- Plébiscités pour leur côté écolo et les petits prix proposés, les friperies vivent une seconde vie.
- Ces boutiques, de plus en plus nombreuses, ont su se réinventer « pour coller aux tendances actuelles tout en se démarquant de ce qui est vendu par les grands groupes. »
Les prix y sont déjà bas toute l’année mais depuis mercredi, il y a quand même des promos. Alors que le coup d’envoi des soldes d’hiver vient d’être lancé, les friperies veulent elles aussi leur part du gâteau. D’autant que dans les grandes villes, ces boutiques qui proposent des vêtements de seconde main se multiplient à vitesse grand V.
A Nantes, après l’arrivée de la dernière il y a trois mois face aux Galeries Lafayette, elles sont désormais une dizaine à attirer les fashionistas et/ou partisans d’un autre mode de consommation.
Après avoir baissé le rideau il y a quinze ans, l’enseigne Kiloshop a fait son grand retour dans la Cité des ducs. Ici, des milliers de jeans, chemises ou manteaux, de toutes les couleurs et de toutes les époques, sont vendus au kilo, avec un prix fixé selon le type d’article. Et depuis quelques mois, les ventes décollent selon le responsable, Hervé Benesteau. « Avant, les gens venaient pour dénicher une pièce, parfois pour une soirée à thèmes. Désormais ils viennent
pour s’habiller », assure celui qui a enregistré une hausse de son chiffre de 20 % en un an.
Il faut dire que les friperies d’aujourd’hui font tout pour aider les clients à franchir le cap. Finis l’odeur de poussière ou les énormes bacs qui débordent de tissu. Chez Rönin, ouvert il y a un an et demi, les vêtements sont triés par type, taille et couleur et passent soigneusement au défroisseur vapeur. « Les clients ne veulent plus passer 4h en boutique, estiment Alexis et Bruno, les cogérants de ce magasin à l’univers street. On a choisi de mettre moins de marchandise en rayon, avec une rotation régulière. On mise sur des produits originaux et d’époque. Ils sont de meilleure qualité et ont une histoire. »
Coller aux tendances
S’ils font un geste pour l’environnement et du bien à leur porte-monnaie, pas question pour les chineurs de se retrouver avec n’importe quoi sur le dos. Pour leur proposer les meilleures pièces, les friperies travaillent avec des grossistes du monde entier, qui rachètent et sélectionnent les meilleures pièces parmi les tonnes de vêtements récoltés par les associations caritatives. « Il y a ensuite un très gros travail, indique Jérémy Dupuy, le patron de Frip in shop, ouvert rue Joffre il y a dix ans, trois nouveaux magasins dans le département depuis. On resélectionne, on détache, voire on envoie à des couturières pour transformation… Il faut que les vêtements collent aux tendances actuelles, tout en se démarquant de ce qui est vendu par les grands groupes. »
Dans les rayons, pantalons taille haute et velours sont en ce moment très recherchés. Et parmi les clients, si certains jurent qu’ils n’achètent que d’occasion, nombreux sont ceux qui jouent encore sur les deux tableaux. « Mon sweat est neuf mais cette chemise à rayures, c’est une Tommy Hilfiger à 8 euros, sourit Ambre, 20 ans, qui tire son col à rayures. Ma garde-robe, désormais, c’est moitié-moitié. J’adore mixer, ça permet de créer son propre style. » Il n’empêche que certains n’hésitent pas à parler d’« un effet de mode », qui peut aboutir à des paradoxes. « On se dit qu’il faut moins consommer mais en friperie, on craque plus facilement, avoue Laurine. J’ai déjà une veste en jean mais j’en ai récemment acheté une deuxième : je n’en ai pas besoin, mais elle était trop belle. »
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