« 2009 était l’année où je vivais dans ma voiture. J’étais une fille de Houston, Texas, qui n’avait aucun plan, aucun espoir. 2019 est l’année où mon album est devenu n°1 et où j’ai dit à ma maman ‘Je peux t’acheter une maison’. Tout peut arriver en une décennie. » C’est avec ces mots destinés aux 7,3 millions d’abonnés de son compte Instagram que la chanteuse américaine Lizzo a tenu à marquer le passage dans la nouvelle année.

2009 was the year my daddy died. 2009 was the year I lived in my car and cried myself to sleep on thanksgiving. 2009 I was a girl in Houston Texas with no plan, no hope, no will to carry on. 2019 is the year my album and song went number 1. 2019 is the year I told my mama ‘I can buy you a house’. 2019 I am a woman with a 20/20 vision of the future. Anything can happen in a decade. Tomorrow is the beginning of your anything. Thanks for the ride 2019. Here we go 2020!

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Un constat éloquent après une année 2019 décisive pour la jeune femme. Son troisième album, Cuz I Love You, sorti en avril dernier, lui offre huit nominations aux Grammy Awards qui seront remis le 27 janvier, devançant ainsi le rappeur Lil Nas X et la chanteuse Billie Eilish, avec six nominations chacun. Ce n’est pas vraiment une surprise puisque Lizzo a squatté tout au long de l’année le Billboard Hot 100 Chart (le classement hebdomadaire des chansons les plus populaires aux Etats-Unis) en enchaînant les tubes comme Truth Hurts, Boys, Juice ou encore Tempo.

Mais la success story tardive de Lizzo n’est pas qu’une histoire de morceaux bien produits. Si la chanteuse a fini par percer, c’est surtout en assumant enfin, et avec extravagance, son statut de femme noire et obèse dans une industrie musicale relativement normée. Après avoir posé nue sur la pochette de son album, elle a réitéré l’expérience en affichant fièrement ses vergetures dans le magazine Rolling Stone* et poste régulièrement sur les réseaux sociaux des vidéos où elle se met en scène en tenue très légère.

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Cuz I Love You | 4/19/2019

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Quant à ses apparitions publiques et ses prestations scéniques, elles éclipsent tout et tout le monde. Du festival Coachella où, comme le note USA Today*, elle a assuré le show en dépit de problèmes techniques, à sa tenue arborée (et très commentée, comme le relève le magazine Time*) à l’occasion des American Music Awards, Lizzo fait constamment parler d’elle. Il n’en fallait pas plus pour que le Time lui décerne le titre d' »Entertainer de l’année 2019″. Pourtant, si ce titre lui colle parfaitement, on ne peut résumer Lizzo, et comprendre son succès, qu’à travers ce prisme de show girl provocante et joviale.

Drôle, salace et engagée

Sur la scène des MTV Video Music Awards, le 27 août 2019, Lizzo, accompagnée de danseuses aux fessiers apparents (un clin d’œil à Prince avec qui elle a collaboré, comme l’explique le site Buzzfeed*), interprète deux de ses tubes devant un postérieur géant gonflable.

La couverture du numéro de décembre 2019 du Vogue Magazine britannique. (DR)

Désormais, Lizzo semble plus forte que jamais, même si elle sait que son combat pour s’accepter n’est pas totalement gagné. « Cette salope est toujours là, mec, confie-t-elle au Guardian*. J’ai commencé une thérapie et j’ai pensé qu’elle était partie, mais elle est revenue. Vous ne pouvez pas juste ignorer la personne que vous étiez. Vous devez l’accueillir. » Preuve qu’elle n’est pas « 100% That Bitch » comme elle l’affirme dans Truth Hurts, Lizzo a annoncé le 6 janvier qu’elle quittait Twitter jusqu’à nouvel ordre. Une façon pour elle de se protéger des attaques et moqueries incessantes sur son poids qu’elle subit sur les réseaux sociaux. Il reste encore du chemin pour qu’une femme noire et obèse puisse être à l’aise avec son corps. Mais Lizzo a ouvert la voie.

* Tous les liens suivis d’un astérisque sont en anglais.

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