• Ce vendredi à 22h25, Arte diffuse « Dalida et Orlando, les âmes sœurs ».
  • Ce documentaire de 52 minutes réalisé par François Chaumont retrace la relation entre la chanteuse et son frère producteur, de leur enfance au Caire aux grandes années disco.
  • « Quand Dalida donnait sa confiance, elle ne voulait pas être déçue. Je pense avoir été à la hauteur », a confié Orlando lors d’une table ronde après la projection du film.

La télévision lui a consacré de nombreux documentaires. On s’est intéressé à ses amours, ses secrets, ses succès. Mais que raconter de plus sur Dalida ? Arte se penche sur son inséparable, son petit frère, dans le cadre de la série Summer of Brothers and Sisters. A 22h25 ce vendredi, la chaîne diffuse Dalida et Orlando, les âmes sœurs, un documentaire de 52 minutes réalisé par François Chaumont. « L’idée était de mettre en lumière celui qui a passé sa vie à mettre la lumière sur sa sœur, sa complice, son associée, sa star », a expliqué la productrice du film lors d’une projection privée de ce film fin juin.

Une séance spéciale et en petit comité où Orlando était lui aussi présent. Assis discrètement au fond de la salle, l’homme de 88 ans a vu défiler de nouveau un demi-siècle de son histoire. « J’ai été submergé plein de fois par l’émotion. On revit des choses qu’on n’oubliera jamais. On me demande parfois : « Après tant de temps, tu es encore ému ? » Dix, quinze, vingt ans après, on ressent la même émotion » , a-t-il confié à une poignée de journalistes après la projection.

Il s’est aussi épanché sur sa relation fusionnelle avec Dalida (« on n’était pas jumeaux mais on aurait pu l’être, on était sur la même longueur d’onde », dit-il dans le film), sur leur collaboration professionnelle et familiale mais aussi sur le fait de trouver sa place quand on est « le frère de ».

« Les gens n’avaient pas besoin d’un Dalida au masculin »

Avant de se consacrer complètement à sa grande sœur en tant que producteur, manager et directeur artistique, Orlando a tenté lui aussi de percer dans la musique. Nous sommes au tout début des années 1960 et Bruno Gigliotti de son vrai nom – il prendra plus tard comme nom de scène le prénom de son frère aîné –, se fait remarquer notamment avec des reprises de chansons américaines. Mais le succès n’est pas franc et il renonce finalement à embrasser cette carrière de chanteur. Une décision qu’il dit ne regretter aucunement.

« Dalida était déjà une énorme star, j’adorais son répertoire, sa façon de bouger, de chanter. Mon handicap pour réussir c’était que je me projetais trop en elle et les gens n’avaient pas besoin d’un Dalida au masculin, analyse-t-il. Franchement, sans aucune prétention de ma part, j’ai toujours eu une lucidité en ce qui me concernait. Mais aussi du recul et de l’autodérision. Je savais, dès mon arrivée en France, même si j’avais eu quelques petits succès, que je n’aurais pas pu aller plus loin. Il y avait Dalida, intouchable, et je serais toujours resté à côté avec cette étiquette du « frère de ». »

Sa sœur ne reste pas de marbre face à ce choix d’Orlando de faire l’impasse sur sa propre carrière pour se consacrer à la sienne. « Quand je lui ai dit que j’arrêtais de chanter, elle m’a demandé : « Tu es sûr ? Tu ne vas pas le regretter un jour ? » J’ai répondu que je ne le regretterai jamais. Chez les Gigliotti on ne regrette jamais ce qu’on fait. Elle a rigolé », se remémore-t-il.

A partir de 1966, Orlando se consacre donc à Dalida, il devient son confident et son conseiller. Ensemble ils créent même le tout premier label musical indépendant. Son statut de « frère de » devient alors un atout. « Quand j’ai acquis ma place, quand j’ai réussi en tant que producteur, ça ne me gênait plus trop, au contraire, je le revendiquais, dit-il. Au final je l’ai accepté avec beaucoup de plaisir, en le mettant même en avant. Pourquoi ? Parce que j’ai réussi dans ma branche, et dans une branche différente. Comme elle le disait elle-même, j’ai quand même un peu contribué à sa longévité. » Comme le développe le documentaire sur Arte, Orlando a fait vivre la musique de Dalida bien après sa disparition. Comme dans les années 1990 lorsqu’il réédite et remixe Salma ya salama et lui offre un second souffle.

« Je pense avoir été à la hauteur »

Sa parenthèse de chanteur refermée, Orlando se dévoue entièrement à sa sœur dont il devient inséparable. « Contrairement à d’autres artistes qui avaient toujours une cour autour d’eux, Dalida aimait les équipes réduites. Il y avait sa cousine – qui était sa secrétaire – et moi. Elle ne voulait pas beaucoup de gens car ça la fatiguait, ça lui « pompait son énergie » comme elle le disait. Mais quand elle donnait sa confiance, attention, elle ne voulait pas être déçue. Je pense avoir été à la hauteur », estime-t-il.

Cette relation professionnelle de plus de deux décennies avec son aînée, le producteur la qualifie de « spéciale ». « Ne croyez pas que tout était rose avec deux caractères pareils, poursuit-il. C’était normal que le dernier mot, c’était la star qui devait l’avoir, et pas moi. Entre une artiste et son producteur ou directeur artistique, il y a une limite qu’il ne faut pas dépasser. Mais quand il s’avère que cette personne est aussi le frère de l’artiste, souvent la limite est dépassée. Mais ça s’arrêtait juste là où il fallait. »

Les sujets de bisbille entre Orlando et Dalida ? Certains pans de la vie sentimentale de l’artiste (« elle me remettait à ma place, mais ce n’est pas pour ça que je ne continuais pas », se souvient-il), mais aussi certains choix artistiques. « J’avais appris qu’il y avait deux chansons qu’elle ne voulait pas faire : Laissez-moi danser et Mourir sur scène. Pour la dernière, elle disait avoir déjà une chanson dans l’album qui s’appelait Bravo et qui s’en approchait. Je lui ai dit que ce n’était pas la même chose. Elle s’est laissé convaincre très vite et elle a dit plus tard : « Mon frère avait raison ». Pour Mourir sur scène, quand elle a donné la dernière note en studio, elle a dit « Je crois que c’est une chanson qui restera ». Et c’est vrai. »

Ensemble, ils ont collectionné les tubes et les succès. Le producteur a aidé la chanteuse à bâtir sa carrière années après années et bien au-delà des frontières de la France. Mais Dalida et Orlando, les âmes sœurs, retrace aussi l’histoire d’une femme meurtrie par la vie et consolée par son petit frère. Jusqu’à ces tragiques adieux en 1987. « Je n’ai jamais fait le deuil de ma sœur Iolanda et je n’ai jamais accepté la mort de l’artiste Dalida », commente-t-il en voix off dans ce film.

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