Michaël Cohen a accepté de se glisser dans la peau du mythique Yves Montand, qu’il interprétera dans la pièce Bungalow 21, à partir du 14 septembre au théâtre de la Madeleine. Pour Gala.fr, l’acteur touche-à-tout est revenu sur la genèse de ce projet et la préparation de ce rôle si intense. Mais pas que… Confidences.

Ce rôle était pour lui « une évidence« . Depuis plusieurs mois déjà, Michaël Cohen s’est glissé dans la peau du célèbre Yves Montand, qu’il campe dans la pièce Bungalow 21, laquelle investira la scène du théâtre de la Madeleine, le 14 septembre. Décrite comme « intense et sensible« , cette pièce met en lumière quatre figures de l’histoire du cinéma, en la personne de Marilyn Monroe, Arthur Miller, Simone Signoret et Yves Montand et revient sur cette histoire d’adultère qui a passionné le monde entier. Leur quotidien va en effet voler en éclats après leur séjour dans les bungalows voisins du Beverly Hills Hotel, à Los Angeles, en 1960. Pour Gala.fr, celui qui partage l’affiche avec Mathilde et Emmanuelle Seigner revient sur ce rôle si cher à ses yeux, qui a aussi fait écho à son propre vécu. Confidences.

Gala.fr : Pouvez-vous nous raconter la genèse de ce projet ? Comment avez-vous été approché pour jouer Yves Montand ?
Michaël Cohen
: J’ai été appelé par le metteur en scène Jérémie Lippmann qui cherchait son Montand. Il avait déjà sa Signoret, c’était Mathilde Seigner, il n’avait pas encore sa Monroe. Il m’a envoyé la pièce et m’a demandé si ça m’intéressait. J’étais en train de tourner une série pour TF1, j’étais un peu ailleurs dans ma tête, parce que j’avais beaucoup de choses à apprendre. Je l’ai lu d’une traite le soir même et je lui ai dit : ‘La pièce est extraordinaire, le rôle c’est moi.’ J’ai rarement ressenti quelque chose comme ça. Trois ou quatre jours plus tard, on devait faire une lecture, j’ai dit : ‘Bien sûr !’. Mais il se trouve que mon plan de travail change et je ne peux pas à faire la lecture… Ça me rend dingue ! Mais au fond de moi, je sais que c’est pour moi. Eux font la lecture de leur côté, mais ils décident finalement de chercher une autre Marilyn (je ne vous dirai pas qui avait fait la première lecture !). Finalement, j’arrive à faire la deuxième lecture, avec Mathilde et Emmanuelle Seigner, ça se passe bien. J’attends environ trois semaines avant que Jérémie Lippmann m’appelle pour me dire si c’est moi qui ai le rôle. Pendant ces trois semaines, j’ai commencé à travailler Montand.

Gala.fr : Benjamin Castaldi, petit-fils de Simone Signoret et Yves Montand, a un lien intime avec cette pièce qui raconte ses grands-parents. Comment a-t-il oeuvré en coulisses ?
Michaël Cohen
: Il a donné des anecdotes réelles qui se sont passées dans ce bungalow en 1960. En plus d’avoir impulsé l’idée, il a insufflé de vérité de choses que lui avait raconté Montand parce qu’il parlait beaucoup de cette période, de Marilyn. Ça été une histoire très importante pour lui et ça a été une bascule dans la vie de Montand et Signoret. C’est un projet que Benjamin Castaldi porte depuis très longtemps. Il a envie de l’accompagner et a été très exigeant sur le texte d’Éric-Emmanuel Schimidt, puis sur la recherche du metteur en scène. C’est vrai que c’est assez particulier parce qu’on doit incarner des gens qu’il a très bien connus. Ça met une forme de pression. Les premières fois où il nous a vus sur scène, il était assez ému, il est venu me voir et m’a pris dans les bras. Le fait d’être adoubé par lui, ça m’a donné des ailes, parce que je savais que j’allais dans la bonne direction. Après, j’attends la suite de la famille, ceux qui l’ont connu, ce sera une sorte de petit examen à chaque fois. C’est excitant.

