- Le premier épisode de la 5e saison de Skam France sera disponible ce vendredi à 18 heures sur France.tv Slash.
- Cette saison est une première mondiale, puisque le format norvégien original s’est arrêté au bout de 4 saisons seulement.
- Les 4 premières saisons totalisent plus de 100 millions de vues, et le teen drama s’est imposé comme un vrai phénomène de société.
- Décors, musique, production, mise en scène… Le réalisateur et le directeur de production de ce succès ont confié à 20 Minutes tous les secrets de fabrication de ce succès.
Alors que les quatre premières saisons de Skam France ont cumulé plus de 100 millions de vues, le premier épisode de la 5e saison sera disponible ce vendredi à 18 heures sur France.tv Slash. « C’est une création totalement française », puisque la version originale norvégienne s’est arrêtée au bout de sa 4e saison, a rappelé
Delphine Ernotte, lors d’une audition devant la commission des Affaires culturelles de l’Assemblée nationale ce mercredi. Alors que la 6e saison est en préparation, « on est
en discussions pour la 7 et la 8 », a ajouté la PDG de
France Télévisions. « Skam est un vrai bouleversement éditorial », a déclaré la dirigeante.
20 Minutes a pu découvrir certains des secrets de fabrication de ce phénomène, « majeur chez les jeunes autour de 16 ans », et « pas tellement perçu par les adultes ».
« Arthur et le handicap invisible »
A l’instar du format norvégien original, Skam France s’appuie sur un dispositif transmédia de diffusion innovant, autour du quotidien, somme toute banal, d’un groupe de lycéens parisiens. Chaque saison se concentre sur un personnage et une problématique spécifique. La première saison centrée sur Emma aborde l’affirmation de soi, la seconde sur Manon, le cyberharcèlement, la troisième sur Lucas, l’homosexualité, la quatrième sur Imane, la foi. La saison 5 se concentre sur « Arthur et le handicap invisible », résume
David Hourrègue à la mise en scène depuis la saison 1.
« On est attendu au tournant parce qu’on est les premiers »
« Pour les saisons 5 et 6, on part de rien. Le travail d’écriture a été beaucoup plus important que sur les saisons précédentes, qui étaient des adaptations », confie Benoît Auriol, directeur de production de Skam France. Comme pour toute websérie, le budget – non communiqué –, relève « d’une économie restreinte ». La production a bénéficié d’une enveloppe plus importante pour ces saisons 5 et 6 : « On est attendu au tournant parce qu’on est les premiers à faire ça. On a été les premiers à adapter, beaucoup ont suivi. On est les premiers à lancer de nouvelles saisons. On a un train d’avance sur tout le monde, c’est une bonne pression parce qu’on a envie de taper fort », explique le directeur de production.
« Quarante jours de tournage étalés sur neuf semaines »
Ce petit budget oblige à un planning serré et une organisation au cordeau. « Il y a un vrai travail de rationalisation », souligne Benoît Auriol. Pour optimiser les coûts, les saisons 5 et 6 ont été développées et tournées simultanément. L’écriture a commencé en avril, le casting et les repérages en juin, le tournage a eu lieu cet hiver : « Quarante jours étalés sur neuf semaines ». Sur le plateau, en moyenne 35 techniciens et de 2 à 30 comédiens. « Pour la fête, et elles sont nombreuses dans Skam, qui conclut traditionnellement chaque saison, tout le casting est présent », précise le directeur de production.
« On prie pour qu’il ne neige pas »
Skam France se distingue surtout par son mode de diffusion qui permet de suivre la vie des personnages en temps réel. « Lorsque les héros de la série vont à une fête le vendredi, la vidéo de la fête est mise en ligne le vendredi », expliquait Marianne Furevold, productrice du format norvégien au festival Série Series en 2016. « Coller à cette réalité de temps est la grande difficulté de Skam. On sait précisément quand chaque séquence va être diffusée et plus on avance dans le tournage en hiver, plus on avance dans la série vers les beaux jours, alors on prie pour qu’il ne neige pas », confesse Benoît Auriol.
