- France 2 diffuse, mardi, à 21h10, un documentaire de 91 minutes baptisé Nous, les ouvriers.
- Cette saga retrace l’histoire d’une classe sociale qui a totalement disparu des médias dans les années 1980.
- Entre témoignages et images d’archives parfois spectaculaires du monde du travail, le récit déroule une certaine nostalgie teintée de compassion et parfois de poésie.
L’épopée des oubliés. France 2 diffuse, mardi, à 21h10, un documentaire de 91 minutes baptisé Nous, les ouvriers. Cette saga retrace l’histoire d’une classe sociale qui a totalement disparu des médias dans les années 1980. Aujourd’hui, peu sont capables d’estimer le nombre d’ouvriers en France tant leur image a été effacée de la mémoire collective. Ils sont encore pourtant plus de 5 millions et surtout, ils sont à l’origine de la puissance industrielle mondiale de la France. Aujourd’hui encore, ce sont les ouvriers qui font tourner le pays. Mais dans l’ombre.
Le coup de projecteur que donnent les réalisateurs Fabien Béziat et Hugues Nancy fait donc figure d’événement médiatique. Après le succès de Nous paysans et ses 5,5 millions de téléspectateurs, les deux cinéastes reprennent le fil populaire de l’Histoire pour raconter l’évolution du monde ouvrier en France depuis l’ouverture des premières usines textiles au début du XIXe siècle jusqu’à nos jours.
« Il a fallu se battre pour arracher des droits »
« C’est nous, les ouvriers qui construisons et fabriquons tout », entonne le commentaire qui se met dans la peau des damnés de la terre, avalés par la révolution industrielle. Employées des filatures, mineurs de fond, sidérurgistes, ouvriers automobiles… Ils ou elles s’appellent Christine, Pierre, Aimable et partagent le même destin, inexorable : subir des conditions de travail difficiles et les cadences infernales. Aujourd’hui encore, on déplore deux accidents du travail mortel par jour dans notre pays.
« Il a fallu se battre pour arracher des droits : repos hebdomadaires, Sécurité sociale, droits à la retraite, congés payés », raconte la voix. Entre témoignages et images d’archives parfois spectaculaires du monde du travail, le récit déroule une certaine nostalgie teintée de compassion et parfois de poésie. En 1975, les ouvriers représentaient 40 % des travailleurs, la fermeture des hauts fourneaux, des filatures, des mines a considérablement réduit leur nombre et transformé leur tâche. Que reste-t-il de cette classe laborieuse ?
« Il ne reste que la parole. Et elle va bientôt s’en aller »
Interrogé par 20 Minutes, Aimable Patin, ancien mineur pendant 27 ans à Arenberg, dans le Nord, a participé au film pour figer la mémoire d’un monde qui s’est éteint. « Dans une dizaine d’années, il n’y aura plus de mineurs en France, glisse-t-il. Qui va parler de nous ? Aujourd’hui, du monde des mineurs, il ne reste que la parole. Et elle va bientôt s’en aller. »
A l’heure où la réindustrialisation est évoquée à tout bout de champ par le pouvoir politique, ce documentaire a le mérite de retracer les grandes lignes de ce qui reste de l’industrialisation à outrance. Le souvenir du danger permanent et d’une culture collective très forte. « A chaque fois qu’on descendait dans la mine, on avait très peur, témoigne Aimable Patin. Mais on ne voulait pas le faire voir, par fierté personnelle. »
Le javelot transformé en fléchettes
Dans le documentaire, un passage évoque la vie quotidienne des mineurs après la Seconde Guerre mondiale. Il y est question de colombophilie, cette passion des mineurs pour les pigeons, symbole de liberté et ciel, mais aussi du hobby pour les fléchettes. Les spécialistes reconnaîtront sur l’image, non pas le jeu de fléchettes, mais le javelot, une pratique très prisée dans le Pas-de-Calais, et pas seulement chez les mineurs.
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