• A l’occasion de l’entrée dans la nouvelle décennie, 20 Minutes consacre une série d’articles aux années 2020, nouvelles années folles.
  • Face au changement climatique, de nouveaux maux sont apparus. Eco-anxiété pour les moins touchés, solastalgie pour les plus sensibles, jusqu’à l’éco-paralysie pour les plus déprimés.
  • En France, selon l’étude sur les risques et la sécurité publiée par le Baromètre IRSN en octobre 2019, 56% des Français craignent les effets du réchauffement climatique.

Cent ans plus tard, les « années folles » repointent le bout de leur nez. Des « roaring twenties » [les années 1920 rugissantes], portées par une euphorie créatrice et une croyance quasi fanatique en la révolution industrielle, nous entrons dans les « worrying twenties » [les années 2020 inquiétantes], comme l’a baptisé la grande étude de Ipsos « Trend Obs 2020 ».

Au menu de la décennie : désenchantement, détresse existentielle et fantasme de l’apocalypse. Toute la semaine, 20 Minutes explore les futurs proches qui nous attendent d’ici 2030. Dans cet épisode, 20 Minutes vous propose de découvrir si vous êtes trop ou très peu sensible au changement climatique.

Demain, tous solastalgiques ? Entre un thermomètre complètement détraqué, la fonte des glaciers,
l’acidification des océans et
la pollution qui prend d’assaut les capitales du monde entier, difficile de rester optimiste. « Certains sont très en colère de voir le monde dans lequel ils vivent, disparaître. Ils sont en colère contre la société, contre les banques, contre le système » analyse
Charline Schmerber, praticienne en psychothérapie,
autrice d’une étude et d’un mémoire clinique sur l’éco-anxiété.

Résultat ? De nouveaux maux sont apparus. Eco-anxiété pour les moins touchés, solastalgie pour les plus sensibles, jusqu’à l’éco-paralysie pour les plus déprimés. Le changement climatique ne touche pas que la planète, mais aussi le moral de ses habitants. Selon l’étude sur les risques et la sécurité
publiée par le Baromètre IRSN en octobre 2019, 56 % des Français craignent les effets du réchauffement climatique. En 2020, combien seront-ils ?

Vous souffrez de « pas-si-gravisme » : l’environnement ? Même pas peur. L’écologie ? Un truc de bobo. Recycler ? Pour quoi faire ! Vous ne vous sentez clairement pas concerné par le réchauffement climatique. Ailleurs, peut-être, mais ici, vous ne voyez pas la différence entre avant et maintenant. Si vous faites le tri, c’est plutôt par habitude. Et puis, votre mairie vous y oblige, alors… Quand on vous dit qu’il n’y a plus de saisons («ma bonne dame »), vous n’y croyez pas une seconde. Parce que vous le constatez chaque année : il fait toujours chaud en été et froid en hiver. Et puis, c’est normal que la Terre subisse des changements. C’est comme ça depuis la nuit des temps ! Certes, vous voulez bien concéder le fait que les pesticides, ce n’est sans doute pas très bon pour la santé. Alors, vous achetez bio. Parce qu’on ne sait jamais. Un conseil : parce que justement, vous ne savez pas, peut-être devriez-vous diminuer l’usage des pailles et des sacs en plastique. Dans le doute…

Vous êtes éco-anxieux : vous souffrez d’un stress pré-traumatique. Votre environnement n’a pas vraiment changé, mais vous l’avez lu, et vous le sentez au plus profond de vos tripes : le monde tel qu’il est aujourd’hui ne sera bientôt plus. C’était déjà le cas ailleurs. Vous vous demandez donc quand votre tour viendra. Alors, envisager l’avenir vous angoisse. Vous êtes persuadé (peut-être à juste titre) que ce que vous connaissez est voué à subir d’importants changements irrémédiables, voire à disparaître. Tout autour de vous, vous sentez votre monde se déliter peu à peu. La solution ? Mettez-vous en action. Recyclez. Militez ! Tout n’est pas (encore) perdu. Vous (re) deviendrez « juste » éco-responsable. Et ça sera très bien comme ça.

Vous êtes solastalgique : vous êtes visiblement plus sensible que la moyenne. Vous souffrez du syndrôme des lanceurs d’alerte : vous avez la sensation d’être comme ce petit colibri qui tente d’éteindre l’incendie par la seule force de son bec et de l’eau qu’il peut contenir. Vous avez l’impression de lancer la sonnette d’alarme que, malheureusement, personne d’autre que vous n’entend, alors que votre monde a déjà changé. Votre environnement n’est plus ce qu’il était. Il s’est dégradé. Et ça vous met en colère. Ça vous rend triste. Un conseil : faites le deuil de ce monde qui n’existe plus. Ne laissez pas la dépression vous gagner, et surtout… ne perdez pas espoir !

Vous souffrez d’éco-paralysie : vous êtes éco-anxieux, et ça se voit ! Plus que ça : le désespoir qui vous habite vous pousse à l’auto-destruction, et vous enlève toute possibilité d’espérance active. Vous n’avez plus le goût à vous lever. A quoi bon, après tout ? La fin du monde est proche, vous le savez. En un mot, vous êtes dé-pri-mé. Alors, vous vous tuez à la tâche. Votre travail est devenu votre raison de vivre, ou presque. Vous buvez plus que de raison et la nicotine est votre plus petite addiction. Votre corps est votre vaisseau, d’accord, mais vous êtes persuadé que, de toute façon, étant donné l’état du monde actuel, il ne vous emmènera pas bien loin. Tout le monde va mourir, et vous aussi. Et ce que vous pourrez faire n’y changera rien. Alors, comment s’en sortir ? Parlez ! Mettez des mots sur ce que vous ressentez. Allez à la rencontre des autres. Remettez-vous en mouvement. Et si des idées (très) noires vous traversent l’esprit, n’attendez pas avant de demander de l’aide !

20 secondes de contexte

Pour nous aider à élaborer un test basé sur la réalité de ces ressentis qui ne sont, pour l’heure, pas considérés comme pathologiques, la psychothérapeute Charline Schmerber a accepté de nous détailler les différents profils qu’elle a pu observer quotidiennement au sein de son cabinet. Elle est l’autrice d’une étude publiée sur son blog en novembre 2019, consacré à l’éco-anxiété.

Concernant la solastalgie, il s’agit d’un terme créé en 2007 par le chercheur australien de l’Université de Murdoch, Glenn Albrecht, après avoir étudié une population de fermier dans la vallée de Hunter, en Australie, devenus dépressifs à cause des exploitations minières qui avaient abîmé leurs terres. Il en explique les origines dans son livre Génération Symbiocène, des nouveaux mots pour un nouveau monde.

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