Rarement un enterrement aura suscité autant d’ émotion ou de discours inspirés que celui de Jane Birkin, décédée le 16 juillet, à 76 ans. Le 24 juillet, en l’église Saint-Roch, la cérémonie était poignante.
Devant un grand écran installé rue des Pyramides, dans le 1er arrondissement parisien, à quelques mètres de l’église Saint Roch, une foule sage, gorges serrées, se presse à 10 heures. Ici Michelle, 59 ans, qui a pleuré à l’annonce du décès de l’icône, là Guillaume, 46 ans, qui connaît la discographie de la chanteuse par cœur ou encore Cati, 66 ans, qui a bricolé au Typex puis à la peinture blanche un tee-shirt « Love You Jane Birkin ». Et enfin, perdus entre les jambes de leurs maîtres flageolants d’émotion, quelques bouledogues anglais… cette race de chien qu’affectionnait tant la chanteuse. Quand le cercueil apparaît, avec Lou et Charlotte qui se joignent aux porteurs, toutes deux en costume noir à la manière de Jane Birkin, les applaudissements retentissent. L’image est forte. Poignante. Charlotte et Lou, unies dans la douleur, le chagrin. Dignes aussi. Ici, dans cette même église, elles ont dit adieu à leur sœur aînée, Kate, en 2013…
“Je vois le vide qu’elle nous laisse. C’est ma maman, c’est notre maman” (Charlotte Gainsbourg)
Aux premiers rangs, les célébrités se bousculent. Catherine Deneuve, Chiara Mastroianni, Benjamin Biolay, Etienne Daho, Isabelle Huppert, Vanessa Paradis, son époux Samuel Benchetrit, la ministre de la Culture Rima Abdul Malak qui a accompagné les tournées de l’ex-compagne de Serge Gainsbourg en Amérique latine et dira d’elle « c’était loin d’être une star », Maïwenn ou la Première dame, Brigitte Macron, venue représenter la France, sont là, non loin de la famille. La cérémonie, placée sous les auspices du rite anglican, est bilingue. Emouvante. Les souvenirs se succèdent. On retient la succession des allocutions jamais trop longues, toutes poignantes comme rarement. C’est Catherine Deneuve, la première, qui prend la parole d’une voix émue pour dire combien Jane lui manquera. Avant que Charlotte lui succède. « Je remercie mon père d’avoir tant aimé ma mère et ma mère d’avoir tant aimé mon père », elle rappelle qu’il la surnommait « sa Janette » […] avant de citer les paroles de Jane B. de Serge Gainsbourg : « Yeux bleus, Cheveux châtains, Jane B. [Teint pâle, le nez aquilin], Portée disparue ce matin, À cinq heures moins vingt ».
Plus prolixe, Lou lui succède avec une foultitude d’anecdotes. Retraçant les fantaisies de sa mère, se remémorant en vrac et en délices « les pannes d’essence, Marlowe [le fils aîné de Lou Doillon, NDLR] que tu appelais Gégé […] Toujours en retard pour prendre l’avion qui nous attendra disais-tu et c’était souvent vrai […]. Toi qui regardais Charlotte tourner et qui disais « elle est toute petite mais c’est une grande artiste » […], moi qui te demande d’être plus raisonnable […], toi qui mettais des trous de souris et des toiles d’araignée en trompe-l’œil sur tes murs […] et ce pique-nique avec Ben et Alice sur la place de Furstenberg [dans le 6e arrondissement parisien, NDLR] ». Elle conclut par ces mots : « Merci pour toutes ces aventures, de ne pas avoir été ordinaire, raisonnable et docile. Ce monde de demain bien paisible et raisonné, ça m’emmerde déjà ».
On ne l’avait pas entendu jusque-là mais l’écrivain Olivier Rolin, dernier compagnon connu de la chanteuse, rencontré en 1995 à Sarajevo avant une séparation dix ans plus tard, prend la parole. Il évoque son « absence qui va nous appauvrir », loue le courage de Jane, sa fantaisie, et ces derniers temps, depuis sa disparition, la prise de conscience pour lui du « sentiment d’admiration » qu’elle lui inspirait. Ajoutant « la bonté, ce mot qui fait rire les sots » ou « sa gaieté […] teintée de mélancolie » et regrettant : « j’étais celui par qui elle est parfois arrivée ». Il a rappelé alors, du haut de ses 76 ans « puisque nous avions le même âge », qu’ils s’étaient promis peut-être de se retrouver un jour pour vieillir ensemble. Dans l’église, le silence est pesant.
La venue au pupitre du manager et producteur Olivier Gluzman efface le sentiment de nostalgie de l’ex-amoureux pour ramener le public au souvenir d’une carrière. Il termine sur une pointe d’humour : « Jane, c’était ma complice. On s’appelait tous les jours. On a dépassé la fréquence d’appels de ma mère et battre la fréquence d’appels d’une mère juive, ce n’est pas rien ».
Il laisse la place au Pr Vincent Levy, oncologue, qui soigna la star. À nouveau le mot « courage » est prononcé. Il raconte sur son lit d’hôpital cette lecture ultime d’À la recherche du temps perdu de Proust et de noter : « Je ne l’ai jamais vue qu’un livre à la main ». Puis quitte l’estrade de l’église, louant sa pugnacité dans la maladie avec la voix qui s’éteint : « Vous nous avez ridiculisé devant les étudiants en déjouant les pronostics ». Marlowe, 21 ans, f ils de Lou, monte alors sur l’estrade et se rappelle sa « mamie ». Les larmes de la famille accompagnent un poème lu par la meilleure amie de Jane, Gabrielle Crawford, qui fut de toutes les aventures. C’est sur la chanson La javanaise que la cérémonie prend fin. Le public se refuse à partir. Un fan en larmes quitte les lieux, le cœur brisé : « Maintenant, j’irai la voir au cimetière Montparnasse ». Les stars aussi s’attardent devant l’église, comme orphelines. Celle d’une époque. Initiales JB.
Ce reportage est à retrouver dans le Gala N°1572, disponible dans les kiosques ce jeudi 27 juillet 2023, mais également sur Prismashop.
Crédits photos : Jacovides-KD Niko / Bestimage
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