Les médicaments susceptibles de faire maigrir sans effort soulèvent l’enthousiasme des consommateurs, mais sont loin d’être anodins. Souvent dangereux, ils nécessitent l’avis d’un médecin compétent.
Les forums de discussions sur internet sont envahis de messages et de témoignages sur les pilules minceur. Certains y avouent faire feu de tous bois pour perdre quelques kilos sans faire d’exercice physique ni changer de régime alimentaire. Et en dépit des échecs successifs, ils s’acharnent dans cette quête du Graal.
De nombreux remèdes soi-disant miracles ont été commercialisés, officiellement ou sous le manteau. Presque tous se sont révélés, au mieux décevants, au pire dangereux. C’est le cas des extraits thyroïdiens qui ont longtemps fait fureur sur le marché de l’amaigrissement. Prescrits à des patientes en surpoids, ils favorisaient certes la combustion des réserves énergétiques mais engendraient aussi de nombreux effets indésirables : bouffées de chaleur, palpitations, nervosité… Leur utilisation comme produit amaigrissant est désormais interdite. Depuis beaucoup d’autres pilules porteuses d’espoirs ont vu le jour, avec moult dégâts à la clé.
Des effets secondaires graves
Avant les années 2000, plusieurs médicaments anorexigènes – destinés à réduire l’appétit – ont été commercialisés en pharmacie à grand renfort de communication : Ponderal, Moderatant, Isomeride, Redux…. Des millions de Français en ont absorbés mais les préjudices ne se sont pas fait attendre : plusieurs dizaines d’anomalies cardiaques et d’hypertensions pulmonaires ont été recensées.
Résultat, tous ont été retirés un à un du marché. D’autres coupe-faim prometteurs ont ensuite fait des passages éclairs en pharmacie, dont le rimonabant (Acomplia) qui refreinait les compulsions alimentaires en bloquant des récepteurs situés dans le cerveau. Un an après son apparition, sa commercialisation a été suspendue compte-tenu de la sévérité de ses effets secondaires : risque de dépression avec pensées suicidaires même chez des patients sans antécédent psychiatrique.
Un seul médicament « minceur » aujourd’hui autorisé en France
Seul l’orlistat (Xenical) reste à ce jour autorisé sur prescription médicale. Ce médicament inhibe la lipase, l’enzyme qui fragmente les graisses du bol alimentaire pour qu’elles puissent être absorbées par l’intestin. Avec l’orlistat, 30% des triglycérides ingérés sont éliminés dans les selles au lieu d’être assimilés par l’organisme. Ce traitement doit être accompagné d’un suivi médical étroit et d’un régime pauvre en lipides. Il est réservé aux personnes en surpoids important uniquement.
Dans son bilan 2018, la revue indépendante Prescrire souligne cependant ses désagréments : « Il expose à des atteintes hépatiques, des carences en vitamines A, D, E et K, ainsi qu’à une malabsorption des hormones thyroïdiennes et de certaines antiépileptiques ».
Sans compter la moindre efficacité des contraceptifs oraux due aux diarrhées sévères. C’est pourquoi sa version demi-dosée en vente libre (Alli) a été discrètement retirée du marché français en 2012. Essayer de s’en procurer à l’étranger ou par internet est donc une grave erreur !
D’autres pilules détournées de leur usage initial
Un médicament « anti-obésité » américain (Mysimba) a récemment été autorisé en Europe, mais la France reste hésitante. Il associe deux principes actifs connus pour traiter l’addiction à l’alcool et le sevrage tabagique. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) pointe du doigt ses méfaits possibles : palpitations, vertiges, risques cardiaques et intestinaux…
De fait, ce médicament contient une substance proche des amphétamines qui rappelle le scandale du Mediator, un antidiabétique employé comme coupe-faim jusqu’en 2009 et jugé responsable de près de 1800 décès suite à une détérioration des valves cardiaques.
Un autre anti-diabétique (le Liraglutide) vient d’obtenir une autorisation de mise sur le marché en Europe pour la perte de poids, sous le nom de Saxenda. Par mesure de précaution, ce dernier n’est toujours pas non plus commercialisé en France. Enfin le Baclofène, médicament employé depuis 2014 contre l’alcoolo-dépendance, est de plus en plus souvent détourné de son usage officiel. Nombre de médecins le prescrivent désormais pour éradiquer les crises de boulimie. Cette pratique, largement relayée par les réseaux sociaux, semble donner de bons résultats. Mais le recul reste insuffisant pour savoir si le jeu en vaut vraiment la chandelle.
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