François Busnel parle avec passion, depuis onze ans, des auteurs importants de la littérature à une heure de grande écoute. Et sur son plateau se mêlent actualité et émotion. Entretien.
Vous considérez La Grande Librairie comme un club de lecture…
François Busnel : Exactement ! C’est le club des gens qui ont envie de liberté, de penser en dehors des rails de sécurité, d’être émus par autre chose que des sentiments forcés.
Avez-vous des retours dans ce sens de la part des téléspectateurs ?
Si vous saviez le nombre de gens qui m’écrivent pour me dire qu’ils ont enfin compris que lire, ce n’était pas pour faire chic ou se cultiver. Mais simplement pour le plaisir de redécouvrir la beauté du monde, pour retrouver le goût de s’interroger.
Sommes-nous tous égaux face aux livres ?
Oui, mais sans le savoir. Nous avons tous, au fond de nous, la même curiosité. Mais, de nous-même, ou à cause de la société, nous refoulons cette curiosité. Tous les enfants aiment qu’on leur raconte une histoire. Mon boulot, c’est de restaurer le désir, l’émerveillement et l’étonnement.
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Quels seront les prochains thèmes que vous aborderez ?
Nous aurons une émission consacrée à la science, autour d’une question simple : à quoi ressemblera l’humanité dans vingt ans ? Nous préparons aussi une émission autour d’Albert Camus, à l’occasion des soixante ans de sa disparition. Et une autre consacrée aux rapports parents-enfants. J’ai plein d’idées dans ma besace !
Lire, c’est aussi comprendre le monde actuel à travers des ouvrages plus anciens. Vous l’avez récemment démontré dans une émission spéciale sur la Révolution française…
On entend partout des experts et des spécialistes qui portent des regards d’éditorialistes. Tout le monde dit ce qu’il pense. C’est le règne de l’opinion. Beaucoup de gens ont envie d’échapper à cette déferlante d’avis et veulent qu’on leur explique le monde à travers des histoires plutôt que des théories.
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Récemment, vous avez présenté vos excuses pour avoir reçu sur votre plateau, en 2015, Gabriel Matzneff, aujourd’hui accusé de pédocriminalité. Vous vous sentez responsable, quand vous recevez des auteurs ?
Forcément, surtout quand vous vous adressez à 500.000 ou 1 million de téléspectateurs. Je ne suis pas un héros, il m’arrive de me tromper. Mais ma responsabilité n’est pas totale. Chacun est assez grand pour se faire sa propre opinion en regardant La Grande Librairie. Une invitation n’est pas une caution. Les gens ont oublié qu’une émission de télé n’est pas un tribunal : ce n’est pas à moi de juger, c’est à la justice. Comme Bernard Pivot en son temps, j’organise des débats et je propose aux gens tout ce qui existe. On ne peut pas réclamer le libre arbitre et nous tomber dessus ensuite…
Qu’en est-il du documentaire que vous avez tourné pour le cinéma ?
Il s’appelle Seule la Terre est éternelle. C’est un film un peu particulier, avec un seul protagoniste : l’écrivain américain Jim Harrison. Six mois avant sa mort (le 26 mars 2016, ndlr), je lui ai proposé ce film qui raconte son histoire, celle d’un vieil homme qui a brûlé la vie par les deux bouts, mais aussi l’histoire d’un pays, d’une terre, et des questionnements environnementaux. J’espère qu’il sortira à l’automne en hommage à l’un de ses plus grands ouvrages, Légendes d’automne.
La Grande Librairie : mercredi 29 janvier à 20h50 sur France 5
Interview Amandine Scherrer
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