« Quand j’ai lu la pièce, je savais que c’était moi qui allais l’incarner »

Gala.fr : Comment avez-vous travaillé le rôle d’Yves Montand ?
Michaël Cohen
: J’ai regardé beaucoup d’interviews de Montand, des documentaires, ses concerts, ses films… Je voulais me nourrir de son énergie et ne pas le singer. La chance de jouer un personnage qui a laissé autant de traces sur les écrans, c’est que je peux vivre avec lui 24 heures sur 24 pratiquement. Et puis après, je vais travailler Montand comme un personnage presque lambda, c’est-à-dire un homme qui va tourner un film avec une star, ils vont tomber amoureux et ça va foutre le bordel dans sa vie de couple, parce qu’il aime toujours sa femme. C’est presque un vaudeville…


Gala.fr : Hormis Benjamin Castaldi, avez-vous échangé avec certains de ses proches ?
Michaël Cohen
: J’ai rencontré sa sœur, Clémentine, la soeur de Benjamin. Autour de moi, je connais quand même beaucoup de gens qui l’ont côtoyé, que ce soit mon ex-femme (Emmanuelle Béart, ndlr) qui a tourné avec lui sur Manon des sources, elle m’en a beaucoup parlé, ou le journaliste de cinéma Jean-Pierre Lavoignat, un très bon ami, qui l’a souvent interviewé. Je pose des questions à tout le monde et je me nourris de tout ce que j’entends de lui, en plus de ce que je le lis, parce que je lis aussi beaucoup de biographies, de récits sur cette époque ou sur lui. C’est comme si j’avais le sentiment de le connaître déjà depuis toujours. Le fait d’avoir grandi avec lui, j’ai l’impression de le connaître comme un membre de ma famille. Quand j’ai lu la pièce, je savais que c’était moi qui allais l’incarner. C’était une évidence.

Gala.fr : Sur quels aspects avez-vous trouvé des similitudes avec l’homme ou l’acteur ?
Michaël Cohen
: Je peux trouver des points communs sur la façon d’aborder un tournage, d’apprendre un texte dans une langue qui n’est pas la sienne – il ne parlait pas un mot d’anglais quand il a tourné Le milliardaire avec Marilyn – de tourner avec une vedette qui le tétanise… Montand, qui est quand même un homme macho, est comme un enfant devant Marilyn. Ce sont aussi des choses que j’ai vécues, je me suis retrouvé à jouer avec les idoles de ma jeunesse, je me rappelle de la fébrilité que j’avais et en même temps de la force que ça me donnait. Il vient aussi d’un milieu paysan italien, il est arrivé à Marseille sans un sou, sans aucune connaissance de personne, et tout à coup, il est propulsé dans les étoiles. Moi je viens de banlieue, d’une famille qui n’a rien à voir avec ce métier, j’étais très timide. Très tôt, j’avais un rêve, c’était de faire ce métier, de m’évader. J’ai eu la chance de vivre des choses assez extraordinaires que je n’aurais jamais cru possible. Et puis, il y a son amour des femmes. C’est un vrai amoureux. Malgré le fait qu’il tombe amoureux de Marilyn, il est follement amoureux de Simone. Il se passe ce qu’il se passe, mais pour autant, il ne la quittera jamais parce que c’est l’amour de sa vie. Ça me touche beaucoup.

« Je n’ai eu que des histoires d’amour avec des femmes fortes »

Gala.fr : Qu’est-ce que vous avez découvert sur ce triangle amoureux ?
Michaël Cohen : Il y a une chose qui m’a vraiment surpris. Tous les quatre, parce qu’il y a Arthur Miller aussi, vivaient comme en colonie de vacances, ils étaient tous les jours les uns avec les autres, les uns chez les autres, ils se faisaient des pâtes, ils refaisaient le monde… Il faut imaginer ces quatre plus grandes stars mondiales à ce moment-là qui vivent comme tout le monde en vacances. Ils ont noué un lien très fort, surtout Simone Signoret et Marilyn Monroe, parce que Marilyn avait une admiration immense pour Simone, c’était comme une soeur pour elle. Et puis Montand, elle le voyait comme une sorte de papa. Elle cherchait toujours une famille chez les gens et elle a trouvé une famille chez ce couple.

