ARCHIVE. C8 diffuse ce soir Le bonheur est dans le pré succès du box-office en 1995. Confidences du réalisateur, Étienne Chatiliez.

Pourquoi avoir choisi Eddy Mitchell pour incarner Gérard, l’ami d’enfance de Francis Bergeade, joué par Michel Serrault ?

Étienne Chatiliez : À l’origine, c’est Gérard Depardieu qui devait tenir ce rôle, au côté de Jean Carmet dans le personnage de Bergeade. Mais la mort de Carmet a tout remis en question. Avec ma scénariste, Florence Quentin, nous avons alors pensé à Eddy Mitchell : il connaissait bien Michel Serrault, l’appréciait et avait déjà tourné avec lui dans À mort l’arbitre ! En plus, Eddy a cet aspect « gaulois » qui collait bien au personnage du film. Le scénario l’a emballé, et il a immédiatement accepté.

Sur un plateau, Eddy est-il facile à diriger ?

Sous sa carapace de râleur, de type bourru, Eddy Mitchell a un cœur immense et une vraie intelligence  d’acteur. N’oubliez pas qu’il est chanteur et auteur ! Il écrit les textes de ses chansons. Il comprend vite ceux d’un scénario et les restitue à merveille. Dans la comédie, il sait tout de suite où il faut aller pour être drôle.

Est-il vrai que Michel Serrault a adoré travailler avec vous ?

Oui. Il sortait de Nelly et Mr. Arnaud et cela ne s’était pas très bien passé avec Claude Sautet. Sur mon plateau, c’était l’inverse : Michel s’entendait bien avec ses partenaires, Sabine Azéma et Eddy Mitchell. Ils formaient un vrai trio complice.

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Dans le casting du film il y a aussi François Morel et Yolande Moreau…

J’adore Yolande Moreau, avec laquelle j’ai tourné des publicités. En revanche, je n’avais jamais travaillé avec François Morel. J’ai découvert un acteur formidable.

Votre comédie prend des libertés avec la morale. Cela signifie que le bonheur ne rime pas toujours avec la vertu ? 

Oui. Le bonheur, profiter de la vie, c’est parfois être immoral. C’est-à-dire ne pas respecter à la lettre les normes de la société. Et, justement, c’est cela qui est amusant.

Comment se déroule un tournage à Vic-Fezensac, au fin fond du Gers ? 

Admirablement, exception faite de la météo, qui a été désastreuse… Avec Florence, ma scénariste, nous sommes tombés amoureux de cette région magnifique lors d’une semaine de repérage. C’est pourquoi j’ai tenu à tourner des scènes sur le marché de cette commune. Avec le succès du film, le Gers, région plutôt désertée, a connu une affluence touristique énorme, avec un boom des prix de l’immobilier !

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Il y a vingt ans, vous faisiez déjà l’apologie de la bonne bouffe, du terroir et de la campagne. Vous étiez un visionnaire… 

Vous savez, le foie gras, l’armagnac, le bon vin et l’amitié sont des valeurs éternelles. Ce long-métrage véhicule des plaisirs simples. Il parle de cette province que je connais bien et que j’apprécie particulièrement. N’oubliez pas non plus que j’ai grandi, jusqu’à l’âge de 14 ans, à Marcq-en-Barœul, dans le Nord, région où j’ai réalisé La vie est un long fleuve tranquilleLe bonheur est dans le pré est lui sorti le 6 décembre 1995, la France était alors en pleine grève. Tout le pays était bloqué dans un froid glacial, et les Français souffraient. En sortant de la séance, les gens disaient : « Si seulement la vie pouvait être aussi douce que dans ce film… »

Le bonheur est dans le pré est diffusé dimanche 19 janvier à 21h05 sur C8.

Interview Jean-Baptiste Drouet

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