Le 8 janvier 2020, le duc et la duchesse de Sussex ont annoncé vouloir "se retirer de leurs rôles de membres de premier plan de la famille royale", être indépendants financièrement et partager leur temps entre le Royaume-Uni et l’Amérique du Nord. Une décision qui découle de leur envie de modernité.
La famille royale britannique fait rêver des millions de personnes, mais visiblement, pas Meghan Markle et le prince Harry. Le mercredi 8 janvier 2020 fera date dans l’Histoire des Windsor comme celle où le couple glamour et moderne a officiellement voulu s’émanciper de cette institution envahissante.
Meghan et Harry s’éloignent de la famille royale
Par un communiqué partagé sur leurs réseaux sociaux, et présenté comme un « message personnel de la part du duc et de la duchesse de Sussex », Meghan Markle et le prince Harry ont annoncé vouloir prendre de la distance avec Buckingham Palace, et les obligations qui leur incombent : « Nous avons l’intention de nous mettre en retrait comme membres de premier plan de la famille royale, de travailler pour devenir indépendants financièrement, tout en continuant à soutenir pleinement sa majesté la reine. »
Ils ont également indiqué vouloir « diviser [leur] temps entre le Royaume-Uni et l’Amérique du Nord », afin de permettre à leur fils, Archie, de grandir au sein des traditions monarchiques britanniques, mais aussi, « d’avoir l’espace nécessaire pour écrire le prochain chapitre de leur vie ». Ils ont annoncé, au passage, travailler à l’ouverture d’une nouvelle organisation de charité.
Nous avons l’intention de nous mettre en retrait comme membres de premier plan de la famille royale, de travailler pour devenir indépendants financièrement
Cette nouvelle a, bien sûr, fait le tour du monde. Car c’est du jamais-vu. Si de nombreux internautes ont félicité l’audace du jeune couple et s’en sont même amusés – « On peut donc rompre avec sa famille ? », s’amuse une jeune femme dans un tweet partagé plusieurs milliers de fois – la presse britannique condamne, majoritairement, ce choix, vu comme « égoïste ».
Elizabeth II n’était pas au courant
D’autant qu’Elizabeth II elle-même n’aurait pas été informée du désir d’émancipation du jeune couple. La monarque de 93 ans aurait appris la nouvelle en même temps que le reste de la planète.
Quelques heures après le communiqué de Meghan et Harry, Buckingham s’est en effet fendu d’une réaction assez lapidaire, qui sous-entend que le reste de la famille a été pris de court : « Les discussions avec le duc et la duchesse de Sussex en sont à leurs prémisses. Nous comprenons leur désir d’une approche différente mais il s’agit là de questions complexes, sur lesquelles nous prendrons le temps de travailler. »
« La première annonce est extraordinaire, et la seconde encore plus, relève sur Twitter Peter Hunt, journaliste britannique spécialiste de la famille royale. Les membres de la famille royale viennent d’entrer dans une nouvelle décennie aux contours inconnus. »
Meghan Markle, cible d’attaques sexistes et racistes
Signe que l’entente n’était pas au beau fixe : le jeune couple a passé six semaines au Canada pour fêter Noël cette année, alors que la tradition veut d’être auprès d’Elizabeth II et du reste de la famille.
Depuis l’annonce de leurs fiançailles en novembre 2017, Meghan et Harry sont devenus l’un des couples les plus scrutés de la planète. De nombreux éléments en ont immédiatement fait un couple à part dans cette institution qui demeure très traditionnelle : Meghan a trois ans de plus que Harry, est divorcée, métisse, Américaine, actrice à Hollywood, et était engagée depuis longtemps contre le sexisme et le racisme.
Autant de caractéristiques qui ont fait de Meghan Markle, pour beaucoup, et heureusement, une figure de femme moderne et inspirante, mais aussi, a contrario, la cible de critiques racistes et sexistes véhémentes, violentes. Fourbe, arriviste, manipulatrice, sévère, l’ancienne actrice s’est rapidement vue attribuer le surnom de « Duchesse Caprice » par les tabloïds britanniques, également face au nombre important de démissions au sein de son équipe proche.
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Meghan Markle, celle qui diviserait Harry et William
Le mariage de Meghan Markle et du prince Harry, en mai 2018, puis la grossesse de Meghan Markle, n’ont pas apaisé les foules de « haters ». Au point qu’en mars dernier, Buckingham a annoncé durcir sa politique de modération des commentaires, ses réseaux sociaux croulant sous des avalanches d’insultes destinées à la duchesse de Sussex, et sa belle-soeur, Kate Middleton.
