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Les apiculteurs procéderont bientôt aux premières récoltes de miel de printemps. Un produit de terroir très différent d’une région à l’autre !
Plus crémeux et plus doux, le miel récolté au printemps bénéficie des premières floraisons d’amandiers, d’érables, de noisetiers, de pommiers, d’aubépines… Mais y aura-t-il encore des abeilles pour les butiner ? Comme on le sait, ces insectes traversent une crise sans précédent, due à plusieurs facteurs.
Orientée vers la monoculture, l’agriculture intensive détruit le paysage bocager et disperse des pesticides qui leur sont fatals ; le dérèglement climatique perturbe la vie des ruches ; un prédateur invasif (le frelon asiatique) et un parasite (l’acarien varroa, originaire de l’Asie du Sud-Est) font des ravages… Selon les régions, entre 30 et 80 % des essaims meurent chaque année. Mais les apiculteurs se battent. Ils tentent notamment d’assurer la survie de plusieurs variétés d’abeilles noires mellifères, adaptées à des terroirs bien particuliers et ainsi dénommées écotypes. L’isolement, sur une île ou en montagne, favorise la perpétuation de ces abeilles régionales, marqueurs d’une identité séculaire et d’un savoir-faire unique.
En Corse : son miel est protégé
L’abeille corse s’est adaptée au maquis et aux rigueurs du climat de moyenne montagne, variant des fortes chaleurs estivales aux coups de froid hivernaux. On la reconnaît à sa teinte plus noire que ses congénères continentales et à ses bandes jaune-orangé plus fines. A Altiani, près de Corte, une station technique de sélection permet de préserver l’écotype corse. L’abeille produit six gammes de miel, plus ou moins doux ou amer, identifié sous l’AOP Miel de Corse-Mele di Corsica. Une association d’apiculteurs, l’URGDSA, en assure la promotion.
En Provence : une spécialiste de la lavande
L’abeille noire provençale, assez robuste pour voler dans le mistral, supporte bien la chaleur méditerranéenne. Afin d’optimiser la production, les apiculteurs pratiquent la transhumance des ruches, qu’ils déplacent au gré des saisons et des floraisons : garrigue, romarin et lavande. La conservation de cette abeille se révèle ardue, car cet écotype s’hybride avec d’autres espèces. La reine des abeilles étant fécondée en vol, l’identité du faux bourdon (le mâle) est, en effet, difficilement contrôlable.
En Bretagne : la noire d’Ouessant résiste
Puissante et de grande taille, l’abeille noire bretonne résiste au grand froid et à l’air marin. Au large du Finistère, sur l’île d’Ouessant, l’espèce a été introduite il y a une quarantaine d’années. Une terre sauvage, préservée de l’agriculture intensive et du parasite varroa. Quelque 140 ruches bio sont désormais entretenues, étudiées et en partie vendues dans le cadre d’un conservatoire dédié à l’espèce. Prélevé sur les ronces, les herbacées marines et les bruyères, le pollen y est assez diversifié pour assurer la survie de l’abeille, qu’on appelle ici la sentinelle.
La reine des châtaigniers cévenols
Des hivers rigoureux, des printemps tardifs suivis d’une période de floraison très courte… En quelques milliers d’années, l’abeille noire cévenole a fait de la sobriété sa principale qualité. Très rustique, elle est élevée dans des ruches creusées dans des troncs de châtaigniers. Quasiment imputrescibles, ces structures riches en tanins offrent un refuge parfaitement étanche, à l’abri du froid et du vent, utilisable pendant… trois ou quatre siècles. Une lauze (dalle de schiste) fait office de couvercle.
Un village l’honore en Limousin
Le blason municipal de La Roche-l’Abeille, en Haute-Vienne, présente trois abeilles d’or volant au-dessus d’un donjon rouge. Mais on ne sait pas exactement à quoi fait référence ce nom qui apparaît en latin (Rupe de Ape) au XIIIe siècle. A une abbaye qui possédait un bien dans ce village ? On raconte aussi qu’un essaim aurait mis en fuite des assaillants, au temps des guerres de religion. Une légende qui ne manque pas de piquant !
On la retrouve partout !
Chez Napoléon
Parce qu’elle symbolise l’ordre social et l’ardeur au travail, Napoléon Ier choisit l’abeille comme emblème impérial en 1804. Il s’inspire ainsi du roi mérovingien Childéric Ier (père de Clovis), qui avait probablement choisi l’insecte comme ornement royal au Ve siècle.
En chanson
En 1953, Bourvil chante La Belle Abeille qui « a butiné les blés barbus ». Avec Les Abeilles, en 1965, il y revient : « Mais gare à celui qui s’égare au milieu d’elles, par hasard. Il aura beau s’enfuir dare-dare, il sera piqué par le dard. Bzz bzz bzz. » Des paroles de haute volée !
En haute-mer
Fondée au Havre en 1864, la société de remorquage et de sauvetage en mer Les Abeilles porte toujours secours aux navires en détresse, avec ses remorqueurs l’Abeille Languedoc, l’Abeille Liberté, l’Abeille Bourbon et l’Abeille Flandre.
Dans les croyances
Depuis le Moyen Age, la cire d’abeille est traditionnellement utilisée pour confectionner des cierges… toujours réputés de nos jours pour leurs vertus. En Corrèze, les apiculteurs tracent ainsi un cercle autour de la ruche avec un cierge béni. Dans les Vosges, le vendredi saint, on pose une petite croix en cire d’abeille sur la ruche pour protéger la colonie.
Article paru dans le numéro Femme Actuelle Jeux Régions n°13 avril – mai 2019
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