Les plaidoiries du procès de Harvey Weinstein débutent ce mercredi 22 janvier. Côté défense, les avocats sont bien décidés à fragiliser la crédibilité de ses accusatrices. Côté accusation, ils soutiennent le mouvement #MeToo, qui considère l’ex-producteur comme l’incarnation du prédateur sexuel.

Après dix jours de sélection des jurés au tribunal de Manhattan, place aux plaidoiries d’ouverture. Le procès du producteur Harvey Weinstein débutera ainsi ce mercredi 22 janvier, avec deux femmes en vedette de ce jugement ultra-médiatisé : Joan Orbon-Illuzzi, procureure, et Donna Rotunno, principale avocate du mogul déchu, habituée à défendre les agresseurs sexuels présumés.

La stratégie de Donna Rotunno

Cette dernière entend mettre en doute les motivations des deux principales accusatrices de son client. Comprenez, Mimi Haleyi, une ex-assistante de production qui accuse Harvey Weinstein de rapport sexuel forcé en 2006, et une femme restée anonyme jusqu’ici, qui l’accuse de l’avoir violée en 2013. Soulignant que les deux femmes étaient restées en relation avec M. Weinstein après les agressions supposées, elle a suggéré que c’était elles qui avaient manipulé le producteur aux 81 Oscars, et non le contraire.

«C’est parce qu’il avait du pouvoir qu’elles l’utilisaient encore et encore, au maximum», a-t-elle déclaré récemment au New York Times. La défense a confirmé le mardi 21 janvier qu’elle produirait «des dizaines et des dizaines de mails» suggérant que ses accusatrices avaient gardé une relation «aimante» avec Harvey Weinstein après le viol et l’agression présumés, selon des journalistes présents au tribunal. L’avocate Gloria Allred, qui représente Mimi Haleyi, a indiqué s’attendre à ce que sa cliente subisse «un contre-interrogatoire brutal» de la part de Mme Rotunno.

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Inculpation à Los Angeles

Ces deux agressions présumées sont les seules dont doit répondre M. Weinstein, 67 ans, lors de ce procès new-yorkais censé s’achever le 6 mars. Cependant, il a été inculpé début janvier à Los Angeles de deux autres agressions sexuelles en 2013. Même s’il était acquitté à Manhattan, ses démêlés judiciaires seraient loin d’être terminés.

Au total, plus de 80 femmes, parmi lesquelles des vedettes comme Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow ou Léa Seydoux, l’ont depuis octobre 2017 accusé de harcèlement et d’agressions sexuelles, parfois lors de grands festivals de cinéma comme Cannes, Sundance ou Toronto. Mais la plupart des faits sont anciens et prescrits.

La tactique de l’accusation

La procureure Joan Orbon-Illuzzi prévoit néanmoins de faire témoigner quatre autres femmes qui accusent le producteur d’agressions sexuelles anciennes. Parmi elles, l’actrice Annabella Sciorra, de la série Les Soprano, qui accuse le producteur de l’avoir violée en 1993.

Elle entend ainsi prouver aux jurés – sept hommes et cinq femmes – que M. Weinstein était un prédateur sexuel confirmé. S’il est condamné, ce père de cinq enfants, deux fois divorcé, risque jusqu’à la perpétuité. L’accusation ne dispose d’aucune preuve matérielle, ni de témoin direct, des agressions présumées.

Mais le mouvement #MeToo a eu un tel impact aux États-Unis depuis deux ans – avec des dizaines d’hommes de pouvoir détrônés à la suite d’abus sexuels présumés – que l’accusation espère que les jurés écouteront les victimes avec plus de bienveillance qu’autrefois. Des militantes ont d’ailleurs manifesté devant le tribunal début janvier, et certaines prévoient d’assister aux audiences.

Consciente de l’évolution de l’opinion, la défense a essayé jusqu’au dernier moment de faire déplacer le procès loin de New York. Lors de la sélection des jurés, elle a essayé d’écarter les jeunes femmes, au motif qu’elles ne comprendraient pas «la façon dont le monde tournait dans les années 1990». Une époque où les femmes restaient souvent silencieuses sur les abus sexuels qu’elles subissaient.

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