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La rumeur d’une mésentente entre les deux femmes, incarnant deux modèles très différents à Buckingham, ont aussi rapidement fait passer Meghan Markle pour une sorte de Yoko Ono qui aurait éloigné le prince Harry de son frère, le prince William.
Meghan Markle a d’ailleurs tout fait pour vivre sa grossesse le plus sereinement possible, s’éloignant du public pour la fin de son dernier trimestre. La naissance de leur fils, Archie, en mai 2019, n’a, là non plus, pas apaisé le feu des critiques, alors que le couple a attendu plusieurs mois avant de dévoiler son visage.
L’ombre de Diana Spencer
Premier indice montrant que le jeune couple ne compte pas se laisser faire : en octobre dernier, le prince Harry annonce poursuivre en justice deux médias qu’il estime avoir colporté des rumeurs diffamatoires à l’encontre de son épouse et mère de son enfant.
« J’ai été un témoin silencieux de sa souffrance depuis trop longtemps, écrit-il dans un communiqué. Rester en retrait et ne rien faire serait contraire à tout ce en quoi nous croyons. » Il invoque également le traumatisme du harcèlement subi par sa mère, Diana Spencer : « […] Ma plus grande peur est de voir l’histoire se répéter. J’ai vu ce qui se passe quand quelqu’un que j’aime est vendu au point de ne plus être traité ou vu comme une vraie personne. J’ai perdu ma mère et à présent, je vois mon épouse devenir à son tour victime des mêmes forces puissantes. »
Un reportage réalisé par ITV pendant le voyage de Meghan et Harry dans le Sud de l’Afrique en septembre dernier avait fait état du stress auquel les jeunes parents semblaient confrontés.
Les yeux brillants de larmes, la duchesse de Sussex s’était confiée sur les difficultés de sa nouvelle vie, scrutée sous tous les angles, et avait révélé que des amis lui avaient déconseillé d’être en couple avec le prince Harry : « Tous mes amis britanniques m’ont dit : ‘Je suis sûr qu’il est génial mais tu ne devrais pas le faire car les tabloïds britanniques vont détruire ta vie' ».
Une séquence très partagée sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes s’inquiétant, cette fois, du bien-être psychologique de Meghan Markle, qui semble très fatiguée.
Une révolution
Tous ces événements survenus en moins de trois ans sont autant de signaux d’alarme qui empêchent d’être surpris de la décision de Meghan Markle et du prince Harry de prendre leurs distances.
Mais il faut malgré tout une certaine dose de courage pour oser s’affranchir, et le dire officiellement, sans attendre d’autorisation de la matriarche aimée et crainte. S’ils ne coupent pas les ponts avec Buckingham, le duc et la duchesse de Sussex font tout de même état de leur envie de « trouver un nouveau rôle progressif au sein de cette institution ».
Avant eux, bien d’autres personnes ont été malheureuses dans les palais royaux : Diana, bien sûr, mais aussi le prince Charles, longtemps encadré dans les moindres recoins de sa vie, jusqu’à son mariage avec Diana Spencer, le prince Philip, qui a eu du mal à trouver un rôle le satisfaisant, la princesse Margaret, dépressive et envieuse de son aînée Elizabeth II, tout en souffrant de voir ses déboires conjugaux exposés à la vue du plus grand nombre. Et bien d’autres encore avant eux.
Mais la grosse majorité de ces personnes sont restées, l’une des exceptions notables étant Diana Spencer, une fois son divorce prononcé. En quelque sorte, Meghan et Harry poursuivent le travail de modernisation et de critique publique de Buckingham, entamé par l’éternelle princesse des coeurs. Leur simple volonté d’émancipation rappelle à elle seule les lourdeurs d’un protocole envahissant et la tension résultant d’une exposition énorme, qu’il est difficile à imaginer.
Cette décision peut aussi être vue comme une preuve de l’échec de la famille royale britannique à se moderniser réellement, face à ces « royals » trentenaires qui veulent être engagés, sans pour autant sacrifier totalement leur bien-être et leurs envies au nom du « devoir » si cher à Elizabeth II. Après tout, Meghan et Harry font partie d’une génération marquée entre autre par la montée de l’individualisme et le questionnement du rôle des genres.
Si Buckingham faisait auparavant rêver, c’est à elle de savoir être à nouveau séduisante. Cela ne pourra passer que par une plus grande souplesse, même à l’égard de ses membres de premier plan. Il ne suffit pas d’accueillir en son sein une « roturière » métisse, divorcée et féministe pour redorer son blason.
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