La bonne question.- Depuis le début de la saison froide, une sorte de force supérieure nous pousse souvent à assouvir un besoin de réconfort en optant à table pour des mets riches, gras, sucrés. Le phénomène s’explique. Les précisions par ici.
Si nous nous posons la question, c’est bien parce que les faits sont là. Depuis le début de l’automne, des journées à moins de six heures de lumière naturelle, de l’ensoleillement très relatif et des températures en baisse, l’organisme frétille plus à l’idée d’ingérer une raclette qu’un pavé de cabillaud et purée de brocolis. L’heure du déjeuner et du dîner sonne souvent l’appel du plat en sauce, gras parfois, réconfortant souvent.
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Habitudes culturelles et physiologie
Alors que se passe-t-il ? Plein de choses mais surtout rien de grave, quand le mangeur ne présente aucune pathologie, bien entendu. On peut se tourner vers ce genre de plats par habitude. «Il y a un aspect culturel à prendre en compte : en hiver, finalement, il y a peu de fruits et de légumes disponibles», indique le Dr Pierre Nys, ex-attaché des Hôpitaux de Paris et endocrinologue.
L’attraction pour la comfort food (alimentation réconfortante en français) survient également pour des raisons purement physiologiques. Durant la période froide, le corps consomme plus d’énergie, autrement dit brûle plus de calories, pour réguler sa température face au froid, c’est ce que l’on appelle la thermogénèse. Voilà d’ailleurs pourquoi certains ont l’impression d’avoir davantage faim qu’au printemps ou en été. «Certains réflexes archaïques sont toujours là. Si nous avons désormais des vêtements chauds pour nous couvrir et survivre au froid, le corps va tout de même avoir plus envie de produits denses caloriquement et chauds», précise Émilie Garel, psycho-nutritionniste.
La baisse de la lumière naturelle
Notre appétit est aussi régulé par la lumière extérieure ; quand elle diminue durant la saison froide, elle entraîne des modifications hormonales et peut changer les habitudes alimentaires. «On synthétise moins de vitamine D quand il y a peu de soleil et on sait que celles et ceux qui sont en déficit modéré ou chronique ont tendance à avoir plus de soucis de poids. La régulation de la sérotonine et de la dopamine est aussi impactée, on va aller chercher les précurseurs (qui vont permettre la synthèse de la molécule, NDLR) de ces hormones dans les viandes, les légumineuses, soit des produits plus roboratifs», informe le Dr Pierre Nys.
Le climat ambiant peut également impacter les choix des menus. Le jour qui raccourcit, l’humidité, le froid… Si la faim dite «homéostatique» dépend de notre état énergétique, soit de la quantité de graisses ou de sucres accumulée dans le corps, des facteurs psychologiques la régissent également. Quand il fait froid, il est fort probable que nous ayons davantage envie de nous faire du bien, et «l’alimentation est la récompense première», rappelle Liane Schmidt, chercheure à l’Inserm, qui travaille également à l’Institut du cerveau et de la moëlle épinière (ICM). Et sans nier ses vertus, une pôelée de carottes aux herbes fait rarement office de récompense alimentaire. «On va aller chercher les ressources nécessaires pour stimuler le circuit de réconfort et booster son humeur, des ressources qui se trouvent souvent dans les glucides», complète la psycho-nutritionniste Émilie Garel.
Ne pas oublier les protéines
Alors si une force supérieure nous dirige vers les mets réconforts, souvent sucrés et gras, sommes-nous toutes et tous voués à prendre du poids en hiver ? Pas obligatoirement, si l’on continue de bouger et si l’on soigne un minimum la composition de son assiette. «Le problème de ces aliments gras et sucrés est leur manque ou absence de protéines, qui restent la base de l’effet satiétogène, souligne Émilie Garel. Il faut donc veiller à toujours consommer des protéines animales ou végétales pour être calé et ne pas trop manger.»
Durant l’hiver et pour éviter de se frustrer avec une salade de roquette arrosée d’huile d’olive, la professionnelle recommande de se tourner vers les plats de nos grands-mères, qui sauront assouvir l’envie de réconfort sans trop de dommages collatéraux. «Ils sont riches mais équilibrés, avec de la viande, des légumes, des pommes de terre». Au menu ? Blanquette, bœuf bourguignon ou même la raclette, «à condition d’y ajouter des légumes». Reste à déterminer s’il s’agirait dans ce cas d’une véritable raclette. Mais c’est un autre débat.
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