Gala.fr : Comment s’est passé la collaboration avec Mathilde et Emmanuelle Seigner, qui campent respectivement Simone Signoret et Marilyn Monroe ?
Michaël Cohen
: Mathilde, on se connaissait, nos enfants étaient dans la même école quand ils étaient plus jeunes. Emmanuelle, je ne la connaissais pas vraiment, on s’était croisés une ou deux fois. Ce sont deux actrices pour qui j’ai beaucoup d’admiration, que je n’arrive même pas à identifier comme sœurs tellement elles sont à l’opposé dans leur choix de carrière et dans leur jeu. Dès la première lecture qu’on a fait tous les trois, j’étais épaté par l’évidence qu’elles avaient chacune dans le rôle. Il y a quelque chose de magique qui s’est passé où tout le monde était totalement à sa place. C’est vraiment que du bonheur de travailler avec elle, de les évoluer dans ses personnages et d’évoluer avec elles là-dedans.

Gala.fr : Yves Montand était connu pour ses talents d’acteur, mais aussi pour son côté séducteur. Et vous, quel rapport entretenez-vous avec votre image ?
Michaël Cohen
: Je n’entretiens aucun rapport avec mon image personnellement. Comme Yves Montand, je suis aussi un amoureux de l’amour, des femmes, des actrices. C’est peut-être elles qui m’ont donné envie de m’envoler vers ce métier, que ce soit Romy Schneider, Catherine Deneuve ou Isabelle Adjani. Je me suis toujours senti proche des actrices. Contrairement à lui, je suis fidèle, mais je peux tomber amoureux très vite. Je peux tomber très vite amoureux d’une femme puissante. Je n’ai d’ailleurs eu que des histoires d’amour avec des femmes fortes.

« Avec Emmanuelle Béart, nous formions un couple très discret »

Gala.fr : Vous avez aussi partagé la vie d’une actrice, Emmanuelle Béart, pendant cinq ans. Comment parvient-on à se protéger lorsqu’on forme un couple connu comme le vôtre ?
Michaël Cohen
: Il y a des avantages et des inconvénients. Quand on vit avec une actrice, il y a plein de choses qu’on comprend, on sait comment se passent les tournages, les scènes d’amour, et en même temps, on vit les mêmes angoisses, donc ça peut être un peu pesant pour un couple. Et quand on vit avec quelqu’un qui n’est pas du métier, c’est compliqué, parce qu’il y a des choses que la personne ne comprend pas et qu’il est très difficile d’expliquer. Pour en revenir à Emmanuelle, je suis tombé amoureux de la femme, pas de la star. La première fois où je me suis rendu compte dans quoi je mettais les pieds, c’était dans le métro, à côté de moi, il y a quelqu’un qui ouvrait un magazine people et j’étais en couverture ! Je me suis vu dans l’intimité. Ça a été très violent, je n’ai pas aimé du tout que la personne à côté de moi regarde ma vie intime comme si ça lui appartenait.

Gala.fr : Pensez-vous que votre couple a eu un impact sur votre carrière ?
Michaël Cohen
: Ça m’a peut-être causé un peu de tort, après tout est relatif, mais tout à coup, on est associé comme ‘le mari de’, ça peut être un peu réducteur, parce que j’ai fait des choses avant et après. Quand on était ensemble, on essayait de ne pas trop se mettre en avant, on ne faisait pas les couvertures des journaux, on ne parlait ensemble que quand on travaillait ensemble, on était très discrets. Je pense qu’il y a des gens qui n’ont pas voulu me rencontrer ou qui ne m’ont pas proposé de rôle parce qu’ils se sont dit ‘tiens, c’est le mec de’ et, à l’inverse, des gens qui m’ont rencontré pour les mêmes raisons. Je n’en sais rien. La seule chose que je sais, c’est que je ne regrette absolument rien et si c’était à refaire, je refais exactement la même chose.

