Figure incontournable de la télévision des années quatre-vingt et quatre-vingt dix, Philippe Risoli est bien plus que l’homme qui faisait gagner des vitrines de cadeaux aux téléspectateurs ou qu’un champion de lancer de micro. Journaliste, avocat de formation, passionné de musique et de voyages, il raconte son enfance et surtout ses parents dans « Dites bien à mon fils que je l’aime ». Si les « bananas » ont pu être « cuitas » il y a quelques années, Philippe Risoli a appris aujourd’hui à reconnaître les fruits pourris et à mener sa vie sainement, en suivant ses envies.

Il a longtemps fait pirouetter la roue du Millionnaire avant que celle-ci ne tourne également pour lui, malheureusement dans le mauvais sens, l’évinçant de nos débuts d’après-midi à la télévision. Philippe Risoli, animateur populaire de télévision des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, locomotive du 13 heures de Jean-Pierre Pernaut, à l’aise dans le Juste Prix comme dans les émissions spéciales de divertissement, a pourtant bien d’autres talents que ceux qui le définissent aux yeux du public.

Dans « Dites bien à mon fils que je l’aime » paru début septembre aux éditions de l’Archipel, il se raconte à travers sa vie de famille : fils d’un immigré italien, il grandit au son du transistor et du tourne-disque et fait de brillantes études avant d’oser se lancer dans cette grande carrière qui fut finalement la sienne. Aujourd’hui, il se régale au théâtre et ne regrette rien. Gala.fr a rencontré la star du lancer de micro, mais pas seulement.

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Philippe Risoli, « l’avocat »

Gala.fr : Ce livre est un hommage à votre père ?

Philippe Risoli : C’est un hommage à mes parents. Mon père a été le dernier témoin vivant du passé, jusqu’à sa mort en 2021. J’avais envie d’organiser une dernière réunion de famille, comme un réveillon de Noël, et que ce soit festif. C’est l’histoire de ma vie à travers mes parents.

Gala.fr : On y apprend que votre premier amour est la radio ?

P.R : C’est un vrai coup de foudre ! Enfant, j’étais très intrigué par ce qui sortait de cette grosse boîte : les reportages me donnaient envie de voyager et j’écoutais surtout le sport avec ces commentateurs qui me fascinaient. L’arrivée du transistor a tout changé : à 12 ans, j’ai enfin pu écouter ce que je voulais, avec un écouteur, sans déranger ma mère qui ne partageait pas mon intérêt pour les matchs de foot à la radio !

Gala.fr : Vous entamez des études de droit, puis de communication. Vous ne vous êtes pas lancé tout de suite dans les médias ?

P.R : Je voulais surtout assurer mes arrières. La radio, la télé, c’était l’inconnu, personne ne pouvait me « pistonner » comme on dit. C’était également le souhait de mes parents que je fasse des études longues : mon père n’a pas pu en faire, ayant commencé à travailler à 16 ans. C’était la carte de la sécurité. Et puis j’adorais le droit !

« Je fais une heure et demie de guitare par jour « 

Gala.fr : Vous vous êtes lancé chez Sud Radio puis RTL et tout doucement la télé…

P.R : Je réserve mes anecdotes sur mes années télé pour le deuxième tome de mon livre ! Effectivement j’ai commencé sur Canal +, puis à TF1 avec des concepts que j’ai adorés comme Jeopardy, puis le Juste Prix et le Millionnaire qui n’étaient pas évidents à présenter. Il y a eu aussi Succès fou, … j’étais touche-à-tout, à la tête de jeux comme d’émissions de divertissement et ça me plaisait.

Gala.fr : Est-ce que la radio a fait naître chez vous cette qualité d’écoute et cette capacité à meubler avec les anonymes sur les émissions de jeux ?

