• The Morning Show revient avec une troisième saison ce mercredi.
  • Après avoir clos le chapitre MeToo, la série s’intéresse aux géants de la tech.
  • Derrière son personnage de Paul Marks, on ne peut pas s’empêcher de penser à Elon Musk.

Et si un magnat de la Silicon Valley rachetait l’une des plus grandes chaînes d’information américaine. Et si la journaliste vedette de cette même chaîne se laissait manipuler par ce prédateur d’un nouveau genre… La saison 3 de The Morning Show, créée par Kerry Ehrin et diffusée à partir de ce mercredi sur Apple TV+, change de sujet après avoir décortiqué et mis un point final au chapitre MeToo. Il est toujours question de prédation, mais dans un autre registre.

Souvenez-vous, la saison 1 et 2 racontaient le séisme provoqué par des révélations d’agressions sexuelles dans The Morning Show, la matinale ultra-populaire de la chaîne de télévision UBA. Le présentateur star Mitch Kessler, interprété par Steve Carell, accusé de harcèlement et d’agression sexuelle, voit sa carrière s’effondrer du jour au lendemain. La série analysait de façon implacable les dominations masculines dans un monde des médias très blanc et testostéroné. La saison 2 sonnait l’heure de la recherche de rédemption d’un homme à terre sur fond de confinement en Italie. Que dire après avoir exploré pendant deux saisons les rapports de pouvoir dans le monde de la télévision et montré les difficultés pour une femme de manœuvrer sa carrière ?

Les dangers des big tech

Pour sa troisième saison, The Morning Show laisse tomber MeToo pour étudier les dangers que représentent les géants de la tech pour l’information et la démocratie. Si les premiers épisodes laissent un mauvais goût de déjà-vu -ils rappellent franchement The Newsroom d’Aaron Sorkin-, la série retrouve le souffle de ses débuts en fin de saison. Et renoue avec son sujet de prédilection : la chute du mâle toxique. Cory Ellison (Billy Crudup), PDG de UBA, cherche à sécuriser économiquement sa chaîne et part en quête d’un racheteur à la hauteur de ses besoins financiers. Il jette son dévolu sur un certain Paul Marks, interprété par Jon Hamm (le magnétique Don Draper dans Mad Men), qui a tout d’une réplique fictive d’Elon Musk, à la tête de Tesla, SpaceX, Neuralink et plus récemment X (anciennement Twitter).

Le personnage de Paul Marks offre un éclairage passionnant sur les dangers d’un mariage entre les nouvelles technologies et les médias. Fondateur d’une start-up qui conçoit des fusées, il invite Cory Ellison et Bradley Jackson (Reese Witherspoon) pour une petite virée dans l’espace. Une escapade en apesanteur qui rappelle le vol de Jeff Bezos, patron d’Amazon, dans son propulseur New Shepard. Chef d’entreprise multimilliardaire, accro au boulot, Paul Marks est un requin aux dents acérées. Il n’hésite pas à licencier des centaines de salariés ou à envisager de désosser une entreprise comme UBA pour en tirer le plus de profit possible. Manipulateur, stratège, il multiplie les NDA (accords de confidentialité) pour réduire ses collaborateurs au silence. Et si la situation l’impose, il ne recule devant aucun moyen de pression pour étouffer des affaires compromettantes. Décidément, il a tout pour plaire.

La chute du mâle toxique

Aussi charmant avec Alex Levy (Jennifer Aniston) que cruel avec Bradley Jackson, tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins : prendre le contrôle de UBA et faire cesser les investigations sur sa personne. Devant cet archétype d’un géant de la tech, on ne peut pas s’empêcher de faire le lien avec Elon Musk, qui n’a pas tardé à céder aux sirènes de la censure après avoir racheté Twitter. Que se passerait-il si un de ces « monstres » de la tech s’emparait d’un média ? The Morning Show prend le temps d’étudier cette hypothèse et ses conséquences pour la liberté de la presse. L’information de qualité peut-elle être assurée dans une ambiance de travail qui abuse du management de la terreur ? Surtout, peut-on poursuivre sa mission journalistique avec une rédaction amputée d’une grosse partie de ses effectifs ?

Dans les pas de Succession de Jesse Armstrong qui envisageait, en saison 4, le rachat de Waystar RoyCo, conglomérat mondial de médias et de divertissement, par un magnat suédois du streaming, la série d’AppleTV + jette une lumière crue sur les capacités de nuisances de ces mastodontes aux ressources infinies. The Morning Show a du flaire même si la réalité la précède de peu. L’arrivée spectaculaire des nouvelles générations d’intelligences artificielles dites génératives comme GPT-4 fin 2022 a soufflé un vent de panique dans le monde du travail, laissant craindre le remplacement de l’homme par la machine. Les médias n’y ont pas échappé. The New York Times a révélé en juin dernier que Google testait Genesis, un outil d’IA capable d’écrire des articles et de synthétiser des informations. Une piste pour la saison 4 ?

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