L’actrice Isabelle Carré a accordé une interview au journal Le Monde, dans laquelle elle se confie sur les blessures de son enfance. Elle évoque sans détours sa tentative de suicide et l’homosexualité de son père.
La comédienne Isabelle Carré, actuellement au cinéma dans le film Un vrai bonhomme, qui se produit également sur la scène du Théâtre du Rond-Point, à Paris, dans la pièce Détails, et qui incarnera la femme du général, Yvonne de Gaulle aux côtés de Lambert Wilson dans le film De Gaulle (en salles le 4 mars prochain), a accordé un long entretien à nos confrères du Monde, dans le rubrique « Je ne serais pas arrivée là si…. » L’actrice de 48 ans, atteinte d’un TOC et qui a déjà révélé avoir subi des violences, s’y livre sans détours.
Isabelle Carré révèle qu’elle a voulu mourir à 14 ans… « Si dans le service psychiatrique de l’hôpital pour enfants (…) je n’avais pas vu Romy Schneider dans le film Une femme à sa fenêtre (de Pierre Granier-Deferre, en 1976), et n’en avais pas été bouleversée. J’avais 14 ans, je venais de faire une tentative de suicide, j’étais bloquée dans cet établissement aux fenêtres condamnées autant que dans ma vie d’adolescente dont l’avenir me donnait la nausée. Et soudain, j’ai entendu ces mots : ‘Préférer les risques de la vie aux fausses certitudes de la mort.’ J’ai couru dans ma chambre chercher le petit carnet sur lequel je notais ce qui m’importait. Et j’ai retranscrit, presque frénétiquement, toutes les répliques de Romy (…). Je me les suis rejouées ensuite dans ma chambre. De nombreuses fois. Et j’ai entrevu la solution. »
Les raisons qui l’avait poussée à mettre fin à ses jours ? « Un chagrin d’amour. J’avais appris que mon amoureux n’était sorti avec moi que pour gagner un pari avec ses potes. j’ai donc vidé la pharmacie et pris soin d’avaler tous les cachets (…). L’actrice précise que d’autres chagrins « plus fondamentaux, et plus enfouis », l’avaient poussée à cet acte ultime. Une carrière de danseuse à laquelle elle avait dû renoncer, mais aussi « une addition de secrets, de nœuds et de douleurs d’ordre familial. »
L’homosexualité de son père a longtemps pesé sur elle
Lorsque le journaliste lui demande si l’homosexualité de son père, apprise tardivement et qui eut raison du mariage de ses parents, a apporté à ce trouble familial qu’elle ressentait, Isabelle Carré a ces mots forts : « Il est très important d’être clair sur ce point : l’homosexualité en soi n’était pas le problème ! Le problème, c’était de ne pouvoir la dire, l’assumer et la vivre ouvertement. Le problème, c’étaient les discours culpabilisants de l’époque et une foule d’obscurantistes qui la considéraient comme une maladie ». L’actrice, très concernée, exprime son regret de voir qu’aujourd’hui des personnes rejettent encore le modèle d’une famille homo parentale. Fière de son père dont elle a accepté l’homosexualité, celle qui est désormais mère de famille (elle a trois enfants : Antoine, 12 ans, Madeleine, bientôt 10 ans et Clara, 7 ans) milite pour plus de tolérance : « Non les enfants d’homos ne sont pas malheureux. Ou s’ils le sont, c’est à cause du regard et de l’opprobre jetés sur leurs parents. Changez ce regard et tout ira bien ». L’actrice abordera d’ailleurs la question de la figure paternelle dans la comédie L’esprit de famille (au cinéma ce 29 janvier) avec François Berléand.
Source: Lire L’Article Complet