P.R : Au Millionnaire, c’était vraiment particulier : les candidats n’étaient pas des candidats de jeux classiques. C’étaient des gagnants ! Ils venaient juste récupérer un montant. Donc il fallait vraiment meubler, les faire sortir de leur coquille car ils n’étaient pas là pour faire le spectacle. Mes études de droit m’ont beaucoup aidé car ma palette culturelle me servait à m’adapter aux différents parcours des gens qui venaient.

Gala.fr : Votre deuxième passion, vous le racontez dans le livre, c’était la musique : vous étiez dans un groupe de rock à l’adolescence, vous avez toujours joué d’un instrument…

P.R : Je fais une heure voire une heure et demie de guitare par jour, et je me ferai sûrement une petite scène intimiste un jour avec un ou deux guitaristes pour m’accompagner. Je ne suis pas en train de vous dire que je veux faire chanteur mais je veux simplement faire connaître ce que je fais. J’ai deux albums, mais dès que je commence à parler musique, on me ramène à Cuitas les bananas… Les gens se moquent d’ailleurs mais c’est devenu un tube.

« Cuitas les bananas », une référence au film Les Trois Frères

Gala.fr : Justement, qu’est-ce qui vous a inspiré pour écrire Cuitas les bananas ?

P.R : La version que j’ai écrite n’est pas du tout celle qui est sortie ! Le soir de l’arrêt du Millionnaire en 1999, j’ai commencé à écrire une petite chanson nostalgique avec des phrases comme “il y a des jours, tu devrais dormir et tu dors pas…”. Et je voulais un refrain marrant pour ne pas que la chanson soit déprimante du style “les carottes sont cuites” et j’ai inventé cette expression : “cuitas les bananas”. À l’époque, le Millionnaire avait été caricaturé dans Les Trois Frères des Inconnus avec la fameuse expression : “100 patates”. Donc j’ai rajouté la phrase “ découpées en dos les patatos” en référence au film.

Gala.fr : Pourquoi est-elle sortie dans cette version « réarrangée » ?

P.R : Un soir, mon ami Philippe Chatel est venu dîner chez moi et je lui ai fait écouter mes chansons. Il m’a proposé d’arranger l’album et de le sortir chez Universal. La maison de disque a mis d’énormes moyens pour l’enregistrement et elle a embauché des choristes pour le refrain de Cuitas les bananas en donnant un ton festif à la chanson, pensant que ce serait mieux ainsi. Quand elle est sortie c’est vrai qu’elle ne correspondait plus au sens qu’elle avait initialement. Si j’ai la chance de faire une scène un jour, je lui redonnerai sa mélodie première.

« La télé, ça n’est jamais terminé »

Gala.fr : Dans le livre, vous parlez de Jacqueline Huet, une speakerine qui a mis fin à sa vie lorsque le monde de la télé lui a tourné le dos. Est-ce que vous auriez pu prendre cette décision radicale quand tout s’est arrêté chez TF1 ?

P.R : Jamais de la vie. La télé et la radio sont ma passion, c’est une grosse partie de ma vie, mais pas à ce point. Est-ce que l’éviction de TF1 m’a touché ? Évidemment. Ça a été une blessure parce que ça fonctionnait bien, les audiences étaient au rendez-vous. Mais j’avais une famille, des amis hors du métier et surtout des centres d’intérêt en dehors de cette carrière : la musique, le théâtre, l’écriture, les voyages… Quand TF1 s’est arrêté, ma vie ne s’est pas arrêtée pour autant ! Aujourd’hui je ne suis ni aigri, ni au fond du trou, je ne suis pas à plaindre !

Gala.fr Est-ce que vous retourneriez à la télé aujourd’hui ?

P.R : Quand vous êtes passionné de télé à ce point, ce n’est jamais terminé. Si on me fait une proposition, je l’examinerai. Mais ce n’est pas vital. J’y retournerai uniquement pour les bonnes raisons : un talk-show ou éventuellement un jeu qui m’intéresserait. Il y a un truc qui m’attire et que je n’ai jamais fait en télévision : c’est un téléfilm ou une série. Si un producteur pense à moi pour un rôle ou un guest à la télévision, qu’il m’écrive ! Je suis fan des séries de France 3 notamment, les Meurtres à… etc., que je trouve vraiment de qualité. J’adorerais jouer un rôle récurrent sur le petit écran, j’en suis à ma cinquième pièce de théâtre et aujourd’hui je me sens légitime pour faire ça.

