Lors d’une interview pour le magazine « L’Illustré », Mike Horn est revenu sur sa dernière expédition menée en Arctique. Un voyage qui a mal tourné et lors duquel le célèbre aventurier a frôlé la mort et qui lui a coûté très cher, dans tous les sens du terme.

Ce fut l’expédition de tous les dangers. En novembre dernier, Mike Horn était en train de parcourir le pôle Nord avec son acolyte Borge lorsque tout a dérapé. Conditions météorologiques ingérables, manque de nourriture, fatigue extrême… le binôme d’aventuriers aurait pu y passer sans l’aide d’un bateau résistant à la glace venu les secourir en urgence. Une situation cauchemardesque que Mike Horn a accepté de détailler dans les colonnes de L’Illustré.

« Pour la première fois, j’ai bel et bien pensé que j’allais mourir« , a-t-il reconnu d’entrée. Il faut dire que dire que, le projet de traverser l’océan Arctique à cette période de l’année était en soi très ambitieux. La faute au réchauffement climatique causant d’inévitables dégâts. Mais outre la « forte dérive » de la banquise ou les vents soufflants à 100 km/h, c’est l’obscurité qui rendait la tâche difficile. « Avec 57 jours de nuit totale sur les 88 jours de marche, nous nous sommes progressivement sentis bouffés par les ténèbres. C’est l’un des éléments qui contribuent à faire de cette expédition une épreuve psychique très éprouvante« , confie le professionnel de 53 ans.

« J’ai pensé que c’était fichu »

Autant d’obstacles qui ont valu à Mike Horn et à Borge de prendre quinze jours de retard sur leur plan de route. « Donc nous étions déjà inquiets par rapport à nos réserves de nourriture. Et nous avions les jambes sciées par ce vent contraire. En plus, il pleuvait ! La pluie au pôle Nord, fin octobre, à notre connaissance, cela n’a jamais été signalé. Un signe de plus, sans doute, du changement climatique. » La situation devient critique lorsque le père de Jessica et Annika passe à travers la glace et tombe dans une eau à -28 °C. « Même s’il m’était déjà arrivé plusieurs fois d’être confronté à des situations limites, là, quand la glace a cédé et que je suis tombé dans l’eau, j’ai pensé que c’était fichu. » Heureusement, fort de ses réflexes et de sa rage de vivre qu’il doit à sa femme décédée d’un cancer, Mike Horn parvient à se sortir de l’eau. Après une nouvelle marche de 12 km, les amis sont secourus par le Lance, un bateau brise-glace dans lequel ils resteront trois semaines.

Lors de son interview, Mike Horn explique que le fait d’avoir été en duo avec Borge lui a certainement sauvé la vie. « Je n’ai jamais eu ce sentiment de devoir me battre pour m’en sortir. Borge répétait de son côté qu’il devait en réchapper pour sa dernière fille, encore très jeune. Il me répétait qu’il ne fallait pas s’éloigner l’un de l’autre en cas de rupture de la glace, afin que l’un puisse venir au secours de l’autre. Moi, je fais des choses risquées pour avoir la sensation d’être vivant. Et là, j’y allais quand la glace était fine, tandis que Borge préférait la contourner. Et c’est le compromis permanent entre nos deux attitudes qui nous a sans doute permis de réussir cette traversée. » Véritables férus de sensations fortes, mais en grand danger, ils ont pourtant mis du temps à demander de l’aide. « Nous étions face à un dilemme : si nous demandions à être rapatriés par hélicoptère ou par un brise-glace, notre expédition était un échec. En même temps, nous ne pouvions plus continuer longtemps dans ces conditions. » La solution du bateau résistant à la glace s’est donc imposée en dépit de son coût . « Je confirme que je me retrouve avec une très grosse facture à payer. La solution de l’assistance par hélicoptère ou par brise-glace aurait été bien plus économique. Mais bon, le plus important, c’est que cette expédition soit un succès.« 

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