Elles résistent au froid, à la douleur, au manque de sommeil et au stress. Ces sportives de l’extrême nous livrent leurs secrets d’endurance et de récupération… qui peuvent aussi nous servir !

Stéphanie Gicquel*, exploratrice : se forcer à conserver d’autres activités

En 2018, elle a remporté le Championnat de France des 24 heures en courant 215 km; pendant l’hiver 2015, elle a traversé l’Antarctique à pied… L’ex-avocate Stéphanie Gicquel a donné une nouvelle direction à sa vie il y a quatre ans en se consacrant au sport. Cette énergie, elle la doit notamment à sa capacité à ne pas rester dans sa bulle. « Parfois, quand on est passionné dans un domaine, on a tendance à se donner à fond, à se couper de ce qui est autour de nous… En réalité, c’est bien de se “forcer” à garder un équilibre en conservant d’autres activités. Par exemple, si on s’investit dans un projet entrepreneurial, il est indispensable de se réserver du temps pour sa famille ou pour voir ses amis, faire du shopping…» Ainsi, lorsqu’un sponsor la lâche à quelques jours du départ pour l’Antarctique, qu’il faut changer d’itinéraire pour un chemin moins onéreux, elle prend de la distance en passant du temps avec son conjoint, en écrivant. Et même pendant ses 74 jours par –50°C, elle trouve le moyen de prendre des photos et de tenir un blog ! Son leitmotiv : ne jamais abandonner. L’adepte des ultratrails se souvient encore de la seule fois où elle a rendu son dossard et l’a regretté amèrement dans la minute qui a suivi.

On s’en inspire : l’optimisme comme moteur Selon l’aventurière, si on accepte la difficulté au lieu de se plaindre, on a déjà parcouru 50 % du chemin. « L’endurance vient du fait que l’on a surmonté des obstacles et que l’on sait que la fois d’après on sera meilleur. »

* Auteure de l’ouvrage On naît tous aventurier, Ramsay

Charlotte Morel, triathlète : pratiquer des exercices d’imagerie mentale 

Quand elle prend le départ de l’Embrunman, un triathlon réputé très ardu avec 3,8 km de natation, 188 km de vélo et un marathon, le tout avec 5000 m de dénivelé, pas question de tergiverser. Il lui faut combiner les qualités du nageur, du cycliste et du coureur de fond. Un peu comme dans la vie, où il faudrait être bon en tout. Pour y parvenir, Charlotte Morel pratique des exercices d’imagerie mentale. Concrètement, en amont des compétitions, elle imagine la course – enlever sa combinaison en sortant d’un lac d’eau froide, dévaler telle pente à vélo les cheveux mouillés… L’intérêt : trouver des solutions pour les situations difficiles. Elle construit ainsi sa boîte à outils en pensée. Suivant ce même principe, elle arrive à se motiver au moment où elle faiblit. « Quand j’ai mal aux jambes, je peux m’imaginer en train de bronzer au soleil. » Aussi la pro estime-t-elle impératif de se fixer des objectifs clairs. Selon elle, on a la capacité de relever un défi uniquement si sa raison d’être est bien définie. Ce qui nécessite de se poser, de se demander ce dont on a envie. Inutile donc de se lancer des défis uniquement pour suivre la mode ou être avec les copines !

On s’en inspire : le «gâteau patates » Pour éviter les fringales, donc les coups de pompe, la triple championne de France de triathlon longue distance mise sur un gâteau de patate douce, préparé avec des pommes de terre et des œufs. « Au petit déjeuner, c’est plus nutritif qu’un café croissant et, à midi, mieux qu’un sandwich jambon beurre pour tenir jusqu’au soir. » Et avoir la patate toute la journée !

Liv Sansoz, grimpeuse et alpiniste : se concentrer sur l’action pour ne pas se laisser envahir par le doute

En bas de la falaise, les pieds dans la glace, pas question de flancher pour celle qui fut trois fois vainqueur de la Coupe du monde d’escalade. « En montagne, quand on a un coup de mou, il ne faut pas se concentrer sur ses pensées mais sur l’action », affirme-t-elle. Il s’agit de réfléchir, malgré le froid, la neige et la fatigue, à la façon de dérouler le pied, de choisir la prise suivante ou d’envisager les dix prochains mètres. « Plus on est fatigué, plus il faut réduire son objectif à quelque chose de très basique, mais d’essentiel, pour ne pas se laisser déborder par les émotions. » C’est aussi grâce à sa capacité d’organisation qu’elle a pu enchaîner 82 sommets de 4000 m à skis et en parapente en 2018. « Chaque jour, il ne faut oublier aucun matériel, penser à télécharger l’itinéraire, appeler tel refuge plutôt que tel autre si la météo a changé…», explique celle que l’on surnomme « l’ordinateur de bord ». Alors, entre deux ascensions, elle a besoin de décrocher mentalement. « Le soir, sur mon smartphone, j’aime écouter un livre audio. Ça me permet de récupérer, de m’évader dans ma tête », raconte-t-elle.

On s’en inspire : la minisieste Pour offrir une pause à son cerveau hyperactif, Liv Sansoz est aussi adepte des siestes de 20 minutes, et même des microsiestes de 10 minutes. « C’est mon astuce mentale, comme si j’appuyais sur le bouton “abandon” dans ma tête. »

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