Au moment de dire adieu à l’homme qui lui a donné sa chance à ses débuts, difficile de contenir son émotion pour la journaliste…
Il espérait « partir le premier » pour que la romancière Nicole Avril, son épouse pendant plus de cinquante ans, soit « le dernier visage le dernier sourire, le dernier regard de sa vie« .
Jean-Pierre Elkabbach a été exaucé : le journaliste, monstre sacré de l’interview politique, s’est éteint à l’âge de 86 ans, emporté par un cancer. Deux jours avant, notre confrère avait été victime d’une chute à son domicile et son état de santé s’était brutalement aggravé.
Avec son style pugnace et ses questions ciselées, Jean-Pierre Elkabbach aura interviewé les plus grands : tous les présidents depuis Georges Pompidou, mais aussi Yasser Arafat, Mikhaïl Gorbatchev, Fidel Castro Nelson Mandela et Vladimir Poutine. Sans oublier Georges Marchais. Il en reste une formule désormais mythique : « Taisez-vous, Elkabbach !« , en fait jamais prononcée par le patron du PCF, mais inventée par les humoristes.
Né le 29 septembre 1937, l’iconique journaliste avait démarré sur Radio Oran, avant de rejoindre l’ORTF, puis la Une, Antenne 2, puis Europe 1 dont il a été le patron, avant Public Sénat et récemment CNews, sans compter plusieurs traversées du désert notamment après l’élection de François Mitterrand.
Vendredi 6 octobre, de nombreuses personnalités des médias et de la politique lui ont dit un dernier adieu au cimetière du Montparnasse : Michel Drucker, Pascal Praud, mais aussi Enrico Macias, Brigitte Macron et François Hollande. Parmi les visages marqués par le chagrin, celui de Léa Salamé. La journaliste a fait ses débuts auprès de Jean-Pierre Elkabbach qui l’avait prise comme stagiaire sur la chaîne Public Sénat. « J’étais tout intimidée. Il m’a dit : “Je vais vous former à la dure… On verra ce que ça donne “.
©Clovis – Perusseau /Bestimage
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Pendant plusieurs mois, Léa travaille à ses côtés sans relâche : « On avait peur de lui, on bossait pour lui mais il nous entraînait. On était une très petite rédaction à l’époque et il nous faisait croire qu’on bossait pour CNN, que c’était the place to be ! ».
Il faut croire que l’école était bonne quand on voit le brillant parcours de la journaliste depuis ses débuts. La voix brisée, sa fille la comédienne Emmanuelle Bach(PJ, Un village français, Clem, Les Hommes de l’ombre…), a salué ce « père hors norme qui a tout sacrifié pour son métier« . « Il aura mis du temps à laisser s’épanouir notre amour. Il est devenu un père omniprésent, attentif, généreux, drôle, aimant et encourageant […] Je suis si fière de lui. Merci pour nos rites nos larmes… Adieu papa ! ».
Alain Duhamel, son ami, qui a partagé avec lui tant de débats télévisés, a estimé « qu’il y a des défunts plus uniques et irremplaçables. Je fais un pari audacieux, a-t-il ajouté. Jean-Pierre a été pour les journalistes une star contestée. Il va devenir un mythe incomparable dans les rédactions ».
©Clovis – Perusseau /Bestimage
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FRANÇOIS PERRET
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