de l’Onaps. Impossible donc de le rapporter au Français moyen.
Des bienfaits largement démontrés
Une sédentarité alarmante
Selon une récente étude publiée en septembre 2018 dans la revue The Lancet, 29,3% des Français auraient une activité physique insuffisante. Actuellement, la sédentarité (temps passé assis en période éveillé) atteint les 12 heures par jour, alerte la présidente de l’Onaps.
Bonne nouvelle pour l’Hexagone, le quota journalier à effectuer pour être en forme s’abaisse plutôt entre 5000 à 6000 pas, selon l’Onaps. Pratiquée de manière régulière, cette activité physique «diminuerait de 30 à 40% les risques de cancers, de diabète de type II et de maladies cardio-vasculaires», insiste le cardiologue et nutritionniste Frédéric Saldmann. «Pour produire de l’énergie, les muscles captent du glucose et des graisses, ce qui évite qu’ils s’accumulent autour du cœur, du foie et du pancréas», complète le docteur Martine Duclos.
Dans les faits, comment quantifier ce mouvement ? On connaît les podomètres et les applications spécialisées pour compter les pas mais la montre s’avère être également un bon indicateur. L’OMS préconise ainsi aux personnes de 18 à 64 ans 150 minutes d’activité d’endurance d’intensité modérée dans la semaine (soit une vingtaine de minutes par jour), ou au moins 75 minutes d’activité d’endurance d’intensité soutenue, ou un mélange des deux.
Oubliez la marche fractionnée
Marcher de l’arrêt de bus au travail, du bureau à la photocopieuse ou du lit au canapé… on pourrait grapiller les pas ici et là au fil de la journée. Pour autant, le combo intensité et continuité serait le plus efficace. «On commence seulement à brûler le sucre à partir des vingt premières minutes, avertit Frédéric Saldmann. Passé ce délai, on s’attaque aux mauvaises graisses et ensuite on libère plus de 1000 molécules protectrices». Alors qu’attend-on pour mettre le nez dehors ?
Source: Lire L’Article Complet