• Pour « Les Siffleurs », Corneliu Porumboiu s’est inspiré d’un langage secret pratiqué aux Canaries.
  • Un flic roumain corrompu doit le maîtriser pour aider des trafiquants de drogue qui l’ont pris au piège.
  • Amour et danger font bon ménage dans ce polar présenté au Festival de Cannes en mai dernier.

Quand Corneliu Porumboiu a découvert le
Silbo, langage sifflé qui se pratique sur l’île de
La Gomera aux Canaries, son sang n’a fait qu’un tour ! Il a vu dans cette tradition, matière à un scénario de polar, celui des Siffleurs, présenté au
Festival de Cannes en mai dernier.

« Il m’a fallu près de dix ans pour trouver l’histoire parfaite », confie le réalisateur de Policier, adjectif et 12h08 à l’est de Bucarest à 20 Minutes : celle d’un policier roumain corrompu (
Vlad Ivanov) contraint d’apprendre le Silbo pour aider des trafiquants de drogue à récupérer un magot avant que l’amour vienne tout compliquer sous les traits de la somptueuse
Catrinel Marlon.

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Un langage ancestral

« Le Silbo, est à la fois fait pour se comprendre entre soi et pour ne pas être compris par les autres », s’amuse le cinéaste. Ce paradoxe prend toute sa saveur quand les héros tentent de s’exprimer en échappant à leurs ennemis gangsters ou policiers. Créé par les Guanches, premiers habitants de l’île de La Gomera, le Silbo (« sifflement » en espagnol) était utilisé pour pouvoir se parler sans se déplacer. Depuis 1999, le gouvernement des Canaries l’a instauré comme une matière officielle dans les écoles.

Hitchcock chez les « Siffleurs »

Dans l’île des Canaries à la végétation luxuriante, le drame humain se joue à grand renfort de sifflements. « Ce langage mystérieux et envoûtant est un bonheur à entendre tant il est mélodieux, explique le cinéaste. Je trouve que le contraste entre sa beauté et les agissements sordides des gangsters est fascinant mais il peut aussi servir à exprimer des sentiments plus tendres. » L’influence d’Alfred Hitchcock se fait sentir tout au long d’un récit où femme fatale et escrocs patibulaires font tourner le héros en bourrique tandis qu’il devient un as du Silbo.

Apprendre le Silbo

Les acteurs du film ont dû se maîtriser le Silbo avant de le tournage. « Cela n’avait rien d’évident, insiste Corneliu Porumboiu, et nous avions un conseiller technique pour les aider pendant les prises de vues. » Cette langue, surnommée le « langage des oiseaux », est un personnage à part entière de ce polar prenant. « La communication est un sujet très cinématographique surtout quand il s’applique au cinéma de genre », reconnaît le cinéaste. Le spectateur se laisse guider par les trilles et autres stridulations des personnages au gré d’un scénario malin.

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