« Mon fils est ce qui m’est arrivé de plus beau dans la vie »

Gala.fr : Ensemble, vous avez adopté un garçon, que vous protégez de la médiatisation. Vous ne l’affichez qu’à de rares occasions sur Instagram…
Michaël Cohen
: On le protège au maximum. Instagram, c’est une façon de partager quelque chose avec les gens qui nous suivent avec Emmanuelle, mais c’est rare de voir vraiment la tête de notre enfant. On le fait un peu plus maintenant parce qu’il a 14 ans, je pense c’est plus difficile quand ils sont jeunes. Mais globalement, ça se passe bien, on n’est pas embêtés.

Gala.fr : Il a fêté ses 14 ans cette année. Se destine-t-il à la même carrière que ses parents ?
Michaël Cohen
: Pour l’instant, il n’a pas du tout envie de faire ce métier. Il a vu trop souvent à quel point c’était difficile, qu’il y avait des creux. C’est un métier magnifique et il faut avoir les reins solides. Il a envie de quelque chose de plus sûr.


Gala.fr : Quel père êtes-vous ?
Michaël Cohen
: Je suis un père aimant, attentionné et reconnaissant tous les jours d’avoir un enfant aussi merveilleux. C’est ce qui m’est arrivé de plus beau dans la vie. J’espère être le meilleur père du monde, même si je suis sûr que je fais des erreurs. Il sait que je l’aime, je lui donne de l’amour au plus de ce que je peux lui donner, sans l’étouffer.

Gala.fr : C’est un enfant très entouré, puisque vous êtes vous-même resté proche de sa mère, Emmanuelle Béart…
Michaël Cohen
: Je serai toute ma vie reconnaissant à Emmanuelle (Béart, ndlr). On a gardé une amitié et une solidarité constante. On se voit régulièrement aux fêtes de famille, avec Daniel Auteuil, la femme de Daniel Auteuil, ses enfants, le mari d’Emmanuelle, ses enfants… Le socle de tout ça, c’est vraiment Emmanuelle. Je pense que c’est très rassurant pour les enfants. Une de mes plus grandes fiertés, c’est le lien que j’entretiens avec la mère de mon fils. On est toujours ensemble pour affronter les difficultés.

Gala.fr : L’amour, le couple sont des thèmes qui vous sont chers. Pour quelles raisons ?
Michaël Cohen
: J’ai grandi au côté d’une mère et un père qui avaient beaucoup de difficultés avec le couple, le rapport à l’autre, qui étaient dans le conflit, dans violence verbale, qui n’arrivaient pas à s’aimer, ni à se le dire. Ils étaient en colère contre eux-même ou contre l’autre en permanence. Moi j’étais au milieu et j’en souffrais. Mes thèmes de prédilection viennent beaucoup de là. Je n’ai jamais cessé de jouer, d’écrire ou de travailler sur le rapport à l’autre, le couple. C’est passionnant et je pense que je pourrais écrire jusqu’à la fin de ma vie là-dessus. Je suis comme une éponge, je ressens tout ce qui se passe autour de moi. Donc j’essaie de prendre ce qui se passe autour de moi et d’en faire quelque chose qui puisse parler et toucher les gens, qu’on puisse se reconnaître à l’intérieur de ça.

Gala.fr : En parallèle du théâtre, vous avez écrit votre troisième roman. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Michaël Cohen
: Ça s’appelle ‘L’attraction du désordre’ et ça va sortir au mois de février. C’est l’histoire d’un homme et d’une femme qui tombent fou amoureux, ils sortent chacun d’une histoire un peu plus compliquée. Un jour, la femme raconte à l’homme l’histoire passionnelle qu’elle a vécu juste avant, sauf qu’elle va semer dans son crâne une petite graine de la jalousie. Ça va ne faire que monter, jusqu’au moment où ça va devenir insupportable pour lui. Un jour, il décide d’aller rencontrer cet homme pour arrêter de l’imaginer ou de le fantasmer et quand il va le rencontrer, il va avoir un coup de foudre amical pour lui…

Crédits photos : Julien Bachelet

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