« Des tournages et des auteurs dédiés aux contenus transmédias »
Des courtes séquences, mises en ligne quotidiennement sur France.tv Slash, forment un épisode complet chaque vendredi. « J’arrive très en amont dès l’écriture, qui doit fonctionner de manière épisodique hebdomadaire et au quotidien », raconte David Hourrègue. En parallèle, les internautes peuvent suivre la vie des protagonistes sur les réseaux sociaux. « C’est toute une gymnastique ! Les contenus transmédias sont faits sur le plateau une fois que la séquence est terminée. On a aussi des tournages et des auteurs dédiés aux contenus transmédias », raconte le directeur de production.
« Trop de temps forts dans un épisode, c’est contre productif »
Le principal challenge consiste selon le réalisateur à « gérer les temps forts ». Il faut tout à la fois que le montage final des séquences quotidiennes reste « cohérent » et s’assurer que ceux qui suivent la série quotidiennement aient envie de regarder la suite. « La vie n’est pas faite que de cliffhangers, et il faut parfois accepter des moments déceptifs pour mettre en valeur des moments émotionnellement plus puissants », détaille David Hourrègue, qui assure que « trop de temps forts dans un épisode, c’est contre productif à l’arrivée ».
« Le lycée est un vrai pilier de notre organisation »
Le lycée Dorian à Paris constitue le principal décor de Skam France. « On y est vraiment bien accueilli. Une vraie confiance s’est instaurée », salue Benoît Auriol. Le tournage se déroule pendant les vacances scolaires. « On doit les remercier parce que c’est un vrai pilier de notre organisation. On fait toute notre préparation et nos répétitions là-bas », détaille le directeur de production. Les plans aériens qui ouvrent généralement les séquences de Skam sont faits en amont, par drone. « En Espagne, on ne rogne jamais sur les budgets des décors et costumes qui créent la magie et l’illusion à l’écran. On essaye de respecter cela », expose le réalisateur, qui aime surprendre les comédiens en leur montrant les décors à la dernière minute. « Il y avait plein de décors que je n’avais pas vus avant d’arriver sur le tournage. Ça nous conditionne pour être déjà dans le truc », témoigne Robin Migné, qui campe le héros de la saison 5.
« La musique est pensée depuis le départ »
La musique contribue au succès de la série. Elle colle parfaitement aux situations que vivent les protagonistes et permet parfois de se passer de dialogues. En saison 3, lorsque Lucas quitte une fête avec fracas, on entend La fête de trop d’Eddy de Pretto. Le travail sur la BO commence dès que les scénaristes et le réalisateur évoquent les thématiques de la saison. « Des labels m’envoient des centaines de musiques autour de ces thèmes. Je passe ensuite des journées à me balader en les écoutant. Celles qui me restent en tête au bout d’un mois ou deux, je les fais écouter à mes enfants et s’ils sont emportés aussi, je les garde. » Si la musique semble si bien coller aux situations, c’est parce qu’elle « est pensée depuis le départ » bien avant le tournage.
« J’essaye de ne jamais filmer comme un daron »
Alors que version norvégienne a choisi une esthétique du documentaire un peu « roots », Skam France mise sur un « réalisme magnifié ». Alors que les saisons 1 et 2 sont tournées avec une
caméra Arri Alexa dans « un format télévisuel classique », « dès la saison 3 et 4, on a fait le choix d’une caméra beaucoup plus sensible, notamment dans les basses lumières, parce qu’on s’est rendu compte que nos adolescents vivent parfois dans le clair-obscur et c’est tout le sujet de l’adolescence », explique David Hourrègue. Et de poursuivre : « J’essaye de ne jamais filmer comme un daron qui regarde ses enfants, mais d’être le plus proche et connecté au ressenti d’un adolescent dans ses souffrances, ses joies, ses envies, ses coups de cœur. » Et c’est cette proximité qui fait que de si nombreux adolescents se retrouvent tellement dans Skam France.
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