Philippe Risoli choqué par la mort de Jean-Pierre Pernaut

Gala.fr : Qui est l’héritier de Philippe Risoli aujourd’hui sur les jeux télé ? Jean-Luc Reichmann ?

P.R : Jean-Luc Reichmann m’a succédé, c’est donc plus que mon héritier. J’ai d’ailleurs enregistré un numéro de son émission avec lui la semaine dernière pour une diffusion prochaine et c’était très drôle ! Il a été charmant avec moi. C’est quelqu’un qui aura aussi marqué les jeux télé. J’aime beaucoup Camille Combal : il est très à l’aise, très vif, il a la petite pointe d’humour au moment où il faut, de l’empathie. Nous avons un gros point commun : c’est d’être multicartes. Il passe d’un créneau à l’autre, ce qui fait sa force mais ça peut aussi être un talon d’Achille.

Gala.fr : Dans votre livre, vous parlez de votre amitié avec Jean-Pierre Pernaut. Comment êtes-vous devenus proches ?

P.R : On s’est connus en 1988 lors de mes débuts à TF1 et on s’est liés d’amitié. Un jour, ils ont pensé à moi pour jouer dans leur pièce Piège à Matignon. On s’est retrouvés en tournée dans toute la France et avec Jean-Pierre, on prenait tous nos petits-déjeuners ensemble dans les hôtels. On refaisait la télé tous les deux, il me racontait absolument tous les potins de TF1… Il y avait vraiment quelque chose entre nous. Le fait qu’il me donne de la légitimité au théâtre m’a énormément touché. On a écumé la France entière avec la troupe. Quand on déboulait sur les marchés avec Jean-Pierre, on avait du succès !

Gala.fr : Comment avez-vous vécu l’annonce de sa disparition ?

P.R : Personne ne s’y attendait vraiment. Nathalie me tenait au courant. Un soir on avait parlé de sa maladie, à l’époque où il était atteint du cancer de la prostate. Il n’avait pas peur, mais ça lui occupait l’esprit. Il fumait tellement, il ne voulait pas arrêter. Le jour où j’ai eu le SMS de Nathalie avec la phrase “Jean-Pierre est parti”, j’étais très choqué. Je ne m’y attendais pas. Nathalie se sera vraiment battue jusqu’au bout pour le confort de Jean-Pierre, qui a été fou amoureux d’elle jusqu’à la fin. Dans ce métier, il y a trois personnes parmi les gens connus qui ont été proches de moi, et dont la mort m’a affecté. Je pense souvent à eux : Patrick Roy, Laurent Fignon et Jean-Pierre Pernaut.

Claude Chabrol qui aimait beaucoup votre travail a dit de vous, dans Libération : « le Juste Prix est un truc de bonheur et d’optimisme ! ça permettait à des gens de gagner des sommes raisonnables, mais en même temps suffisamment exaltantes, souvent sous forme d’objets. Et ça les rendait vraiment heureux ». C’est un bon résumé de votre carrière ? Vous avez rendu les gens heureux ?

P.R : Oui je crois… Oui c’est ça, il a raison. J’espère les avoir rendus heureux. Les avoir divertis, leur avoir apporté du réconfort.

Gala. fr : Vos parents ont été fiers de vous ?

P.R : Ils étaient heureux de ma réussite, oui. Ils étaient peinés au début des années 2000 lorsque j’ai vécu quelques turbulences, voire des trous d’air. Et ce qu’ils lisaient sur moi n’était pas rassurant. Mais je crois qu’ils étaient fiers.

Crédits photos : CEDRIC PERRIN / BESTIMAGE

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