Sans cesse décrédibilisés face aux chanteurs à la voix puissante, les interprètes au timbre plus intime, ou moins perché, se sont pourtant fait une place durable sur la scène française.
Qui a dit qu’il fallait une voix pour trouver sa voie dans la chanson? Le succès de Vincent Delerm le montre bien. Moqué (et imité par Laurent Gerra ou Nicolas Canteloup) pour ses textes délicats et son timbre nonchalant, il s’est imposé avec le temps comme un « songwriter » qui compte. Dans un débat aussi vieux que l’histoire de la musique populaire, les exemples abondent d’artistes qui, ne répondant pas aux critères esthétiques dominants, ont pourtant durablement tracé leur sillon.
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Tout le monde n’a pas le charisme vocal d’une Édith Piaf, d’un Johnny Hallyday ou d’un Florent Pagny, pour rester sur la scène française. Et c’est tant mieux.
Les chanteurs « à voix », et les autres…
On distingue de manière caricaturale les chanteurs « à voix », c’est-à-dire puissante, voire braillarde, façon Céline Dion, et les interprètes plus intimistes au filet de voix plus ou moins perché comme Jane Birkin. Entre ces deux extrêmes, une foule d’artistes avec des tessitures et des timbres différents ou singuliers, c’est même ce qui invite à entrer dans leur univers particulier : Brassens, Moustaki, Renaud, Souchon ou Miossec.
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À ses débuts, Charles Aznavour, outre les moqueries sur son physique, s’était vu affubler d’un surnom croustillant : « Aznovoice », celui qui « n’a aucune voix », en opposition à Frank Sinatra surnommé « The Voice ». Et Serge Gainsbourg a d’abord été raillé pour la raideur hautaine de son chant, pourtant d’une élégance altière.
Plus près de nous, Étienne Daho a lui aussi été épinglé pour sa voix blanche dans les années 1980. Il est aujourd’hui célébré comme le parrain de la scène pop-rock hexagonale. Comme Vincent Delerm, Mathieu Boogaerts est loin de posséder l’organe vocal d’un Jacques Brel, mais il illumine tout autant ses disques et ses concerts. La puissance d’interprétation a vraiment peu à voir avec la débauche de décibels et le nombre d’octaves.
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