Ajouter des années c’est bien, mais pouvoir les vivre en pleine forme ou presque, c’est encore mieux ! Le docteur Christophe de Jaeger nous explique comment.
La fontaine de Jouvence n’a toujours pas été découverte mais la science avance. Selon le docteur Christophe de Jaeger, médecin et président de la société française de médecine et physiologie de la longévité, chacun pourrait augmenter significativement son espérance de vie, à condition de miser sur la prévention et une meilleure gestion de son capital santé.
54 % : c’est le nombre de Françaises de plus 50 ans qui se sentent plus épanouies qu’à 25. Mais près de la moitié d’entre elles (46 %) disent qu’elles craignent de vieillir et 23 % redoutent de faire plus que leur âge, d’après une étude IFOP/FLASHS pour Humasana (octobre 2023).
France Dimanche : Peut-on vraiment agir contre le vieillissement ?
Dr Christophe de Jaeger : Oui, nous le pouvons et c’est la bonne nouvelle. Mais encore une fois, il faut le vouloir. Ce qui est réellement important aujourd’hui, c’est d’être en capacité de continuer à faire tout ce que l’on souhaite faire, le plus longtemps possible. Aussi convient-il d’agir sur la sénescence qui se caractérise par la diminution de nos capacités fonctionnelles des systèmes qui composent notre organisme, que ce soit le cœur, nos artères, nos poumons, etc. C’est la sénescence qui va provoquer vers 50-60 ans l’apparition de certaines pathologies qui vont elles-mêmes accélérer cette sénescence. C’est un cercle vicieux.
D’après vous, ne pas avoir de maladie ne signifie pas que vous êtes en bonne santé ?
Vous pouvez ne pas être malade et ne pas être en bonne santé. Ce n’est pas parce que vous n’avez pas de médicaments à prendre que vous êtes en bonne santé. Pas du tout. Il ne faut pas attendre pour s’occuper de soi mais entrer dans une véritable politique de prévention active. Chacun peut se demander : que puis-je faire pour renforcer mon capital santé ?
C’est cela qui doit nous intéresser prioritairement aujourd’hui. Si la maladie survient (diabète, hypertension), il faut évidemment la dépister et la traiter. Mais si on peut retarder son émergence, tout le monde y gagnera : la personne et le système de soins.
Vous n’hésitez pas à parler de capital santé comme on évoque le capital solaire. À quel âge faut-il commencer à s’y intéresser ?
Entre 40 et 60 ans, tout est en train de changer dans notre organisme. Or personne ne s’en rend vraiment compte. Les chercheurs américains s’y intéressent dès vingt-cinq ans. C’est ça, la vraie révolution ! C’est un peu comme pour une voiture : on respecte le planning des maintenances, sans attendre la panne, pour la garder en meilleur état le plus longtemps possible.
Manger cinq fruits et légumes par jour et marcher, est-ce suffisant ?
Pas si l’on boit du soda à côté, ou si l’activité physique se résume à marcher pour aller faire ses courses. Avec le succès des plateformes de séries et de films, certains passent le week-end devant un écran, alors qu’auparavant ils allaient au moins faire le tour d’un parc. On fait face à une augmentation considérable des facteurs de risques qu’on connaît depuis cinquante ans. La malbouffe et la sédentarité ont un impact négatif monstrueux sur notre capital santé.
Faut-il prendre des compléments alimentaires ?
Les gens dépensent des fortunes en achetant des compléments alimentaires inutiles, parfois même délétères à leur santé. Les études ont montré que les personnes qui se supplémentent de façon aveugle se font plus de mal que de bien. Si vous prenez du sélénium ou du zinc alors que vous n’en avez pas besoin, l’effet finira par s’avérer nocif. On ne joue pas avec sa santé en absorbant au hasard un mois ceci, un mois cela. Il est fondamental d’obtenir à cet égard un point de vue médical.
Quel est l’idéal alors ?
Il convient de s’intéresser à son capital santé. Parlez-en à votre médecin qui vous connaît bien. L’idée, c’est de partir d’un bilan physiologique et sanguin précis. Inutile de mesurer tous les oligo-éléments tout de suite. On peut commencer par la vitamine D par exemple. Il faut cibler en fonction de vos fragilités. Ensuite, il s’agira de rééquilibrer, puis de refaire un bilan deux mois plus tard pour vérifier les taux. Ces examens ne sont pas tous remboursés mais cela dépend de vos priorités : c’est un choix de santé.
Propos recueillis par Julie BOUCHER
Et aussi…
Les secrets de longévité des centenaires japonais
Que ce soit à Okinawa au Japon, à Nuoro en Sardaigne (Italie), à Nicoya au Costa-Rica, l’espérance de vie est bien plus élevée, ainsi que le nombre de centenaires. Les registres d’état civil de l’île d’Ikaria, en Grèce, attestent de leur côté qu’un habitant sur trois aurait vécu ou vivrait au-delà des 90 ans ! Pour le Dr Christophe de Jaeger : « il n’y a pas de secrets, à chaque fois, les mêmes points essentiels sont respectés : la restriction calorique, l’activité physique quel que soit l’âge, le peu de stress et l’intégration de toutes les générations dans la société, c’est-à-dire tout ce qu’on ne fait pas en France et dans les pays occidentaux. »
Ce qu’on en retient : il est essentiel de manger équilibré (crétois ou méditerranéen) en quantité raisonnable, de pratiquer une activité physique, de fuir les sources de stress et de conserver une activité sociale, associative ou autre.
À lire
Médecine de la longévité : une révolution ! éd. Guy Trédaniel.
Source: Lire L’Article Complet