Le comédien Patrick Chesnais, si succulent et espiègle sur scène ou à l’écran, a pourtant traversé le pire des drames : la mort d’un enfant. Quatorze ans après avoir perdu son fils de 20 ans, Ferdinand, dans un terrible accident de la route, l’acteur, toujours inconsolable, lui consacre un nouveau livre bouleversant.

Si l’on a tous en mémoire ses facéties et son séduisant mystère dans des films comme La lectrice, Je ne suis pas là pour être aimé, ou Les Beaux Jours, ou sur scène dans des pièces comme Skylight et Cochons d’Inde, le comédien Patrick Chesnais, 72 ans, a vu sa vie basculer il y a quatorze ans en vivant le pire des drames : la perte de son fils de 20 ans, Ferdinand.

Ce terrible 13 octobre 2006, le jeune Ferdinand, comédien lui aussi, né de la relation de Patrick avec Coralie Seyrig (la nièce de Delphine Seyrig), sort d’une représentation de Soleil Noir, la pièce qu’il joue tous les soirs dans un petit théâtre du XIe arrondissement. Après le spectacle, il retrouve quelques amis afin de décompresser, la soirée est arrosée. Il rentre en voiture avec l’un d’entre eux. Lui s’installe côté passager, son ami prend le volant. Il est 3h19 quand, au niveau de la porte d’Auteuil, son ami se trompe au moment d’entrer sur le périph’ et emprunte la bretelle de sortie, percutant une voiture de plein fouet qui en sortait. Les deux conducteurs s’en sortent. Pas Ferdinand, qui trouvera donc la mort au bout de cet épouvantable accident. Le conducteur, Hervé Richardot, avait 1,68 gramme d’alcool dans le sang. Il écopera d’une peine de trois ans de prison ferme et d’une amende de 50 000 euros de dommages et intérêts.

Evidemment, depuis ce drame, survenu il y a bientôt quatorze ans, les proches de Ferdinand restent inconsolables, son père en première ligne, qui se lança dans de nouveaux combats à la mémoire de son fils, comme la création dès 2007 de l’Association Ferdinand – fondée dans le but de prévenir les dangers que constituent l’alcool au volant et de sensibiliser les plus jeunes -, qui produit notamment des spots de prévention contre la consommation d’alcool au volant. Par la suite, en 2008, Patrick écrivait son premier livre : Il est où, Ferdinand ? : Journal d’un père orphelin, publié chez Michel Lafon, dans lequel il évoquait le lien d’un père, écrasé par le chagrin, et de son fils disparu.

Aujourd’hui, les années passent, et, malgré ses différents engagements pour faire perdurer sa mémoire, Patrick Chesnais est toujours dans le deuil, comme le prouve la sortie de son deuxième ouvrage, publié ce 23 janvier aux éditions de l’Archipel. Intitulé La vie est belle, je me tue à vous le dire ! (une citation empruntée à Jacques Prévert), ce nouveau livre est une fois encore consacré au décès tragique de son fils aîné.

Dans les pages de France Dimanche de ce 12 janvier, un bouleversant extrait de l’ouvrage a été publié. Il y revient sur le jour de son enterrement : « Je voyais, lui, allongé pour toujours dans cette boîte, juste devant moi, porté par des costauds des pompes funèbres, calme, éteint, définitivement mort… Je me disais que j’aurais dû mieux le protéger et que c’est moi qui aurais dû être dans cette boîte… Je n’ai pas été un bon père. Un bon père, ça empêche son fils de mourir à vingt ans. » Anéantie par la culpabilité de n’avoir pu éviter le pire à son fils, le comédien sait qu’il ne se remettra jamais de ce drame. Même si, le soir même de l’horreur, et alors qu’il n’avait jamais ressenti une peine aussi forte, Patrick était monté sur une scène à Enghien – comme seuls les artistes peuvent le comprendre dans pareil moment – pour jouer la comédie de boulevard Une heure et demie de retard. Dans son ouvrage, il s’en rappelle en ces termes : « La situation était au bord, au bord de tout, de la détresse, de la mort, de la vie qui continue. C’est comme pour manger, pisser, dormir, à un moment ça vient, ça dégouline. » Et depuis, ça n’a jamais cessé.

Crédits photos : Bestimage

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